Saint-Just : « Tout le monde veut bien de la République ; personne ne veut de la pauvreté ni de la vertu. » | L’Histoire en citations
Saint-Just : « Tout le monde veut bien de la République ; personne ne veut de la pauvreté ni de la vertu. »
Citation du jour

 

Robespierre et Saint-Just. Duo parfait, implacables théoriciens de la Terreur : le premier se donne tout pouvoir pour l’appliquer, le second lui fait écho.

Thème après thème, on pourrait intervertir les auteurs des citations, y compris dans le procès du roi condamné à mort. Deux frères en Révolution. Deux années pour agir et parler : 1792-1794. Ils seront guillotinés le même jour - coup d’État de Thermidor.

« Tout le monde veut bien de la République ; personne ne veut de la pauvreté ni de la vertu. »1457

Louis Antoine de SAINT-JUST (1767-1794), Discours sur les subsistances, Convention, 29 novembre 1792

Œuvres de Saint-Just, représentant du peuple à la Convention nationale (posthume, 1834), Saint-Just.

Théoricien de la Révolution, élu à la Législative, mais trop jeune pour siéger, orateur à la fois raisonneur et enflammé, il incarne le courant « pur et dur », avec son ami Robespierre dont il partage les idées et le sort, jusqu’à la mort. L’Ange de la Terreur va faire un grand usage du mot « vertu ». Il n’est pas le seul.

« Nous voulons substituer toutes les vertus et tous les miracles de la république à tous les vices et à tous les ridicules de la monarchie. »1278

ROBESPIERRE (1758-1794), Discours sur le gouvernement intérieur, Convention nationale, 1794

Tel est le programme radicalement révolutionnaire de l’Incorruptible. Mais la France, politiquement républicaine, est encore moralement monarchique. Il faut donc aller plus loin, jusqu’au terme d’une révolution parfaite, achevée, excluant tout retour en arrière. Ce sera la Fête de l’Être suprême (8 juin 1794), nouvelle religion, culte imaginé par Robespierre.

« Ce qui constitue une République, c’est la destruction totale de ce qui lui est opposé. »1576

SAINT-JUST (1767-1794), Convention, Rapport du 26 février 1794 (premier décret de ventôse)

Toujours le froid langage de la Terreur. Edgar Quinet, l’un des (rares) historiens fascinés par le personnage qui prend une importance croissante (dans l’ombre ou la lumière de son ami Robespierre), écrit dans La Révolution : « Et Saint-Just, que n’était-il pas ? Accusateur, inquisiteur, écrivain, administrateur, financier, utopiste, tête froide, tête de feu, orateur, général, soldat ! […] Cela ne s’était pas vu depuis les Romains. »

« Citoyens, vouliez-vous une révolution sans révolution ? Qui peut marquer, après coup, le point précis où devraient se briser les flots de l’insurrection populaire ? »1449

ROBESPIERRE (1758-1794), Convention, 5 novembre 1792

À la tribune, il répond aux Girondins s’indignant encore des massacres de septembre dernier. Il ajoute : « La sensibilité qui gémit presque exclusivement pour les ennemis de la liberté m’est suspecte. » Même idée exprimée en écho par Saint-Just : « Tout doit être permis à ceux qui vont dans la direction de la Révolution. » C’était déjà annoncer, et justifier, toutes les violences qui suivront.

« Osez ! Ce mot renferme toute la politique de votre révolution. »1271

SAINT-JUST (1767-1794), Rapport sur les suspects incarcérés, 26 février 1794

Théoricien de la Révolution, désormais passé à l’action, représentant plus que jamais le courant « pur et dur », il se fera toujours remarquer par la violence de ses mots et ses idées, partageant jusqu’à la fin le sort de son ami Robespierre. On les trouva naturellement dans le camp des partisans de la mort du roi, tournant radical de la Révolution.

« La clémence qui compose avec la tyrannie est barbare. »1470

ROBESPIERRE (1758-1794), Discours du 28 décembre 1792 au procès de Louis XVI

Quand le chef des Montagnards prend la parole, en commençant par « Citoyens… », c’est contre l’accusé, mais au nom de grands principes. L’Incorruptible, avocat de profession, n’est pas homme à « composer ». Quant à la clémence, elle n’est plus de mise, non plus que la simple déchéance du roi jadis envisagée. Robespierre votera donc la mort du roi.

« On ne peut point régner innocemment : la folie en est trop évidente. Tout roi est un rebelle et un usurpateur. »1471

SAINT-JUST (1767-1794), Question concernant le jugement de Louis XVI, 13 novembre 1792

Le jeune théoricien s’est exprimé sur le procès du siècle, avant le procès, comme Robespierre. Il a écrit en 1791, dans L’Esprit de la Révolution et de la Constitution en France : « Tous les crimes sont venus de la tyrannie qui fut le premier de tous. » Il votera évidemment pour la mort du roi. D’autres juristes auront des arguments moins juridiques.

« Louis doit mourir pour que la patrie vive. »1476

ROBESPIERRE (1758-1794), 3 décembre 1792

Dictionnaire critique de la Révolution française (1992), François Furet, Mona Ozouf

Mots prononcés au début du procès par l’avocat d’Arras. « Je n’ai pour Louis ni amour ni haine : je ne hais que ses forfaits… » En fait, le roi était jugé d’avance. La Révolution, c’est la souveraineté du peuple et elle ne peut composer avec la souveraineté du roi. Ce n’est pas l’homme Capet qui est en cause, aux yeux des théoriciens tels que Robespierre et Saint-Just, c’est l’extravagante condition du monarque. On peut seulement s’étonner de l’hypocrite humanité de Robespierre, déclarant dans le même discours : « J’abhorre la peine de mort prodiguée par vos lois. » La suite des événements et la Terreur apportent un démenti sanglant.

Révolution

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