Créateur du fameux Contrat social, son idée force, théoricien à l’égal de Montesquieu (avec son principe de séparation des pouvoirs), Rousseau surpasse Voltaire dans la construction de cet édifice politique - démonstration d’une rigueur logique propre à inspirer socialisme et communisme à venir.
À feuilleter pour tout savoir.
« Les lois sont toujours utiles à ceux qui possèdent et nuisibles à ceux qui n’ont rien. »1038
Premier constat : la législation, sous prétexte de protéger les faibles, renforce l’inégalité. C’est le cercle vicieux de l’injustice sociale née du mal initial qu’est la propriété. Le philosophe, victime autoproclamée de cette injustice sociale, méditait depuis longtemps de livrer le message de son idéal politique. Selon l’historien Edgar Quinet, le Contrat social est le « livre de la loi » de la Révolution et Rousseau « est lui-même à cette Révolution ce que le germe est à l’arbre ».
« L’homme est né libre et partout il est dans les fers. »1039
Jean-Jacques ROUSSEAU (1712-1778), Du contrat social, Préambule (1762)
Autre constat réitéré face à l’échec des sociétés modernes. Et d’ajouter aussitôt : « Comment ce changement s’est-il fait ? Je l’ignore. Qu’est-ce qui peut le rendre légitime ? Je crois pouvoir résoudre cette question. »
« Trouver une forme d’association qui défende et protège de toute la force commune la personne et les biens de chaque associé, et par laquelle chacun, s’unissant à tous, n’obéisse pourtant qu’à lui-même, et reste aussi libre qu’auparavant. Tel est le problème fondamental dont le Contrat social donne la solution. »1040
Jean-Jacques ROUSSEAU (1712-1778), Du contrat social (1762)
Revenir à l’état de nature serait irréaliste et dangereux : on ne remonte pas le temps, contrairement à ce qu’ont voulu lui faire dire ses ennemis, caricaturant sa pensée pour mieux la condamner. Il faut donc élaborer un compromis délicat, pour concilier lois de la nature et lois sociales, et garantir égalité et liberté aux hommes. Cela revient à substituer un nouveau contrat social au premier si injuste.
« Ce que l’homme perd par le contrat social, c’est sa liberté naturelle et un droit illimité à tout ce qui le tente et qu’il peut atteindre ; ce qu’il gagne, c’est la liberté civile et la propriété de tout ce qu’il possède. »1041
Jean-Jacques ROUSSEAU (1712-1778), Du contrat social (1762)
La liberté naturelle n’a pour bornes que les forces de l’individu, alors que la liberté civile est limitée par la volonté générale ; la possession n’est que l’effet de la force ou du droit du premier occupant, alors que la propriété ne peut être fondée que sur un titre positif. Dans la mesure où les citoyens adhèrent librement au pacte social, la liberté est respectée, car « l’obéissance à la loi qu’on s’est prescrite est liberté ».
« Si l’on recherche en quoi consiste précisément le plus grand bien de tous, qui doit être la fin de tout système de législation, on trouvera qu’il se réduit à deux objets principaux, la liberté et l’égalité. »1046
Jean-Jacques ROUSSEAU (1712-1778), Du contrat social (1762)
À l’inverse de Montesquieu et Voltaire, Rousseau subordonne la liberté à l’égalité politique, voire économique, et à la souveraineté de la nation. Les révolutionnaires le porteront au Panthéon (1794), après une pétition faisant de lui le « premier fondateur de la Constitution française » parce qu’il a « établi en système l’égalité des droits entre les hommes et la souveraineté du peuple ».
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