Malraux : « Et le Christ ? — C’est un anarchiste qui a réussi. C’est le seul. »

Jésus fait l’actu, un jour par an. Au-delà du « marché de Noël » (à tous les sens du mot), le Christ anime littéralement l’Histoire : il lui donne une âme, en même temps que la religion chrétienne et la foi servent de fondement à la France, depuis les origines.
En ce jour de Noël, commençons par deux perles, deux « cadeaux ».

« Et le Christ ?
— C’est un anarchiste qui a réussi. C’est le seul. »11

André MALRAUX (1901-1976), L’Espoir (1937)

On a connu Malraux plus intello-lyrico-philosophico-etc. Mais forme et fond, le voilà fort bien inspiré !

Sous le règne de l’empereur romain Tibère (42 av. J.C - 37 apr. J.C) vit en Galilée un homme dont les enseignements vont bouleverser l’histoire du monde. De sa mort sur la croix va naître une religion qui lentement s’étendra sur l’Empire.

Pour les Romains, les premiers chrétiens ne sont qu’une secte juive dont le fondateur passe pour un agitateur politique. Pour les chrétiens, il est Dieu, fils de Dieu - un dieu unique, comme celui qu’adorent les juifs.

L’anarchiste cher à Malraux termina sa courte vie (33 ans) comme un criminel mis en croix entre deux larrons. Sa réussite, il la doit à ses disciples. Paul de Tarse fera du message de Jésus une religion à vocation universelle. La Gaule sera tardivement acquise : l’évangélisation des villes, puis des campagnes, ne se fait qu’au IVe siècle, le christianisme devenant religion d’État en 391. D’où le premier adage : « Une foi, une loi, un roi. »

Toutes les citations qui suivent
sont commentées dans nos Chroniques.

« Non seulement Jésus-Christ était fils de Dieu, mais encore il était d’excellente famille du côté de sa mère. »2000

Mgr Hyacinthe-Louis de QUÉLEN, 125e archevêque de Paris (de 1821 à sa mort). Dictionnaire de la bêtise et des erreurs de jugement (1998), Guy Bechtel et Jean-Claude Carrière

Au fil de l’Histoire, chacun aura naturellement à cœur de mettre Jésus dans son camp. Cas extrême, sous la Révolution, un capucin défroqué, Chabot, en fait le premier sans-culotte ! Pour Camille Desmoulins condamné à l’échafaud, le plus illustre supplicié de l’histoire fut aussi une référence.

L’archevêque de Paris se situe aux antipodes de l’échiquier politique. Sous la Restauration, très en cour auprès de Louis XVIII, puis de Charles X, élu à l’Académie française en 1824 contre Casimir Delavigne (auteur dramatique célèbre), il attribua cet honneur à la religion et non à ses titres académiques, dans son discours de réception. Membre de la Chambre des Pairs, incarnation tardive de l’Ancien Régime, en plein sermon, il lâcha cette formule, propre à scandaliser libéraux et républicains. Moins bien vu sous la Monarchie de Juillet qui le considère comme (trop) légitimiste, il demeure archevêque, Dieu merci !