Napoléon : « Je l'envie. La gloire l'attend, alors que j'ai dû courir après elle... » | L’Histoire en citations
Napoléon : « Je l'envie. La gloire l'attend, alors que j'ai dû courir après elle... »
Citation du jour

citations napoleonVoilà Napoléon dans un nouveau rôle : père.

Un amour fou, un bonheur de courte durée, avant le drame. Dans cette histoire, c’est fatalement le destin du père qui décide de celui du fils.

À feuilleter pour tout savoir.

« Je l’envie. La gloire l’attend, alors que j’ai dû courir après elle […] Pour saisir le monde, il n’aura qu’à tendre les bras. »1855

NAPOLÉON Ier (1769-1821), à Duroc, 20 mars 1811

L’Aiglon, Napoléon II (1959), André Castelot.

Le père est bouleversé devant le berceau de son fils, d’autant que cette naissance comble l’empereur. La dynastie semble installée à jamais. Il avoue son émotion à l’un de ses plus anciens compagnons de route et de gloire, connu au siège de Toulon en 1793.

Il exagère un peu, en réécrivant l’histoire. Sa gloire militaire ne s’est pas fait attendre et à 30 ans, il était déjà maître de la France - après le coup d’État réussi du 18 brumaire (9 novembre 1799). Mais il se trompe, en imaginant un avenir facile et glorieux à son successeur. En Corse superstitieux, il se rassure en assurant : « N’est-ce pas que je suis de la poule blanche ! » Devant l’incroyable ascension du plus célèbre de ses fils, qui ne manque pas une occasion de distribuer des titres et des terres à toute sa grande famille, frères, sœurs et conjoints, en chef de clan et maître de l’Europe, Madame Mère ne peut que faire écho : « Pourvu que cela dure. » Napoléon est juste à l’apogée de son destin.

« Le vingt-deuxième coup fut pour nous un coup de massue, il nous semblait tuer la race des Bourbons. »1853

Baron François-Auguste Fauveau de FRÉNILLY (1768-1848), évoquant ce 20 mars 1811

C’est l’avis d’un ultra royaliste. Mais tout Paris explose de joie au vingt-deuxième coup, qui annonce la naissance d’un fils (une fille n’avait droit qu’à 21 coups), titré dès sa naissance « roi de Rome », par référence au Saint-Empire romain germanique et à Charlemagne.

« Bel enfant qui ne fait que naître, / Et pour qui nous formons des vœux,
En croissant, tu deviendras maître / Et régneras sur nos neveux.
Dame, dame, réfléchis bien, / Dame, dame, souviens-toi bien
Qu’alors il ne faudra pas faire / Tout comme a fait, tout comme a fait ton père. »1854

Chanson pour le roi de Rome (1811)

Parmi toutes les chansons en l’honneur de l’illustre nouveau-né, celle-ci résonne comme un avertissement au père. La chanson donne le pouls d’une opinion publique – c’est rare et précieux, sous l’Empire où la rigueur de la censure étouffa bien des pensées !

« Ce diable de roi de Rome, on n’y pense jamais ! »1868

Nicolas FROCHOT (1761-1828), préfet de Paris, fin octobre 1812

Le général Malet, opposant à Napoléon, organise une conspiration. Interné avec des royalistes, évadé la nuit du 22 au 23 octobre 1812, il fait courir le bruit de la mort de l’empereur devant Moscou. Paris y a cru un moment. Malet entraîne quelques troupes, libère des généraux républicains, improvise un gouvernement provisoire. C’est un quasi-coup d’État. Le commandant de la place de Paris lui résiste, Malet est arrêté, fusillé le 29 octobre. Et tout rentre dans l’ordre.

Mais personne, pas même le préfet, n’a pensé à crier : « L’empereur est mort ! Vive l’empereur ! » Cet oubli atteignit Napoléon plus que la conspiration du général Malet. Frochot sera mis à pied pour cette faute.

« 1. Napoléon Bonaparte est déchu du trône et le droit d’hérédité établi dans sa famille est aboli.
2. Le peuple français et l’armée sont déliés du serment de fidélité envers Napoléon Bonaparte. »1886

Sénat, Sénatus-consulte du 2 avril 1814

Le Corps législatif adhère à l’acte du Sénat le 3 avril, alors qu’à l’Hôtel de Ville, une majorité de conseillers veulent le rétablissement de la monarchie en la personne de Louis XVIII. Talleyrand, devenu le plus fidèle et intelligent opposant à l’empereur, réunit 64 Sénateurs pour qu’ils nomment un gouvernement provisoire - qu’il préside.

« Dans la position où je suis [en 1814], je ne trouve de noblesse que dans la canaille que j’ai négligée, et de canaille que dans la noblesse que j’ai faite. »1887

NAPOLÉON Ier (1769-1821). Napoléon (1921), Élie Faure

L’empereur déchu par des sénateurs qui lui devaient honneurs, titres, fortune, hésite encore à abdiquer, au château de Fontainebleau. Un dicton court dans Paris : « Bientôt, il n’y aura en France qu’un Français de moins. » L’expression va resservir.

« Les Alliés ! Je vais les écraser dans Paris. Il faut marcher sur la capitale sans tarder ! »1888

NAPOLÉON Ier (1769-1821), au château de Fontainebleau, 4 avril 1814. Histoire de la France et des Français (1972), André Castelot, Alain Decaux

Il lui reste des soldats qui défilent devant lui, chantant la Marseillaise et criant : « À Paris ! À Paris ! » Prêt à donner l’ordre de l’offensive, le général expose son plan devant les maréchaux, qui espèrent seulement sauver l’Empire, avec le roi de Rome, et sont las de la guerre.

« L’armée ne marchera pas ! dit Ney.
— L’armée m’obéira, dit Napoléon.
— Sire, l’armée obéit à ses généraux. »1889

Maréchal NEY (1769-1815), Fontainebleau, 4 avril 1814. Le Procès du maréchal Ney (1955), Me René Floriot

Le même osera (avec le maréchal Oudinot) prononcer le mot tabou d’« abdication » devant l’empereur. Le 5 avril, Napoléon est informé de la défection de Marmont qui défendait Fontainebleau. Le lendemain, Ney lui apprend que d’autres maréchaux s’apprêtent à passer à l’ennemi.

« Vous voulez du repos ? Ayez-en donc ! »1890

NAPOLÉON Ier (1769-1821), à ses maréchaux, 5 avril 1814. Napoléon Bonaparte, ou trente ans de l’histoire de France, drame en 6 actes (1831), Alexandre Dumas père

Beau sujet de drame pour le théâtre romantique, signé Dumas, fidèle à l’esprit et à la lettre de cette histoire. Le fait est assez rare pour qu’on le souligne. Devant ses maréchaux restés muets face à ses derniers projets de bataille d’avance perdue, Napoléon abandonne enfin. L’empereur va se résoudre à signer une abdication sans plus de condition.

« Les puissances ayant déclaré que l’Empereur Napoléon était le seul obstacle au rétablissement de la paix en Europe, l’Empereur Napoléon, fidèle à ses serments, déclare qu’il renonce, pour lui et pour ses enfants, aux trônes de France et d’Italie, et qu’il n’est aucun sacrifice, même celui de la vie, qu’il ne soit prêt à faire dans l’intérêt de la France. »1891

NAPOLÉON Ier (1769-1821), Abdication du 6 avril 1814, écrite de sa main sur le célèbre guéridon d’acajou de Fontainebleau. Le Fils de l’empereur (1962), André Castelot

Par le traité de Fontainebleau du 11 avril, il garde son titre d’empereur avec la souveraineté (dérisoire) de l’île d’Elbe, 223 km², la plus grande des petites îles italiennes de l’archipel toscan. Reste encore à faire ses adieux à la Vieille Garde, avant de s’embarquer.

Vous avez aimé ces citations commentées ?

Vous allez adorer notre Histoire en citations, de la Gaule à nos jours, en numérique ou en papier.

L'Histoire en citations -

L'Histoire en citations -

L'Histoire en citations -

L'Histoire en citations -

L'Histoire en citations -

L'Histoire en citations -

L'Histoire en citations -

L'Histoire en citations -

L'Histoire en citations -

L'Histoire en citations -

Partager cet article

L'Histoire en citations - Gaule et Moyen Âge

L'Histoire en citations - Renaissance et guerres de Religion, Naissance de la monarchie absolue

L'Histoire en citations - Siècle de Louis XIV

L'Histoire en citations - Siècle des Lumières

L'Histoire en citations - Révolution

L'Histoire en citations - Directoire, Consulat et Empire

L'Histoire en citations - Restauration, Monarchie de Juillet, Deuxième République

L'Histoire en citations - Second Empire et Troisième République

L'Histoire en citations - Seconde Guerre mondiale et Quatrième République

L'Histoire en citations - Cinquième République

L'Histoire en citations - Dictionnaire