Richelieu entre au Conseil du roi, 29 avril 1624.
Personnage de roman (dans les Trois Mousquetaires), mais la réalité a autant de talent que la fiction, à cette époque (voir la Chronique). Admiré autant que détesté, paradoxal et original à divers titres, ce sacré cardinal est sans doute notre plus grand ministre. À vous de juger, avec l’Histoire en citations.
Richelieu forme avec Louis XIII un couple disparate, uni à la vie à la mort pour le bien de la France, dans un « ministériat » de presque vingt ans : cas historiquement unique. (Les citations qui suivent, mises en situation, relèvent d’une dramaturgie politique et humaine bouleversante)
« Les quatre pieds carrés du cabinet du roi me sont plus difficiles à conquérir que tous les champs de bataille de l’Europe. »683
La France de Richelieu (1984), Michel Carmona.
Parole de stratège militaire et preuve du caractère de Louis XIII, prince jaloux de son autorité. Dans les derniers temps, il supporte mal l’autorité d’un ministre qu’il a cessé d’aimer, mais il le soutient jusqu’à la mort – et ne lui survivra d’ailleurs que quelques mois. « Vous m’avez pour second », dit-il parfois au cardinal. Malgré tous les périls, tous les drames et les complots, le couple résiste et le mérite en vient souvent au roi.
« Assurez-vous toujours de mon affection qui durera jusqu’au dernier soupir de ma vie. »703
LOUIS XIII (1601-1643), Lettre à Richelieu, 16 octobre 1629
Il lui doit la victoire contre les protestants, à la fin du siège de La Rochelle. Richelieu sera nommé « principal ministre d’État », le 21 novembre, duc et pair de France le 26. La fidélité à cette parole donnée demeure, mais Richelieu craint toujours le brusque revirement pouvant tout réduire à néant : sa mission, sa politique, sa carrière, sa fortune.
« C’est le plus grand serviteur que jamais la France ait eu. »706
LOUIS XIII (1601-1643), défendant le cardinal contre sa mère, le 11 novembre 1630
Marie de Médicis, complice de la reine, a tenté de perdre Richelieu son ancien protégé qui s’oppose à présent au parti dévot et à l’Espagne catholique. C’est l’épilogue imprévu de la « journée des Dupes ». Même le cardinal se croyait perdu.
« Ne craignez rien. Je serai votre second contre tout le monde, sans en excepter mon frère. Mon honneur y est engagé. »708
LOUIS XIII (1601-1643), à Richelieu, janvier 1631
Gaston d’Orléans (Monsieur, frère du roi), l’homme de tous les complots, avait fait irruption dans l’hôtel du cardinal et l’avait violemment menacé. Il doit quitter le royaume le 30 janvier 1631. « Le mal que l’on vous fera, je le regarderai comme fait à moi-même et je saurai vous venger. ».
« Je m’aperçois assez que l’on s’en prend au cardinal et qu’on ne s’ose plaindre de ma personne. Plus je verrai qu’on l’attaquera, cela sera cause que je l’aimerai davantage et porterai son parti. »709
LOUIS XIII (1601-1643), au sieur de La Barre Le Sec, 25 juillet 1631
Il était venu lui parler de la reine mère, Marie de Médicis. Prisonnière, évadée, à présent exilée hors de France, elle le restera jusqu’à sa mort à Cologne, en 1642. Le « parti des bons Français », celui des partisans de Richelieu, refusant l’immixtion de la religion dans les affaires de l’État, a définitivement gagné contre le parti dévot.
« Appauvri d’âme et de sang, le fils [d’Henri IV] traîna, bâilla sa vie ; et le plus grand service qu’il ait rendu à la France est d’avoir maintenu Richelieu au pouvoir. »679
BLAZE de BURY (1813-1888), Revue des deux mondes (15 août 1876)
Le roi a trouvé le grand conseiller de son règne dans la coterie de ceux dont il se méfiait le plus au monde : les favoris de la reine mère. Comprenant les vertus politiques de Richelieu, il l’a soutenu envers et contre tout et tous. À deux, un roi absolu et un ministre fidèle qui agit en son nom et en accord avec lui, ils inventent une forme de gouvernement : le ministériat. Louis XIII n’est pas le roi fantoche parfois dépeint. Mais il fait partie de la longue liste de « ces malades qui nous gouvernent ». La tuberculose dont il mourra l’épuise presque tout au long de sa vie.
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