Rappel préalable. La plus grande violence faite aux (corps des) femmes : mortalité en couche (plus de 10 décès pour 1 000 naissances avant le XIXe s.) et fièvre puerpérale également meurtrière !
La plus grande violence faite aux (corps des) hommes : mortalité en guerre (2 millions de soldats français entre 1914 et 1918).
À côté de ces faits statistiques indiscutables, l’Histoire en citations témoigne de la domination masculine et de la violence « ordinaire » faite aux femmes. Sujet souvent traité depuis deux ans. Voir le menu Indexation, les mots : féminisme, sexisme.
Donnons d’abord la parole aux femmes, victimes successivement lucides, résignées, révoltées.
« L’existence de la plupart des femmes est plus dure que celles d’esclaves entre les Sarrasins. »269
(vers 1364-vers 1430)
Citation souvent reproduite, jamais sourcée, traduction libre du texte original : « Les femmes usent leur lasse vie ou lien de mariage par dureté de leurs maris, en plus grande pénitence que si elles fussent esclaves entre les sarrasins. »
Christine de Pisan, l’une des premières femmes de lettres françaises (née en Italie), est aussi l’une des féministes pionnières dans notre histoire. En cette sombre période du Moyen Âge, le culte de l’amour courtois est en déclin, alors qu’il a permis aux femmes de la noblesse de s’élever au-dessus de la condition que leur faisait la loi, durant les deux siècles précédents. La condition des femmes du peuple s’aggrave encore.
Toutes les citations qui suivent
sont commentées dans nos Chroniques.
« Toujours coucher, toujours grosse, toujours accoucher. »1106
Marie LECZINSKA en 1737, mot souvent cité, sans doute apocryphe, mais fidèle à la réalité
Reine toujours amoureuse de son royal époux, en dix ans, elle lui donne dix enfants (dont sept filles). Dernière grossesse difficile, sa santé s’en ressent, elle doit se refuser à « coucher » sans dire la raison, il s’en offusque et s’éloigne de Marie. Elle perd toute séduction et doit accepter les favorites de Louis XV le Bien-Aimé.
« Vous avez brisé le sceptre du despotisme […] et tous les jours vous souffrez que treize millions d’esclaves portent les fers de treize millions de despotes ! »1325
Requête des dames à l’Assemblée nationale, 1789
Les grandes oubliées de l’histoire se manifestent et ce n’est qu’un début. Mais la tourmente révolutionnaire va donner d’autres soucis que les droits des femmes aux hommes de la Révolution.
« Faisons donc la grève, camarades ! la grève des ventres. Plus d’enfants pour le Capitalisme, qui en fait de la chair à travail que l’on exploite, ou de la chair à plaisir que l’on souille ! »2637
Nelly ROUSSEL, La Voix des femmes, 6 mai 1920 « Journée des mères de familles nombreuses »
Revendiquant des droits pour une catégorie injustement traitée, le féminisme se situe logiquement à gauche. Mais du seul fait de la Grande Guerre, la condition des femmes a changé. Majoritaires dans le pays (un million de veuves de guerre, plusieurs millions de célibataires), elles occupent des emplois jadis réservés aux hommes et assument des responsabilités nouvelles. Acquis irréversibles.
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