Tops et Flops 2016, 4e épisode

Suite des Tops et des Flops 2016. Toujours des surprises, de bons Tops qui justifient l’entrée de Noms et de mots dans la nouvelle indexation de 2017. Et quelques flops décevants, explicables après coup et parfois excusables.

Top

« Ne dites jamais de mal de vous. Vos amis s’en chargeront toujours. »1787

TALLEYRAND

Dictionnaire des citations françaises, Jean-Yves Dournon

Le mot convient à ce cynique, sans illusion sur les hommes et très amateur de femmes (sans aucune misogynie).

Comme Clemenceau le « Tombeur de ministères », ce « Diable boiteux » est précieux par son rôle dans l’histoire et la qualité de ses citations. En vertu de quoi il prend place dans l’index de notre site.

Pas vraiment sympathique, cultivant presque tous les vices et boiteux (de naissance ou par accident), mais suprêmement intelligent et diablement diplomate. Il a le courage de rompre avec Napoléon et de résister à la tentation (bien payée) de redevenir son ministre des Relations extérieures. Né sous l’Ancien Régime, il servira sept régimes successifs et l’intérêt bien compris de la France. Un personnage à réhabiliter. Et à re-citer.

« L’histoire de France commence avec la langue française. La langue est le signe principal d’une nationalité. »391

Jules MICHELET, Histoire de France, tome III (1840)

L’historien a naturellement vocation à commenter l’histoire et Michelet est sans conteste le plus populaire - pas toujours auprès de ses confrères (jaloux ?), mais c’est un vulgarisateur génial et l’inventeur du « récit national ». Encore un Nom qui entre dans notre petit Panthéon (l’index 2017).

La langue française a une importance historique, pas seulement au niveau culturel. On en reparle aujourd’hui, à propos de l’identité nationale et même de la nationalité.

Pas de date de naissance précise, mais l’ordonnance de Villers-Cotterêts (édictée par François Ier en 1539 et qui réorganise la justice) impose le français au lieu du latin pour les ordonnances et les jugements des tribunaux. C’est quasiment un acte gouvernemental.

« Le fait que les partisans de droite et les partisans de gauche déclarent que j’appartiens à l’autre côté prouve […] que je ne suis pas d’un côté, je ne suis pas de l’autre, je suis pour la France. »2973

Charles de GAULLE, interview radiotélévisée, 15 décembre 1965

Ouf ! Voilà de Gaulle qui entre dans le Top !!! Pas pour sa meilleure citation, non, mais pour une vérité politique qui fait de lui le dernier grand homme de référence, dans notre histoire.

Incarner la France, c’est ici une façon de s’opposer aux partis qu’il méprise. Il n’est pas centriste, il n’est pas à côté des partis, il est au-dessus.

Il parle juste avant la présidentielle où il sera élu avec 54,5 % des voix au second tour. C’est presque le « commencement de la fin ». Le sauveur est désacralisé, le mythe gaulliste s’effondrera au surlendemain de Mai 68 (en 1969), avant de renaître.

Flop

« Le tirailleur sénégalais est un merveilleux mercenaire, puisqu’il a la vraie qualité du soldat, celle qui prime tout : l’aptitude à se faire tuer. »2401

L’Écho d’Oran, 25 décembre 1910

Une perle qui mêle racisme, colonialisme, reflet d’une époque ! Le flop, c’est mal payer ce mot qui tue davantage son auteur (un journaliste) que le tirailleur. N’avons-nous pas assez montré l’anachronisme du propos ? 

Petit rappel. Le corps des Tirailleurs sénégalais fut créé en 1857 par Louis Faidherbe, gouverneur général de l’AOF (Afrique de l’Ouest Française). Sur 212 000 Africains français engagés dans la Grande Guerre, on compte 163 000 combattants en France et 30 000 morts - naturellement ni plus ni moins aptes à se faire tuer que les Français « de souche ».

« Les Anglais ont été de tout temps les ennemis constants et implacables de notre sang et de notre maison ; nous n’en avons jamais eu de plus dangereux. »1135

LOUIS XV, Lettre à Ferdinand VI d’Espagne (un Bourbon, lui aussi arrière-petit-fils de Louis XIV), 1754

Ce roi de France n’est pas une grosse tête politique ni même un grand roi, mais il dit vrai. Bien avant l’Allemagne (qui n’existait pas en tant que nation), l’Angleterre fut notre ennemie dans nombre de guerres.

Pour preuve, la fameuse Guerre de Cent Ans qui ravage la France de 1337 à 1453. Les historiens parlent ensuite d’une seconde Guerre de Cent Ans, de 1688 à 1815. Et l’expression entre dans l’index.

Ça se terminera bien, par l’Entente cordiale (fait diplomatique) en 1843 et par l’Entente (militaire) dans les deux guerres mondiales du siècle dernier. Preuve qu’il ne faut jamais désespérer de l’histoire.

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