Napoléon : « Monsieur, vous n'êtes que de la merde dans un bas de soie. » | L’Histoire en citations
Napoléon : « Monsieur, vous n'êtes que de la merde dans un bas de soie. »
Citation du jour

 

Napoléon est présent sur l’Histoire en citations depuis le 15 août (son anniversaire), confronté à : destin et légende, soldats, femmes, fils (l’Aiglon), religion, pouvoir, Angleterre, Russie. Autant de duos-duels pas encore annoncés comme tels. Cette thématique va si bien à ce personnage passionné ! Achevons son portrait face à : Talleyrand, Fouché, Pie VII, Mme de Staël… et la Culture.

Premier épisode : Napoléon et Talleyrand, un duo qui tourne au duel et finit en divorce, un couple raté, pour le malheur de la France. Michèle Ressi a consacré à Talleyrand un article (en 2 parties) sur notre site partenaire, Herodote.net

« Vous êtes un voleur, un lâche, un homme sans foi. Vous ne croyez pas à Dieu ; vous avez toute votre vie manqué à tous vos devoirs, vous avez trompé, trahi tout le monde […] Tenez, Monsieur, vous n’êtes que de la merde dans un bas de soie. »1834

NAPOLÉON Ier (1769-1821), à Talleyrand, Conseil des ministres restreint convoqué au château des Tuileries, 28 janvier 1809

Mémoires et Correspondance du prince de Talleyrand (posthume, 1891).

D’Espagne où il tente d’affermir le trône de son frère Joseph, l’empereur a appris que Talleyrand complote avec Fouché pour préparer sa succession – sans nouvelles de lui, on l’imagine victime de la guérilla qui fait rage ! Il rentre aussitôt, épargne momentanément Fouché, son ministre de la Police, mais injurie le prince de Bénévent, Talleyrand, impassible - et sort en claquant la porte.

« Quel dommage, Messieurs, qu’un si grand homme soit si mal élevé ! »1835

TALLEYRAND (1754-1838), au château des Tuileries, 28 janvier 1809, après l’injure lancée devant témoins par l’empereur furieux

Il répond à l’affront public, avec une certaine classe diplomatique. Il redira ce mot à divers ambassadeurs.

Personnage, supérieurement intelligent, il garde le souvenir de son éducation religieuse, et ses manières de seigneur bien né, jointes à des qualités de grand diplomate. Tant de classe irrite la cour de « parvenus » qui entoure l’empereur, notamment le jeune Murat : « Si, quand cet homme vous parle, son derrière recevait un coup de pied, sa figure ne vous en dirait rien. » Fils d’aubergiste, remarqué par Bonaparte qui prend le jeune homme comme aide de camp, dans sa campagne d’Italie : intrépide et impétueux, il méritera son surnom, le Sabreur. Mais c’est un piètre politicien.

« Lorsqu’en 1801 Napoléon rétablit le culte en France, il a fait non seulement acte de justice, mais aussi de grande habileté. Le Napoléon du Concordat, c’est le Napoléon vraiment grand, éclairé, guidé par son génie. »1721

TALLEYRAND (1754-1838), Mémoires (posthume, 1891)

Parole d’un grand diplomate et d’un politicien habile. Son nom est souvent associé à celui de Sieyès et de Fouché : c’est le « brelan de prêtres », selon l’ironique expression de Carnot.

Rendu boiteux par un accident qui lui interdit la carrière militaire, évêque d’Autun (en 1780) sans vocation religieuse, il entre en politique sous la Révolution. C’est l’un des premiers prêtres à prêter serment à la Constitution civile du clergé. Ministre sous le Consulat, il approuve la politique religieuse, à commencer par le Concordat avec Pie VII. Bonaparte s’est ainsi rallié les sympathies des catholiques du monde entier, il a raffermi la puissance de l’Église ébranlée par la Révolution, mais dont tout gouvernement sensé́ doit aider le développement, à cette époque. Mais il désapprouve totalement la politique étrangère du maître de la France.

« L’espace qui sépare la Grande-Bretagne du continent n’est point infranchissable. »1718

Napoléon BONAPARTE (1769-1821), Lettre à Talleyrand, ministre des Relations extérieures, 19 avril 1801

« Il est bon que l’Angleterre sache que l’opinion du Premier Consul est que l’espace… » Cela sonne comme une menace. En février 1798, le Directoire avait soumis à Bonaparte un projet d’invasion de l’Angleterre. Sur le conseil de Talleyrand qu’il venait de rencontrer, l’ambitieux renonça, pour combattre l’ennemi en Méditerranée, d’où la campagne d’Égypte. Mais l’idée reviendra, obsessionnellement. Finalement, Napoléon, empereur, se contentera du Blocus continental contre l’Angleterre - impossible à faire respecter, donc inefficace contre l’ennemi anglais.

« Vous voulez la guerre. Nous nous sommes battus pendant quinze ans. C’en est déjà trop. Mais vous voulez la guerre quinze années encore et vous m’y forcez ! […] Si vous armez, j’armerai aussi. Vous pouvez peut-être tuer la France, mais l’intimider, jamais ! »1733

Napoléon BONAPARTE (1769-1821), apostrophant Lord Whitworh, ambassadeur d’Angleterre à Paris, 13 mars 1803

La scène se passe aux Tuileries, devant le ministre des Relations extérieures Talleyrand, le corps diplomatique et deux cents témoins, pétrifiés. Bonaparte est furieux : l’Angleterre n’a pas rempli les conditions du traité de paix d’Amiens (1802) mettant fin aux guerres de la deuxième coalition. Elle refuse notamment d’évacuer l’île de Malte.

« Cette paix [d’Amiens] n’avait pas encore reçu sa complète exécution, qu’il jetait déjà les semences de nouvelles guerres qui devaient, après avoir accablé l’Europe et la France, le conduire lui-même à sa ruine. »1734

TALLEYRAND (1754-1838), Mémoires (posthume, 1891)

Le ministre des Relations extérieures a tenté de minimiser cette déclaration peu diplomatique du 13 mars 1803, mais il se rend à l’évidence et rendra Bonaparte responsable de la suite des événements, quand sera venu le temps de témoigner face à l’histoire. De toute manière, les « Affaires étrangères » relèvent du Premier Consul, et Talleyrand joue le second rôle comme il peut, y trouvant des avantages financiers plus ou moins occultes. Le Diable boiteux est malin. Mais l’Angleterre s’inquiète de la politique expansionniste de la France : Bonaparte s’est fait élire président de la République cisalpine (l’Italie), avant de transformer la Confédération helvétique en protectorat français (pour mieux contrôler les menées antifrançaises qui s’y trament). Et ce n’est qu’un début.

Directoire, Consulat et Empire

 

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