Actualité du 1er juillet 2018. Simone Veil entre au Panthéon (avec Antoine, son mari). Une entrée « au mérite » pour une vie d’exception (déportée à Auschwitz, loi sur l’IVG, présidence du Parlement européen).
La France qui aime l’Histoire a le culte des héros et possède en fait… trois Panthéons !!!
Le Panthéon républicain, au cœur du Quartier latin, abrite aujourd’hui 76 « Grands hommes » - dont quatre femmes. On reviendra sur cette inégalité choquante ! Avec une invitée surprise…
Les Invalides font office de Panthéon militaire, abritant aussi le musée de l’Armée. C’est surtout le tombeau de Napoléon, suite au retour des cendres de Sainte-Hélène (en 1840).
Quant à l’Ancien Régime, il se retrouve en famille à Saint-Denis (dans le 93). Une visite s’impose.
Commençons par les surprises de Saint-Denis.
De Dagobert Ier à Louis XVIII, les rois y ont leur tombeau avec les reines. La nécropole de la basilique regroupe ainsi 42 rois et 32 reines de France (trois exceptions à cette liste, dont Louis XI). 63 princes et princesses complètent la grande famille royale.
Faut-il saluer cette égalité entre les deux sexes ? C’est plutôt une injustice à rebours, dans la mesure où les reines ont beaucoup moins régné que les rois (en vertu de la loi salique, d’ailleurs mal interprétée). Ajoutons que les pires souveraines (Isabeau de Bavière, Marie de Médicis) y côtoient les meilleures.
Seule promotion au mérite, qui rappelle la règle du Panthéon : une dizaine de grands serviteurs du Royaume que les souverains voulaient honorer tout particulièrement. Saluons au passage les trois plus connus, bien vivants dans l’Histoire en citations.
À feuilleter pour en savoir plus.
« Si veut le Roi, si veut la Loi. »119
(vers 1081-1151)
Manuel de plusieurs règles du droit coutumier et le plus ordinaire de la France ou Institutes coutumières (1607), Antoine Loysel (ou Loisel).
Ministre et ami de Louis VI le Gros, puis de Louis VII, Suger développe l’autorité royale au Moyen Âge, favorisant la naissance des communes urbaines contre le pouvoir des nobles, et assure une meilleure justice.
« La journée est nôtre, mes amis ! »308
Bertrand DU GUESCLIN (1320-1380), Cocherel, 16 mai 1364. Chronique de Charles le Mauvais (1963), François Piétri
La guerre de Cent Ans a repris, après quatre ans de trêve, suite au traité de Brétigny (1360) qui a libéré le roi Jean II, mais laissé aux Anglais Calais, le Poitou et le Sud-Ouest – soit un tiers de la France. Les Français ont désormais dans leur rang un vaillant capitaine : Du Guesclin, 45 ans, l’aîné de dix enfants d’une famille bretonne.
« Cher sire et noble roi […] je suis un pauvre homme de modeste origine, et l’office de connétable est si haut et si noble qu’il faut, si l’on veut bien s’en acquitter, exercer et établir son autorité très avant, et plutôt sur les grands que sur les petits. Et voici mes seigneurs vos frères, vos neveux et vos cousins […] Comment oserai-je étendre sur eux mon commandement ? »311
Bertrand DU GUESCLIN (1320-1380), au roi Charles V, 2 octobre 1370. Chroniques, Jean Froissart
Simple gentilhomme, élevé par le roi à la fonction de chambellan, il craint de ne pouvoir se faire obéir des hauts barons du royaume. Mais pendant dix ans, il va justifier la confiance du roi, reconquérant méthodiquement sur les Anglais et leurs alliés la majeure partie du pays. Il a bien mérité sa place au Panthéon !
« Quand un général prétend n’avoir jamais fait de fautes, il me persuade qu’il n’a jamais fait la guerre longtemps. »768
TURENNE (1611-1675). Le Sottisier (posthume, 1880), Voltaire
Henri de La Tour d’Auvergne, vicomte de Turenne, promu maréchal de France à 32 ans, toujours modeste, sera de toutes les guerres sous Louis XIII et Louis XIV avant de mourir en héros, face à l’ennemi allemand.
« Tu trembles, carcasse, mais tu tremblerais bien davantage si tu savais où je vais te mener ! »868
TURENNE (1611-1675) se parlant à lui-même, en 1667
Il s’apprête à reprendre du service, vingt ans après sa brillante guerre de Trente Ans. Autre version du mot de Turenne : il parlerait à son cheval Carcasse, avant sa dernière bataille, en 1675. Qu’importe, c’est le mot d’un homme de courage.
« Il est mort aujourd’hui un homme qui faisait honneur à l’homme. »883
Prince MONTECUCCOLI (1609-1680), rendant hommage à son ennemi Turenne, Salzbach (ou Sasbach), 27 juillet 1675
Deux mois durant, ces deux vétérans déploient leurs armées en grands tacticiens. Turenne semble avoir l’avantage et va passer à l’offensive - mais il est mortellement blessé par un boulet de canon, au cours d’une opération de reconnaissance. Il sera enseveli à la basilique de Saint-Denis – et transféré en 1800 aux Invalides, par Napoléon Bonaparte admiratif.
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