Thouret : « Sire… Votre Majesté a fini la Révolution. » | L’Histoire en citations
Thouret : « Sire… Votre Majesté a fini la Révolution. »
Citation du jour

 

Ce n’est PAS de l’humour, même si ça y ressemble. On a regroupé quelques perles plus ou moins fines. Commentaire et contextualisation indispensables, pour éviter de prendre la citation à contresens.

« Sire… Votre Majesté a fini la Révolution. »1399

Jacques-Guillaume THOURET (1746-1794), Proclamation du 30 septembre 1791 à la Constituante

Histoire de France pendant la République, le Consulat, l’Empire et la Restauration jusqu’à la Révolution de 1830 (1839), Jacques Marquet Norvins.

Avocat et député du tiers état, Thouret a participé à la rédaction de nombreux textes de lois, dont la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Dernière œuvre, la nouvelle Constitution qu’il présenta au roi le 3 septembre, à la tête d’une députation de 60 membres. À présent, il le remercie solennellement d’avoir accepté le texte. Réponse tout aussi « surréaliste : « Que la nation reprenne son heureux caractère. » Tel est le vœu du roi, acclamé en cette dernière séance de l’Assemblée. Mais qui peut croire à ce mot, dans une France plus que jamais révolutionnaire et divisée ?

La Constitution, votée le 3 septembre, crée une monarchie constitutionnelle. Le 14 septembre, Louis XVI doit prêter serment d’être fidèle à la nation et de maintenir la Constitution : roi de France de droit divin, il est devenu roi héréditaire des Français. « Le terme de la Révolution est arrivé », dit-il. Phrase souvent prononcée, c’est un vœu qui n’est pas près d’être exaucé !

En fait, Louis XVI n’a signé la Constitution que dans l’espoir de s’en affranchir bientôt. Et l’affaiblissement du pouvoir royal est tel que Thouret, sans le vouloir, prépare l’avènement de la République. La Révolution n’est donc pas finie !

« Fils de Saint Louis, montez au ciel. »1478

Abbé EDGEWORTH DE FIRMONT (1745-1807), confesseur de Louis XVI, au roi montant à l’échafaud, 21 janvier 1793

Mot rapporté par les nombreux journaux du temps. La piété de Louis XVI est notoire et en cela, il est fils de Saint Louis. C’est aussi le dernier roi de France appartenant à la dynastie des Capétiens, d’où le nom de Louis Capet sous lequel il fut accusé et jugé. Quant à son confesseur, il est royalement et religieusement respectueux de l’illustre martyr.

Situation bien différente, à la Révolution de 1848 ! Devant le château des Tuileries, Louis-Philippe s’apprête à monter en voiture. Un homme du peuple lui aurait ouvert la porte et lancé ce mot : « Fils de Saint Louis, montez en fiacre. » Autre version (Revue des annales) : « Fils d’Égalité, montez en fiacre », par référence à son père, Louis Philippe d’Orléans dit Philippe Égalité en 1792 - député à la Convention, il vota la mort de Louis XVI (son cousin) et finit guillotiné en 1793. Quoi qu’il en soit, Louis-Philippe, « Roi des barricades » entre deux révolutions, ne part que pour l’exil, en Angleterre.

« Quelle est ma loi ? demanderez-vous. Je réponds : la loi naturelle, celle qui dit : « Pauvres, allez chez les riches ; filles, allez avec les garçons ; obéissez à tous vos instincts ! » »1499

François CHABOT (1759-1794), Discours devant le Comité révolutionnaire de Castres, printemps 1793

Conventionnel, capucin défroqué, coquin porté sur la bonne chère et la chair des jolies filles, mais évêque constitutionnel de Blois, auteur du Catéchisme des Sans-culottes, pour qui « Le citoyen Jésus-Christ a été le premier sans-culotte du monde. » Il va promouvoir le culte de la déesse Raison. La Révolution, c’est aussi ce genre de personnage « marginal ».

La religion, sous une forme radicalement différente, préoccupe le plus vertueux des révolutionnaires, Robespierre.

« Nous voulons substituer toutes les vertus et tous les miracles de la république à tous les vices et à tous les ridicules de la monarchie. »1278

ROBESPIERRE (1758-1794), Discours sur le gouvernement intérieur, Convention nationale, 1794

Tel est le programme radicalement révolutionnaire de l’Incorruptible. On peut en sourire de nos jours, mais ce n’est pas de l’humour, non, simplement de l’utopie. Et Robespierre y croit le premier.

La France, devenue politiquement républicaine sous la Législative (le 22 septembre 1792), demeure moralement monarchique. Il faut donc aller plus loin, jusqu’au terme d’une révolution parfaite, achevée, excluant tout retour en arrière. Pour ce faire, il faut aussi changer les hommes, d’où la nouvelle religion de l’Être suprême - suprême utopie.

« Le peuple français reconnaît l’existence de l’Être suprême et l’immortalité de l’âme. »1586

ROBESPIERRE (1758-1794), Convention, Rapport du 7 mai 1794 (décret du 18 floréal an II)

La déchristianisation de la France est en bonne voie : cloches fondues pour récupérer le métal, calendrier républicain où les saints ont disparu, inscription à l’entrée des cimetières décrétant que « la mort est un repos éternel » (par arrêté de Fouché), repos dominical et fêtes religieuses supprimées.

Mais Robespierre sait que le peuple a besoin d’une forme de spiritualité, ne serait-ce que pour encourager le civisme.

Mettant en accord idées religieuses et principes républicains, il réaffirme que « le fondement de la société, c’est la morale (au nom de quoi) il sera institué des fêtes pour appeler l’homme à la poésie de la divinité ». La fête de l’Être suprême, couronnement spirituel de la démocratie selon Robespierre, a lieu le 8 juin. La Terreur et le coup d’État du 9 Thermidor vont tout emporter.

Notre série sur la Révolution en (sou)riant :

  • Rivarol : « la souveraineté réside dans le peuple ; (…) le peuple ne doit jamais l’exercer. »
  • Rivarol : « Ils sont toujours en retard d’une armée, d’une année et d’une idée. »
  • Martainville : « je suis ici pour être raccourci et non pour être allongé. »
  • Louis XVI : « C’est détestable ! Cela ne sera jamais joué ! »
  • Chanson : « Guillotin – Médecin – Politique, Imagine un beau matin… »

Révolution

 

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