Napoléon : « Français ! […] j'arrive parmi vous reprendre mes droits qui sont les vôtres. »

Les Cent-Jours. L’incroyable aventure commence un 26 février (1815), quand Napoléon s’évade de l’île d’Elbe, pour débarquer en France le 1er mars. Le même 26 février (1802, « ce siècle avait deux ans »), naissance d’Hugo, chantre de la légende napoléonienne. Quelle semaine pour l’Histoire en citations, quelle Actu historique !

L’action se passe sous la Restauration. Après une (première) abdication qui marque la fin de l’Empire, Napoléon (qui a toujours titre d’empereur) fait le come-back le plus célèbre de l’Histoire de France.

À feuilleter pour tout savoir.

« Français ! […] j’arrive parmi vous reprendre mes droits qui sont les vôtres. »1924

NAPOLÉON I^er (1769-1821), Golfe Juan, Proclamation du 1^er mars 1815

France militaire : histoire des armées françaises de terre et de mer de 1792 à 1833 (1838), Abel Hugo.

Belle Proclamation pour son retour bien préparé, lors de son (premier) exil.

Bien informé, il sait l’opposition bonapartiste contre un régime fragile. Le moment est venu pour le « roi de l’île d’Elbe », trop jeune pour cette dérisoire retraite : « Les maux de notre pays me déchirent l’âme, j’en ai perdu le repos. Les vœux de l’armée me rappellent. L’immense majorité de la nation me désire. » (Confidence à un compagnon de route)

Il s’embarque sur l’Inconstant avec 1 200 hommes (dont 900 grenadiers), le 26 février. Il débarque le 1er mars, s’adressant à une petite foule qui ne va plus cesser de grandir : « Depuis le peu de mois que les Bourbons règnent, ils vous ont convaincu qu’ils n’ont rien oublié, ni rien appris. » Il annonce la couleur, se pose devant l’armée en soldat de la Révolution et honnit le drapeau blanc de la Charte constitutionnelle : « L’aigle, avec les couleurs nationales, volera de clocher en clocher jusqu’aux tours de Notre-Dame. »

Il n’en faut pas plus pour que Napoléon gagne cet incroyable pari : rallier les troupes envoyées pour l’arrêter, soulever d’enthousiasme les populations et traverser la France en vingt jours, sous les yeux de l’Europe pétrifiée. Le vol de l’Aigle commence, sur la « route Napoléon ». Résumé en trois chansons et deux citations.

« D’sus l’trône Louis XVIII placé, / Notre Emp’reur que rien n’inquiète,
Lui dit : pour un an j’t’ai laissé, / Ot’-toi d’là que j’m’y mette ! »1925

Ot’-toi d’là que j’m’y mette, chanson de 1815. Bon résumé des événements. Censuré par le roi, après les Cent-Jours

« La grande mesure décrétée contre Bonaparte fut un ordre de « courir sus » : Louis XVIII, sans jambes, « courir sus » le conquérant qui enjambait la terre. »1928

CHATEAUBRIAND (1768-1848), Mémoires d’outre-tombe (posthume). Il est repassé dans l’opposition, quand il écrit l’histoire

« Enfin, v’la qu’je r’voyons à Paris / Ce fils de la victoire !
L’aigle remplace la fleur de lys, / C’est c’qui faut pour sa gloire.
De l’île d’Elbe en quittant le pays, / Crac ! Il se met en route.
En vingt jours, il arrive à Paris. / C’t’homm’-là n’a pas la goutte. »1929

Ot’-toi d’là que j’m’y mette, 1815. Chant des partisans, de plus en plus nombreux à se rallier à l’empereur

« Il est donc revenu cheux nous / C’t’homme qu’on croyait si tranquille ?
J’aurions ben parié deux sous / Qu’i n’resterait pas dans son île,
Car c’n’est pas un fait nouveau / Qu’les enragés n’aimions pas l’iau. »1930

Le Retour de Nicolas, 1815. Chant des royalistes, brocardant l’empereur - surnommé Nicolas, alors synonyme de « sot »

« Cet homme est revenu de l’île d’Elbe plus fou qu’il n’était parti. Son affaire est réglée, il n’en a pas pour quatre mois. »1931

Joseph FOUCHÉ (1759-1820), lucide quant à l’avenir, mars 1815. Ex et futur ministre de la Police de Napoléon et de Louis XVIII