Appel du 18 juin (1940) : commémoration qui nous renvoie à la dernière guerre et à l’action du général de Gaulle. Voilà l’occasion de faire revivre d’autres appels historiques.
L’appel est lancé en temps d’épreuve : appel à l’union, au sursaut national, ou à la grève, la révolte contre l’ordre établi (voir la Révolution mettant fin à l’Ancien Régime). Appel signé de noms (devenus) célèbres, adressé au pays, au monde… ou à tout ou partie du peuple (opprimés, femmes…). Appel parlé, écrit, mais aussi chanté… Au fil des Chroniques, voici une brève sélection empruntée à l’Histoire en citations.
« J’appelle avec moi tous ceux qui auront ce saint désir de paix. Je vous conjure tous, je vous appelle comme Français. Je vous somme que vous ayez pitié de cet État. »571
Pensées choisies des rois de France (1920), recueillies et annotées par Gabriel Boissy.
Le nouvel allié du roi en appelle instamment à l’union des Français contre la Ligue (ultra catholique) qui tient Paris. Au milieu de la tourmente religieuse et politique, il se montre déjà tel qu’il sera à la tête du pays, soucieux du bien-être des paysans, partie essentielle du peuple qu’il désigne comme « le grenier du royaume, le champ fertile de cet État, de qui le travail nourrit les princes, la sueur les abreuve ».
Longue et superbe adjuration qui ne sera pas entendue. Seule la force peut dénouer une telle situation. L’armée d’Henri de Navarre rejoint celle du roi Henri III. La priorité est de s’emparer de Paris, livré aux fanatiques. Partout, des prêcheurs appellent au régicide - acte accompli le 1er août 1589. Henri IV sera la prochaine victime, 14 mai 1610.
« Les grands ne sont grands que parce que nous sommes à genoux : levons-nous ! »1274
VERGNIAUD (1753-1793) et LOUSTALOT (1762-1790), devise du journal de Louis-Marie Prudhomme, Les Révolutions de Paris
Journal publié de juillet 1789 à février 1794, profitant de la toute nouvelle et éphémère liberté de la presse. Loustalot, avocat et activiste révolutionnaire, est le principal rédacteur du journal jusqu’à sa mort précoce à 28 ans (par maladie). Vergniaud, devenu célèbre par son éloquence girondine, reprend cette phrase dans un discours de 1792.
« Aux armes, citoyens ! / Formez vos bataillons !
Marchez, marchez, / Qu’un sang impur / Abreuve nos sillons ! »1417ROUGET de L’ISLE (1760-1836), Le Chant de guerre pour l’armée du Rhin, refrain (1792)
Bientôt rebaptisée la Marseillaise et devenu notre hymne national, c’est à l’origine un appel très clair à la guerre la plus sanglante. Texte intouchable depuis la Révolution et bel anachronisme, au XXIe s.
« La République nous appelle. / Sachons vaincre, ou sachons périr ;
Un Français doit vivre pour elle ; / Pour elle un Français doit mourir. »1286Marie-Joseph CHÉNIER (1764-1811), paroles, et Étienne-Nicolas MÉHUL (1763-1817), musique, Le Chant du départ (1794)
Autre hymne de guerre, baptisé « frère de la Marseillaise » par les soldats républicains, cet appel résonna souvent en 1914, pour encourager la mobilisation lors de la Première Guerre mondiale.
« C’est quand toutes les lois sont violées, c’est quand le despotisme est à son comble, c’est quand on foule aux pieds la bonne foi et la pudeur que le peuple doit s’insurger. Ce moment est arrivé. »1504
ROBESPIERRE (1758-1794), discours au club des Jacobins, 26 mai 1793
Message du nouveau maître de la France qui passe dans la Constitution de l’An I : « Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs. » Constitution du 24 juin 1793, article 35. Appel à l’insurrection pas appliqué, parce que pas applicable en terme institutionnel.
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