Napoléon : « Il faut que je fasse de tous les peuples de l'Europe un même peuple... » | L’Histoire en citations
Napoléon : « Il faut que je fasse de tous les peuples de l'Europe un même peuple... »
Citation du jour

 

Napoléon et Fouché : le duo-duel continue jusqu’à la fin de l’Empire et au-delà.

Fouché, rappelé à son poste ministériel sous les Cent-Jours, continue de trahir l’empereur qu’il est censé servir. Mais c’est aussi dans l’intérêt de la France, que Talleyrand sert de son côté, ministre de Louis XVIII et diplomate hors-pair, négociant l’avenir au Congrès de Vienne. Jeux politiques complexes et enjeux considérables…

« Il faut que je fasse de tous les peuples de l’Europe un même peuple et de Paris la capitale du monde. »1849

NAPOLÉON Ier (1769-1821), fin 1810, à son ministre Fouché

Histoire du Consulat et de l’Empire (1974), Louis Madelin.

Toujours cette obsession du Grand Empire… Mais Talleyrand a démissionné des Relations extérieures et c’est à Fouché, ministre de la police, que l’empereur parle.

Napoléon s’identifie à Charlemagne, il l’a dit au pape, le jour du sacre. Mais le temps n’est plus à ce genre d’empire, les peuples sont devenus des nations, la Révolution de 1789 leur a parlé de Liberté. Il invoque un autre modèle historique : « Les Romains donnaient leurs lois à leurs alliés ; pourquoi la France ne ferait-elle pas adopter les siennes ? » Le Code Napoléon s’applique à tout l’Empire, depuis 1807. Et nombre de pays l’adopteront de leur plein gré. C’est l’une des réussites incontestables de Napoléon.

Mais quand il parle ainsi à Fouché, c’est pour défendre son idée d’envahir la Russie. Fouché est contre cette campagne qui sera catastrophique. Il voit plus clair que l’empereur qui ne lui pardonnera pas cette lucidité.

« Que voulez-vous, mon cher, la religion se perd ! »1837

TALLEYRAND (1754-1838), à Fouché, en 1809

Le Crapouillot (1955)

Le ministre de la Police s’étonnait déjà qu’il ne se trouve pas en France un moine fanatique, du genre de Jacques Clément qui assassina Henri III (1589), pour débarrasser la France du Corse. Dieu merci, les deux compères (et prêtres défroqués) ne tenteront rien de criminel contre l’Empereur ! Ils se contentent de critiquer, de comploter, de manœuvrer …

Dès juin 1810, Fouché rejoindra Talleyrand dans la disgrâce. Ils vont se retrouver au pouvoir, sous la Restauration. Mais ce nouveau régime est perturbé par le retour d’exil de Napoléon.

« Cet homme est revenu de l’île d’Elbe plus fou qu’il n’était parti. Son affaire est réglée, il n’en a pas pour quatre mois. »1931

Joseph FOUCHÉ (1759-1820), lucide quant à l’avenir, mars 1815

Napoléon est de retour et Fouché va redevenir ministre de la Police, sous les Cent-Jours.
 
Napoléon connaît bien les défauts et les qualités de l’homme. Fouché, qui prend son portefeuille le 21 mars, confie à Gaillard (lieutenant général de police) : « Avant trois mois, je serai plus puissant que lui et s’il ne m’a pas fait fusiller, il sera à mes genoux […] Mon premier devoir est de contrarier tous les projets de l’empereur. »

Fouché a tort de trahir, mais il a raison de penser ainsi. Le retour de Napoléon déclenche une nouvelle guerre européenne et le second traité de Paris (signé au Congrès de Vienne) sera beaucoup moins clément que le premier, un an avant. Talleyrand, ministre des Affaires étrangères qui représente la France de Louis XVIII, ne le sait que trop !

Même avec ce fabuleux meneur d’hommes et manieur de foules, qui veut encore et toujours forcer le destin, la France n’a aucune chance de gagner, contre la coalition européenne. C’est l’aventure de trop, c’est aussi la légende. C’est de toute manière l’Histoire, et l’un des épisodes les plus étonnants.

« Tout à coup, une porte s’ouvre : entre silencieusement le vice appuyé sur le bras du crime, Monsieur de Talleyrand soutenu par Monsieur Fouché. »1953

François René de CHATEAUBRIAND (1768-1848), Mémoires d’outre-tombe (posthume)

Seconde Restauration. Arrivant à Saint-Denis pour y retrouver Louis XVIII rentré en France, Chateaubriand aperçoit les deux personnages qu’il déteste plus que tout, Talleyrand et Fouché venus se rallier au roi. Il décrit l’effet que lui cause cette entrée des deux hommes allant se présenter, ce 7 juillet 1815, à Louis XVIII qui leur rendra leurs portefeuilles – Affaires étrangères et Police. « La vision infernale passe lentement devant moi, pénètre dans le cabinet du roi et disparaît. Fouché venait jurer foi et hommage à son seigneur ; le féal régicide, à genoux, mit les mains qui firent tomber la tête de Louis XVI entre les mains du frère du roi martyr ; l’évêque apostat fut caution du serment. »

Le plus grand auteur de sa génération est lui-même ministre – de l’Intérieur, sous les Cent-Jours. L’année suivante, rayé de la liste des ministres d’État, il perd sa pension. Parce que, dit-il, « je m’élevais contre l’établissement d’un ministre de la Police générale dans un pays constitutionnel ». Le poste va rester, mais Fouché le perd en 1816, pour devenir un proscrit, exilé en tant que régicide (rappelons que député de la Convention, il a voté la mort de Louis XVI).

Quant à Talleyrand, honni des ultras comme des libéraux, il entre dans l’opposition libérale sous la seconde Restauration. Avant de finir ambassadeur extraordinaire de France au Royaume-Uni, sous la Monarchie de Juillet - régime constitutionnel à l’anglaise, qui comble enfin ses vœux, avec un roi qui lui fait confiance, Louis-Philippe, promoteur de l’Entente cordiale avec l’Angleterre de la reine Victoria.

Directoire, Consulat et Empire

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