« Ceux qu'ont l'pognon, ceux-là r'viendront,/ Car c’est pour eux qu’on crève... » | L’Histoire en citations
La Chanson de Craonne printemps 1917 Ceux qu’ont l’pognon, ceux-là r’viendront
Citation du jour

 

Anonyme, interdit sous la Grande Guerre pour son antimilitarisme, ce chant dit les souffrances des soldats, en révolte contre les attaques inutiles et meurtrières lancées par des chefs comme Nivelle.

« Ceux qu’ont l’pognon, ceux-là r’viendront, / Car c’est pour eux qu’on crève.
Mais c’est fini, car les trouffions / Vont tous se mettre en grève… »2599

La Chanson de Craonne, printemps 1917

La Chanson en son temps : de Béranger au juke-box (1969), Georges Coulonges.

Anonyme, interdit sous la Grande Guerre pour son antimilitarisme, ce chant dit les souffrances des soldats, en révolte contre les attaques inutiles et meurtrières lancées par des chefs comme Nivelle. Craonne (canton de l’Aisne) vit la tragédie du Chemin des Dames : 30 000 morts en deux semaines (avril 1917). La « grève des attaques » commence le 2 mai : « … Ce s’ra votre tour, messieurs les gros, / De monter sur l’plateau, / Car si vous voulez la guerre, / Payez-la de votre peau ! »

La répression touche quelque 30 000 mutins ou manifestants, d’où 3 427 condamnations, dont 554 à mort et 57 exécutions. Pétain a repris le commandement en chef à Nivelle, limogé le 15 mai.

« Faisons donc la grève, camarades ! la grève des ventres. Plus d’enfants pour le Capitalisme, qui en fait de la chair à travail que l’on exploite, ou de la chair à plaisir que l’on souille ! »2637

Nelly ROUSSEL (1878-1922), La Voix des femmes, 6 mai 1920

Rares sont les féministes de l’entre-deux-guerres aussi extrêmes que cette journaliste marxiste, militante antinataliste, en cette « Journée des mères de familles nombreuses ».

Devenues majoritaires dans le pays, avec un million de veuves de guerre et plusieurs millions de célibataires, les femmes ont pris l’habitude d’occuper des emplois jadis réservés aux hommes et d’assumer des responsabilités nouvelles. De tels acquis sont irréversibles. Le droit, la médecine, la recherche, le sport leurs ouvrent enfin de vrais débouchés. Il faut attendre 1924 pour avoir les mêmes programmes d’enseignement secondaire, d’où l’équivalence des baccalauréats masculin et féminin. Les femmes entreront au gouvernement à la faveur du Front populaire de 1936, dans le ministère Blum. Mais toujours pas de droit de vote.

« Il s’agit, après avoir toujours plié, tout subi, tout encaissé en silence, d’oser enfin se redresser. Se tenir debout. Prendre la parole à son tour. Se sentir des hommes pendant quelques jours… Cette grève est en elle-même une joie. »2678

Simone WEIL (1909-1943), La Révolution prolétarienne, 10 juin 1936

Agrégée de philo, ouvrière chez Renault pour être au contact du réel, mystique d’inspiration chrétienne quoique née juive, toujours contre la force et du côté des faibles, des vaincus et des opprimés, elle vibre à cette aventure.

Après la victoire des gauches unies, une vague nationale de grèves se propage, des industries lourdes aux grands magasins. Grèves sur le tas, occupations d’usines, toujours pacifiques, mais qui terrifient le patronat, conflits d’un nouveau style qui frappent tous les contemporains. Sans consignes syndicales, le but des grévistes est d’obtenir sans délai les avantages sociaux promis par le Front populaire. D’où les fameux « accords de Matignon ».

Les grèves de Mai 68 sont comparables par leur ampleur, leur spontanéité, leur côté festif.

« À l’avant-veille de la Pentecôte, un bruit devenu vite tapage, puis clameur, retentit d’un bout à l’autre du pays : l’essence est revenue. La révolution est finie ; les grèves vont cesser ; le temps est doux ; la mer, la campagne, la montagne nous appellent pour le long week-end […] C’est la démobilisation générale. »3077

Pierre VIANSSON-PONTÉ (1920-1979), Histoire de la République gaullienne, II (1971)

En juin 1968, plus de 12 000 grèves toucheront près de 2 millions d’ouvriers (hors secteur public). La France a vécu un gigantesque happening improvisé par la jeunesse, dans l’air du temps des années 60. Le pouvoir gaulliste en a été ébranlé, l’opinion publique sidérée, la presse quelque peu dépassée, comme les syndicats. Devant ces mouvements de masse, l’attitude des responsables (politiques, syndicaux, intellectuels) peut varier à l’infini.

Second Empire et IIIe République

 

À ce rythme - 4 citations par jour - les 10 Chroniques de l’Histoire en citations sont à vous dans trois ans. Encore trois ans et vous aurez aussi le Dictionnaire. Mais que de temps perdu !


Faites un tour dans la Boutique, feuilletez les 20 premières pages de chaque volume et voyez si ça vaut le coût (4 € le volume).

 

Enregistrer

Enregistrer

Vous avez aimé ces citations commentées ?

Vous allez adorer notre Histoire en citations, de la Gaule à nos jours, en numérique ou en papier.

L'Histoire en citations -

L'Histoire en citations -

L'Histoire en citations -

L'Histoire en citations -

L'Histoire en citations -

L'Histoire en citations -

L'Histoire en citations -

L'Histoire en citations -

L'Histoire en citations -

L'Histoire en citations -

Partager cet article

L'Histoire en citations - Gaule et Moyen Âge

L'Histoire en citations - Renaissance et guerres de Religion, Naissance de la monarchie absolue

L'Histoire en citations - Siècle de Louis XIV

L'Histoire en citations - Siècle des Lumières

L'Histoire en citations - Révolution

L'Histoire en citations - Directoire, Consulat et Empire

L'Histoire en citations - Restauration, Monarchie de Juillet, Deuxième République

L'Histoire en citations - Second Empire et Troisième République

L'Histoire en citations - Seconde Guerre mondiale et Quatrième République

L'Histoire en citations - Cinquième République

L'Histoire en citations - Dictionnaire