Lucidité sans pitié de Richelieu, critique toujours valable des Français en général et très datée quant aux femmes de la cour : dans les deux cas, c’est fort bien jugé. Qualité indispensable à un grand politique - voir Napoléon et de Gaulle, les deux stars de l’Histoire en citations.
À feuilleter pour tout savoir.
« L’humeur des Français est si prompte qu’elle veut la fin de ses désirs aussitôt qu’elle les a conçus. »710
(1585-1642), Testament politique
Cet ouvrage venu de la chancellerie du cardinal, même s’il n’est pas entièrement de sa main, est l’exact reflet de ses idées.
L’homme rouge ne cessa de déplorer la « légèreté » des sujets de Sa Majesté, qui s’aggrave tout au long du règne : l’esprit de sédition demeure chez les Grands, réapparaît de plus belle chez le peuple et va rendre précaires toutes les entreprises de Richelieu. Y compris la guerre « ouverte » (déclarée) contre l’Espagne, le 19 mai 1635. « Il n’y a pas de nation au monde si peu propre à la guerre que la nôtre ; la légèreté et l’impatience qu’elle a dans les moindres travaux sont deux principes qui ne se vérifient que trop » (Testament politique).
« C’est une chose étrange que la légèreté des Français. »720
LOUIS XIII (1601-1643), Lettre, 5 août 1635
Le roi fait écho à son Principal ministre et déplore la dégradation de l’armée, l’indiscipline des troupes, l’absence d’officiers. Après quelques combats catastrophiques et Paris menacé (été 1636), Richelieu, entouré d’une très bonne équipe au gouvernement, va remédier à notre faiblesse militaire. Mais le refus de l’impôt royal doublé, parfois triplé pour cet effort de guerre, dramatise l’agitation populaire qui s’accompagne souvent d’une vraie misère. D’où l’impopularité du ministre.
« Comme les femmes n’ont pas de voix en l’Église, je suis de l’opinion des anciens et modernes qui croient qu’elles n’en doivent point avoir en l’État. »707
Cardinal de RICHELIEU (1585-1642). Vie de Louis XIII (1936), Louis Vaunois
Parler de misogynie serait anachronique et l’avis est fondé, si l’on songe au rôle de Marie de Médicis et d’Anne d’Autriche, adversaires du cardinal et le plus souvent nuisibles à la France, du temps de leur règne comme de leur régence.
« Ces animaux sont étranges. On croit quelquefois qu’ils ne sont pas capables d’un grand mal, parce qu’ils ne le sont d’aucun bien. »717
Cardinal de RICHELIEU (1585-1642). Richelieu tel qu’en lui-même (1997), Georges Bordonove
Allusion aux trahisons de la reine Anne d’Autriche et de la duchesse de Chevreuse.
La reine, alliée à la reine mère Marie de Médicis, chercha à obtenir du roi la disgrâce de son ministre, jusqu’à la fameuse journée des Dupes (10 novembre 1630). Elle est aussi accusée de correspondance secrète avec son frère, Philippe IV d’Espagne, en guerre « couverte » et bientôt « ouverte » avec la France, dans le cadre de la guerre de Trente Ans. Quant à la duchesse de Chevreuse, sa vie est un roman où les intrigues politiques se mêlent sans fin aux aventures galantes.
« Elle trahit avec volupté. »718
Cardinal de RICHELIEU (1585-1642). Vie de Louis XIII (1936), Louis Vaunois
C’est fort joliment résumer le personnage de la duchesse. Marie de Rohan-Montbazon, épouse de Luynes (premier favori de Louis XIII), puis mariée au duc de Chevreuse, pousse son amant, le comte de Chalais, à comploter contre Richelieu – et le comte le paiera de sa vie. Elle profite d’un exil pour faire conspirer un de ses nouveaux amants, le duc de Lorraine. On la retrouvera bientôt, en héroïne de la Fronde. Ce sera au tour de Mazarin, successeur de Richelieu auprès du jeune Louis XIV, de gérer l’inextricable situation.
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