Hugo : « En temps de révolution, prenez garde à la première tête qui tombe... » | L’Histoire en citations
Hugo : « En temps de révolution, prenez garde à la première tête qui tombe... »
Citation du jour

Chronique Révolution citationsAvis partagés des historiens et autres penseurs : logiquement les plus nombreux, au-delà des partisans inconditionnels. Au fil de la Chronique, on trouve ici les analyses les plus justes de cet événement si riche et complexe, signées surtout d’hommes de gauche, les plus concernés par notre Révolution.

À feuilleter pour tout savoir.

« En temps de révolution, prenez garde à la première tête qui tombe. Elle met le peuple en appétit. »1332

Victor HUGO (1802-1885), Le Dernier Jour d’un condamné (1829)

Bilan du 14 juillet : une centaine de morts. Mais le peuple est parti dans une escalade de la violence et les meneurs parlent toujours plus fort que les modérateurs. Chateaubriand a lui aussi dénoncé la « première tête portée au bout d’une pique ».

« Les Français ont fait, en 1789, le plus grand effort auquel se soit jamais livré aucun peuple afin de couper, pour ainsi dire, en deux, leur destinée et de séparer par un abîme ce qu’ils avaient été jusque-là de ce qu’ils voulaient être désormais. »1633

Alexis de TOCQUEVILLE (1805-1859), L’Ancien Régime et la Révolution (1856)

Il démontre que si la Révolution de 1789 a pu dérouter bien des esprits et faire perdre leur sang-froid aux hommes au pouvoir, elle doit être historiquement analysée comme l’aboutissement logique de l’Ancien Régime et non comme une rupture d’ordre politique, social et administratif.

« Dans ce qu’on a coutume d’appeler la Révolution française, il y a eu, en réalité, deux révolutions parfaitement distinctes, quoique dirigées toutes les deux contre l’ancien principe d’autorité. L’une s’est opérée au profit de l’individualisme ; elle porte la date de 89. L’autre n’a été qu’essayée tumultueusement au nom de la fraternité ; elle est tombée le 9 Thermidor. »1638

Louis BLANC (1811-1882), Histoire de la Révolution française (1878)

Une façon parmi tant d’autres de nuancer son jugement sur l’événement, mais c’est surtout l’analyse d’un historien de gauche (politiquement très engagé), reprise par nombre d’historiographes. Robespierre est le vrai révolutionnaire.

« La Révolution française est un bloc dont on ne peut rien distraire. »1635

Georges CLEMENCEAU (1841-1929), Discours, Chambre des députés, 29 janvier 1891

La phrase la plus citée et tronquée, donc mal comprise, hors de son contexte - la défense d’une pièce de théâtre de Sardou, jouée à la Comédie-Française et consacrée à Thermidor (de Victorien Sardou). Il défendait aussi la liberté d’expression.

« La Révolution n’est pas un bloc. Elle comprend de l’excellent et du détestable. »1636

Édouard HERRIOT (1872-1957), Aux sources de la liberté (1939)

Réponse directe à Clemenceau. On peut débattre à l’infini. En fait, tout est dans cette Révolution.

« La Révolution française a préparé indirectement l’avènement du prolétariat. Elle a réalisé les deux conditions essentielles du socialisme, la démocratie et le capitalisme. Mais elle a été, en son fond, l’avènement politique de la classe bourgeoise. »1634

Jean JAURÈS (1859-1914), Histoire socialiste, 1789-1900, volume 1, La Constituante (1908)

Au XXe siècle, Jaurès rejoint Tocqueville. La Révolution française est la conséquence d’un processus séculaire, la prise de pouvoir politique d’une classe qui avait déjà le pouvoir économique.

« On a tué des rois bien avant le 21 janvier 1793. Mais Ravaillac, Damiens et leurs émules voulaient atteindre la personne du roi, non le principe […] Ils n’imaginaient pas que le trône pût rester toujours vide. »1484

Albert CAMUS (1913-1960), L’Homme révolté (1951)

Rappel d’un fait majeur, parce que symbolique. L’histoire du monde est riche en régicides, mais les assassins des rois ne font que renforcer le mythe de la royauté. Alors qu’un procès public, devant une Assemblée nationale devenue tribunal du peuple, devait mettre fin à la monarchie de droit divin - donc, à tout l’Ancien Régime.

« Ne faudrait-il pas dire que la Révolution est un tout […] complexe comme la vie elle-même, où il y a de l’enthousiasmant et de l’inacceptable ? »1637

François MITTERRAND (1916-1996), 15 janvier 1988

Nouvelle variation présidentielle sur le thème, pour nuancer la fameuse phrase de Clemenceau qu’on lui avait reproché de faire sienne, deux mois plus tôt. C’est dire à quel point le thème reste sensible à l’opinion.

« Il y a deux moyens sûrs pour ne rien comprendre à la Révolution française, c’est de la maudire ou de la célébrer. »1369

François FURET (1927-1997), La Révolution française (1965), écrit avec Denis Richet

L’un de nos historiens contemporains qui réussit le mieux à éclairer l’événement dans toute sa richesse, sa diversité, sa complexité. Laissons-lui le mot de la fin.

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