Deuxième jour de notre série de citations historiques sur le travail. Point commun entre les princes qui nous gouvernent et les auteurs (ou autres artistes) que nous admirons ? Le travail accompli par raison et par passion, l’amour du métier à la vie, à la mort. Cela existe couramment et va à l’encontre des idées reçues.
« Les empires ne se conservent que comme ils s’acquièrent, c’est-à-dire par la rigueur, par la vigilance et par le travail. »847
LOUIS XIV (1638-1715), Mémoires pour l’instruction du Dauphin (1662)
Le roi écrit en pensant à son fils et successeur, mort trop jeune pour régner. C’est son arrière-petit-fils Louis XV qui en profitera, sans avoir les qualités requises pour la place, en l’occurrence, le trône !
On retrouve souvent ce mot, cette idée de « travail » chez Louis le Grand, aussi vrai qu’être roi est un métier. « C’est par le travail qu’on règne. Il y a de l’ingratitude et de l’audace à l’égard de Dieu, de l’injustice et de la tyrannie à l’égard des hommes, de vouloir l’un sans l’autre. »
Pendant plus de cinquante ans, Louis XIV travaillera douze heures par jour à son métier de roi, accomplissant un labeur écrasant, doublé d’une vie en perpétuelle représentation à la cour, du levé au couché, tout particulièrement les jours de fête fastueuse. La guerre est aussi une passion affichée, comme la chasse qui obéit à tout un cérémonial. Il bénéficie longtemps d’une robuste santé, doublée d’un grand équilibre moral, avec une intelligence moyenne, mais très méthodique.
Toutes les citations qui suivent
sont commentées dans nos Chroniques.
« Je suis flexible comme une anguille et vif comme un lézard et travaillant toujours comme un écureuil. »1014
VOLTAIRE, Lettre à d’Argental, 22 octobre 1759. Dictionnaire de français Littré, au mot « travaillant »
Autoportrait du sexagénaire, de santé précaire, mais sachant se ménager. De son adolescence libertine à sa « retraite frénétique », le personnage déborde d’une activité voyageuse, européenne, batailleuse, mondaine, courtisane, épistolière, théâtrale, politique, économique, scientifique, sociale, agronomique, encyclopédique, et naturellement philosophique.
« Je suis né et construit pour le travail, je ne connais pas chez moi la limite de mes forces. »1777
NAPOLÉON Ier, Œuvres du comte P. L. Roederer : histoire contemporaine, 1789-1815 (1854)
Infatigable dans son cabinet, épuisant ses collaborateurs, surprenant ses ministres, dormant quatre heures et travaillant dix-huit heures par jour, délaissant un peu sa « bonne Louise ». En campagne, le conquérant passe des journées entières à cheval, peut rester des nuits sans dormir, n’ayant besoin pour récupérer que de brèves siestes.
« J’ai travaillé au bonheur de mon peuple. Pourrais-je, à soixante ans, mieux terminer ma carrière qu’en mourant pour sa défense ? »1936
Louis XVIII, à la Chambre des députés, séance du 16 mars 1815
Bien fatigué et surtout affligé de la goutte, il semble prêt au sacrifice suprême pour la Charte qui le fait roi de France. Son frère soutient sa résolution, ils s’embrassent, unis dans l’épreuve - Napoléon de retour pour les « Cent-Jours ». Mais le roi fait encore de la résistance : « Quoi qu’il arrive, je ne quitterai pas mon fauteuil. La victime sera plus grande que le bourreau. »
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