Retour à la vocation première de notre Histoire en citations, avec la commémoration de Verdun (21 février 1916), bataille de dix mois, sanglante et symbolique de la Grande Guerre (1914-1918).
Au cœur de la Troisième République, c’est la Première Guerre mondiale de l’histoire : des milliers de livres en rendent compte.
La voici résumée en une quarantaine de citations (commentées en Chronique).
Premiers repères et quelques vérités historiques.
« C’est la plus monumentale ânerie que le monde ait jamais faite. »2570
(1854-1934)
Histoire de la Troisième République (1952), Jacques Chastenet.
Tel est son avis, au déclenchement du conflit. Rares sont les militaires en poste qui ont cette liberté de parole et cette lucidité. Résident général au Maroc, chargé de la pacification du pays rendue alors plus difficile encore, il sera ministre de la Guerre quelques mois, dans le cabinet d’Aristide Briand.
Par le jeu des alliances, des intérêts et des déclarations de guerre échelonnées sur trois ans, la guerre va devenir européenne, toucher l’Afrique et l’Asie, et, avec la participation des États-Unis d’Amérique en 1917, se transformer en guerre mondiale pour la première fois dans l’histoire.
65 millions de soldats s’affronteront dans ce qu’on appellera la Grande Guerre. Au total, 8,5 millions de morts militaires – dont 1,3 français – et 20,5 millions de blessés. Les civils ont aussi payé un lourd tribut.
« La guerre, l’art de tuer en grand et de faire avec gloire ce qui, fait en petit, conduit à la potence. »2571
Jean-Henri FABRE (1823-1915), Souvenirs entomologiques (posthume, 1898). Ce grand savant, mort à 92 ans, pense à « sa » guerre, celle de 1870 qui fit « seulement » 120 000 morts français et 130 000 morts allemands.
« Dans la guerre qui s’engage, la France sera héroïquement défendue par tous ses fils dont rien ne brisera, devant l’ennemi, l’union sacrée. »2581
Raymond POINCARÉ (1860-1934), Message du président de la République aux Chambres, 4 août 1914. La guerre bouleverse l’échiquier politique. Gouvernement étendu aux socialistes et volonté de tous les Français de servir la patrie, des royalistes aux militants d’extrême gauche.
« C’est pour notre indépendance
Que l’on march’ sans défaillance,
Comme si c’était le grand soir,
Que l’on soit syndicaliste,
Anarcho ou socialiste,
Tout chacun fait son devoir. »2582MONTÉHUS (1872-1952), Lettre d’un socialo, chanson. Le plus pacifiste des chansonniers a perdu ses illusions sur les socialistes allemands. C’est l’unité nationale retrouvée : « Qu’il sach’ que dans la fournaise / Nous chantons La Marseillaise / Car dans ces terribles jours / On laisse L’Internationale / Pour la victoire finale / On la chantera au retour ! »
« La faillite de la deuxième Internationale a prouvé que le prolétariat était déterminé par autre chose encore que sa condition économique et qu’il avait une patrie, contrairement à la fameuse formule. »2594
Albert CAMUS (1913-1960), L’Homme révolté (1951). La « fameuse formule » se trouve dans le Manifeste du Parti communiste de Marx et Engels (1848) : « Les ouvriers n’ont pas de patrie. On ne peut donc leur ravir ce qu’ils n’ont pas. »
« Pourvu que les civils tiennent ! »2572
FORAIN (1852-1931), légende d’une caricature. Propos souvent répété : ironie, certes, mais le moral de l’arrière est aussi important que celui du front. Il varie du meilleur au pire (en 1917), avant de se ressaisir. Au total, 10 millions de civils périront directement ou indirectement.
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