Les leçons de l’Histoire ?

Citation du jour

Épilogue.

Leçon de l’Histoire ? C’est trop dire.

La Première Guerre mondiale est l’une des suites de la guerre franco-allemande de 1870-1871, au nom de la « Revanche reine de France ». Après quelques « Années folles » et un bref après-guerre, elle va déboucher sur la Seconde Guerre mondiale. Ainsi va l’Histoire en citations.

Étonnante Troisième République née d’une guerre, marquée par une autre et morte de la dernière !

Mais l’on peut tirer leçon des erreurs comme des vérités. Exemples ?

« Il est plus facile de faire la guerre que la paix. »2633

Georges CLEMENCEAU (1841-1929), Discours de Verdun, 14 juillet 1919

Discours de paix (posthume), Georges Clemenceau.

Le Père la Victoire est toujours à la tête du gouvernement d’une France épuisée par l’épreuve des quatre ans de guerre, même si une minorité artiste et privilégiée fête la décennie des Années folles d’après-guerre.

Le vieil homme est devenu le « Perd la Victoire » : piètre négociateur au traité de Versailles signé le 28 juin 1919, il a laissé l’Anglais Lloyd George et l’Américain Wilson l’emporter sur presque tous les points. Et il ne sera pas président de la République, l’Assemblée préférant voter en 1920 pour un homme qui ne lui portera pas ombrage, Deschanel.

Les paroles de Clemenceau sont prophétiques d’une autre réalité qui marque les vingt ans à venir : « L’Allemagne, vaincue, humiliée, désarmée, amputée, condamnée à payer à la France pendant une génération au moins le tribut des réparations, semblait avoir tout perdu. Elle gardait l’essentiel, la puissance politique, génératrice de toutes les autres » (Pierre Gaxotte, Histoire des Français).

« La guerre ! C’est une chose trop grave pour la confier à des militaires. »2579

Georges CLEMENCEAU (1841-1929). Il l’a dit avant d’avoir le pouvoir. Et il l’a prouvé. Le « Père la Victoire » reste le grand homme de cette guerre - comme de Gaulle et surtout Churchill, un civil qui sauve l’Angleterre, notre principale alliée dans la prochaine guerre.

« À l’issue d’une longue guerre nationale, la victoire bouleverse comme la défaite. »2617

Léon BLUM (1872-1950), A l’échelle humaine (1945). Au lendemain de 1918, l’humiliation de 1871 est vengée, le pays est vainqueur, de nouveau entier, mais exsangue, dévasté, divisé, moralement bouleversé après l’épreuve. Cette guerre a coûté vraiment très cher en hommes, en argent, et la France ne se remettra pas vraiment, avant la prochaine guerre. Mais le Front populaire en naîtra.

« Foch commande à toutes les armées de l’univers. »2632

Maurice BARRÈS (1862-1923), 14 juillet 1919. Les chefs des armées alliées et les représentants des troupes combattantes défilent sur les Champs-Élysées. Pour les nationalistes qui ont ardemment parlé revanche, prêché le patriotisme et prôné l’Union sacrée, c’est le jour de gloire pour la France - vaincue de l’histoire en 1871, elle vivra une défaite honteuse en 1939-1940.

« L’Allemagne paiera. »2635

Le Bloc national a fondé sa campagne sur ce slogan, pour les législatives du 16 novembre 1919. Le paiement de la dette est un long et décevant feuilleton, mais cet axiome va justifier les prodigalités financières du Bloc national (de droite) issu des élections. D’où l’inflation : prix multipliés par 6,5 de 1914 à 1928 !

« La guerre ne vous a donc rien appris. »2634

Leitmotiv de campagne électorale. La révolution russe de 1917 et l’arrivée des bolcheviks au pouvoir font peur : « l’homme au couteau entre les dents » (affiche) incarne le communisme dans toute son horreur. Les élections du 16 novembre 1919 amènent une « Chambre bleu horizon » - renversement durable de majorité.

« Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. »2618

Paul VALÉRY (1871-1945), La Crise de l’esprit (1919). Belle époque des intellectuels qu’il incarne, par son intelligence et son pessimisme, son influence et sa reconnaissance officielle de « poète d’État », inlassablement philosophe et toujours cité.