Tops et Flops 2016, 5e épisode

Suite des Tops et des Flops 2016. Trois noms célèbres sont remarqués à juste titre - pour le fond et pour la forme.

Deux flops s’expliquent peut-être par l’anonymat ou le défaut de notoriété. Mais l’histoire doit parfois laisser la place et la parole à des témoins plus modestes, à commencer par le Peuple.

Top

« Nos lois sont comme toiles d’araignes […] les petits moucherons et petits papillons y sont pris […] les gros taons les rompent […] et passent à travers. »405

RABELAIS, Le Cinquième livre (posthume)

Le bestiaire historique est un bon filon, toujours imagé, souvent humoristique. Rabelais est tout simplement le génie littéraire de la Renaissance, source de citations savoureuses. Enfin, l’inégalité devant la loi des Français qui ne sont pas encore des citoyens est une idée force qui mène à la Révolution.

Il n’en faut pas plus pour faire un Top. On retrouvera donc Rabelais, les bêtes, l’inégalité.

« Après le pain, l’éducation est le premier besoin d’un peuple. »1515

DANTON, Discours sur l’Éducation, 13 août 1793

Danton fait partie de bande des quatre révolutionnaires (avec Mirabeau, Marat et Robespierre) naturellement présents dans l’index, dès le début. Il y a une prime à la Révolution, période phare de notre histoire.

Danton, en quelques mots, l’incarne ici à divers titres. Il lance une idée nouvelle qui devra attendre la Troisième République pour se réaliser. Il parle au peuple et du peuple, comme Hugo le fera. Enfin, il est capable d’agir avec une incroyable brutalité (qui mène aux massacres de septembre, puis à la Terreur), dans le même temps qu’il raisonne en législateur.

« Vous êtes un voleur, un lâche, un homme sans foi. Vous ne croyez pas à Dieu ; vous avez toute votre vie manqué à tous vos devoirs, vous avez trompé, trahi tout le monde […] Tenez, Monsieur, vous n’êtes que de la merde dans un bas de soie. »1834

NAPOLÉON Ier à Talleyrand, Conseil des ministres restreint convoqué au château des Tuileries, 28 janvier 1809

Napoléon, auteur le plus cité, acteur le plus célèbre de l’Histoire. On dirait aujourd’hui qu’il n’a pas de surmoi et pas de langue de bois, d’où cette célèbre « merde dans un bas de soie ». Déjà présent dans l’index, au titre de « mot qui tue », mais la réponse de la victime vaut aussi d’être citée : « Quel dommage, Messieurs, qu’un si grand homme soit si mal élevé ! »

Le grand homme a des excuses : il tentait d’affermir le trône de son frère Joseph, malmené en Espagne, où il apprend que Talleyrand complote pour préparer sa succession – sans nouvelles de lui, on l’imagine victime de la guérilla qui fait rage. Il rentre aussitôt et injurie publiquement celui qu’il a fait prince de Bénévent.

Flop

« Si les jeunes ne croient à rien, c’est qu’on ne leur offre rien à quoi ils puissent croire. Quand on n’est pas digne d’avoir des opposants, on a des révoltés : ce sont les enfants du mensonge. »3136

Jean-François REVEL, L’Express, début mars 1972

Auteur peu connu (mais bon journaliste). Vrai, les « années de poudre » succèdent à Mai 68 et aux « années de rêve », les manifestations se font beaucoup plus violentes et les lycéens remplacent les étudiants.

Mais cette réalité est aujourd’hui dépassée, le temps des idéologies n’est plus. Flop ! Le fanatisme religieux est un autre problème, plus grave. Et c’est lui qui fait le « top ».

INTERDIT D’INTERDIRE.
CELUI QUI PEUT ATTRIBUER UN CHIFFRE À UN TEXTE EST UN CON.
QUAND LE DERNIER DES SOCIOLOGUES AURA ÉTÉ ÉTRANGLÉ AVEC LES TRIPES DU DERNIER BUREAUCRATE, AURONS-NOUS ENCORE DES PROBLÈMES ?3046

Slogans du 13 mai 1968

Dommage… Étonnant aussi.

Le premier slogan est (trop) connu, mais les deux autres relèvent d’une critique de l’enseignement aussi radicale qu’originale. Les murs ont du talent. Ils se sont beaucoup exprimé en ce printemps de 1968. On leur redonnera la parole !

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