Mitterrand : « Ses compagnons d'aujourd'hui (...) se nomment le coup de force et la sédition. » | L’Histoire en citations
Mitterrand : « Ses compagnons d'aujourd'hui (...) se nomment le coup de force et la sédition. »
Citation du jour

 

Mitterrand, né le 26 octobre 1916, personnage historique et quasi romanesque, au terme d’une longue carrière politique.

Déjà traité dans l’Histoire en citations.fr, pour les vingt ans de sa mort - portrait, postérité, idées force. (Voir l’indexation). Nous le remettons en scène, en quatre actes : duels face à de Gaulle, puis Giscard d’Estaing, abordant aussi ses relations en « duo » avec le socialisme et le pouvoir.

Mitterrand - De Gaulle. Mitterrand s’est forgé une stature politique (de gauche), en s’opposant au plus grand adversaire de son temps, revenu au pouvoir en 1958 et combattu avec autant de talent que de mauvaise foi. Politique politicienne, certes, mais d’un niveau plus élevé que la moyenne - fond et forme.

« Ses compagnons d’aujourd’hui, qu’il n’a sans doute pas choisis mais qui l’ont suivi jusqu’ici, se nomment le coup de force et la sédition. »2927

François MITTERRAND (1916-1996), Assemblée nationale, 1er juin 1958

Cent mille voix par jour : pour Mitterrand (1966), Claude Manceron.

« Le plus illustre des Français » est rappelé par René Coty, dernier président de la IVe République, pour régler le « problème algérien ». La majeure partie du personnel politique se rallie à la solution gaulliste, mais Mitterrand s’oppose à ce « coup de force ». Il ose l’affrontement, avec ce terrible réquisitoire : « Lorsque, le 10 septembre 1944, le général de Gaulle s’est présenté devant l’Assemblée consultative issue des combats de l’extérieur ou de la Résistance, il avait auprès de lui deux compagnons qui s’appelaient l’honneur et la patrie. Ses compagnons d’aujourd’hui, qu’il n’a sans doute pas choisis mais qui l’ont suivi jusqu’ici, se nomment le coup de force et la sédition. La présence du général de Gaulle signifie, même malgré lui, que désormais les minorités violentes pourront impunément et victorieusement partir à l’assaut de la démocratie. »

Contredit par André Siegfried dans la préface à L’Année politique 1958 : « Il [de Gaulle] avait accédé au pouvoir dans le cadre des institutions régulières existantes, même si son intention non dissimulée était de les changer. »

« Qu’est-ce que le gaullisme depuis qu’issu de l’insurrection il s’est emparé de la nation ? Un coup d’État de tous les jours. »3020

François MITTERRAND (1916-1996), Le Coup d’État permanent (1964)

Pamphlet signé du leader de la gauche socialiste, ministre du gouvernement Mendès France et fidèle opposant à de Gaulle (ayant voté contre son investiture, le 1er juin 1958). C’est aussi un écrivain : « Le gaullisme vit sans loi, il avance au flair. D’un coup d’État à l’autre, il prétend construire un État, ignorant qu’il n’a réussi qu’à sacraliser l’aventure. »

24 avril 1964, grand débat institutionnel à l’Assemblée. Mitterrand déclare que la responsabilité du gouvernement devant le Parlement étant vidée de substance, le régime de la Ve République est un régime de pouvoir personnel. Pompidou, Premier ministre, lui répond que l’opposition, en refusant de s’adapter aux institutions de la Ve, n’a aucun avenir. En 1981, élu président, l’inconditionnel adversaire du général s’accommodera fort bien de cette Constitution : « Les institutions n’étaient pas faites à mon intention. Mais elles sont bien faites pour moi. »

« Qu’est-ce que la Ve République, sinon la possession du pouvoir par un seul homme dont la moindre défaillance est guettée avec une égale attention par ses adversaires et par le clan de ses amis ? »2933

François MITTERRAND (1916-1996), Le Coup d’État permanent (1964)

Par ce pamphlet, son meilleur livre selon lui, il prend date avec l’Histoire, imaginant son propre destin à travers une opposition irréductible au gaullisme. Il était déjà contre la création du RPF, un parti trop attaché à la défense du grand homme, et contre sa politique européenne, contre sa position vis-à-vis des colonies, de l’Algérie…

Des phrases comme celle-ci s’appliquent à tous les présidents de la Ve, y compris Sarkozy, Hollande… et Chirac, Giscard, Mitterrand lui-même. Mais il s’agit, à l’époque, d’un pamphlet antigaulliste : « J’appelle le régime gaulliste dictature parce que, tout compte fait, c’est à cela qu’il ressemble le plus. » Mitterrand, plusieurs fois ministre sous la IVe, va payer son opposition irréductible au général. Il perd son siège de député (élu de la Nièvre), pendant quatre ans.

« Contre le régime du pouvoir personnel, il faut recréer la république des citoyens. »3025

François MITTERRAND (1916-1996), Conférence de presse, 21 septembre 1965

Le leader socialiste fait campagne pour l’élection présidentielle, fixée aux 5 et 19 décembre 1965. Il va être candidat d’une union de la gauche qui ne dit pas encore son nom. Entre les deux tours, de Gaulle se lance dans la bataille. Une phrase doublement assassine vise à la fois Mitterrand son adversaire et le régime des partis qu’il incarne : « Où est le choix ? À travers deux hommes, il est entre deux régimes bien connus, c’est-à-dire entre deux expériences que la nation a faites successivement et entre deux avenirs opposés à tous les égards. »… Victoire électorale de De Gaulle, mais faible, eu égard aux précédentes consultations et au personnage : 54,5% des voix au second tour. Le sauveur est désacralisé, le mythe gaulliste n’éveille plus chez les jeunes l’enthousiasme de leurs aînés.

Mai 68 ébranlera le régime gaulliste, qui survivra un an… Mais Mitterrand ne sera pas le prochain président - Pompidou l’emporte. Il faut laisser du temps au temps. Patient, il attendra les prochaines élections, se mesurant cette fois à VGE.

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