Histoire du Centre et du centrisme, de la Révolution à Emmanuel Macron.
Il n’y a pas d’Histoire du Centre. Pourtant, il existe - dans la réalité des faits comme dans l’Histoire en citations. Reste à le trouver ! Une centaine de citations relèvent le défi.
Préhistoire du Centre sous les guerres de Religion : le tiers parti des Malcontent (ou Politiques), dit aussi les vrais Français.
Quel que soit le nom donné à ce courant de pensée (et d’action !) pris entre deux partis extrêmes, il apparaît dans notre pays déchiré par la guerre civile qui oppose catholiques et protestants, à la fin du XVIe siècle.
À feuilleter pour tout savoir.
« Périsse le souvenir de ce jour ! »535
(vers 1504-1573), évoquant la Saint-Barthélemy
Œuvres complètes de Michel de L’Hospital, chancelier de France (1824).
Cité dans ses Œuvres complètes, comme un « cri de honte et de douleur que tous les vrais Français répétèrent ».
Le souvenir de la Saint-Barthélemy (24 août 1572) vivra à jamais dans l’histoire de France, mais ce drame eut au moins un effet positif : un tiers parti va naître, celui des Malcontents, des Politiques, esprits modérés, catholiques aussi bien que protestants, soucieux avant tout de sauver le pays et préparant à terme l’avènement d’Henri IV, seule vraie chance pour la paix du royaume.
Michel de L’Hospital est naturellement de ces hommes. Il fut durant sept ans le chancelier et principal ministre de Catherine de Médicis, tentant d’imposer une politique de conciliation et démissionnant en 1573. La vraie religion de ce grand juriste est la tolérance et Voltaire lui rendra hommage à ce titre.
Dans le même camp des « vrais Français », on trouve l’humaniste Jean Bodin, le capitaine protestant François de La Noue, Duplessis-Mornay, théologien réformé qui échappe de peu au massacre de la Saint-Barthélemy, le philosophe Montaigne, ami du roi de Navarre et maire de Bordeaux, qui tente activement de rapprocher les deux camps, et même le très catholique Ronsard qui se désolidarise des crimes commis au nom de la religion.
« Pour la religion dont tous les deux font parade, c’est un beau prétexte pour se faire suivre par ceux de leur parti ; mais la religion ne les touche ni l’un ni l’autre. »561
Michel de MONTAIGNE (1533-1592), 1588
Catholique modéré, très hostile aux catholiques « zélés » de la Ligue et ayant plusieurs fois rencontré Henri de Navarre, il témoigne de cette évidence : les guerres de Religion ne sont plus religieuses, l’enjeu est surtout politique. Henri de Navarre n’a pas plus de conviction protestante que catholique et Henri de Guise ne pense qu’à devenir roi.
« Nous voulons un Roi pour avoir la paix. »600
Pierre PITHOU (1539-1596), « Harangue de M. d’Aubray », La Satire Ménippée (1594)
Après plus de 80 années de guerres civiles et étrangères, la France exprime sa lassitude et son rejet des fanatiques. Ce pamphlet politique, ouvrage collectif, revu et corrigé par le jurisconsulte Pierre Pithou, circule sous le manteau, avant d’être édité et de rencontrer un vrai succès populaire. Il est destiné à soutenir Henri IV.
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