Vergniaud : « Hommes de la Gironde, levez-vous ! […] »

La Révolution française est toujours en marche et chaque discours essentiel fait figure d’appel à la conscience politique, au meurtre ou à l’apaisement. Nous pourrions citer à l’infini les Mirabeau et Danton, Robespierre et Saint-Just, Marat et autres Noms. Voici un autre choix d’appels tout aussi représentatifs de la période.

À feuilleter pour tout savoir.

« Hommes de la Gironde, levez-vous ! […] Si vous développez une grande énergie, vous forcerez à la paix des hommes qui provoquent la guerre civile. »1501

Pierre Victurnien VERGNIAUD (1753-1793), appel au secours du 4 mai 1793

Histoire de Bordeaux (1839), Pierre Bernadau.

Marat, « l’Ami du peuple », est redevenu l’homme fort à l’Assemblée. Dans cette atmosphère sanglante, Vergniaud pressent le pire et demande soutien à son département, écrivant au club des Amis de la Constitution de Bordeaux et usant de l’anaphore (répétition) dans un beau discours.

Ses Frères et Amis de Bordeaux vont envoyer des pétitionnaires à Paris, pour faire entendre raison à l’Assemblée : la région ne supportera pas longtemps que ses députés soient persécutés, et si la Convention ne condamne pas les démagogues, elle lèvera une armée pour la combattre. Ces menaces vagues ne servent à rien : le temps de voir arriver les secours, les députés Girondins seront déjà à la merci des émeutiers parisiens.

« Si je n’ai pas répondu, c’est que la nature se refuse à répondre à pareille inculpation faite à une mère : j’en appelle à toutes celles qui peuvent se trouver ici. »1542

MARIE-ANTOINETTE (1755-1793), réplique à un juré s’étonnant de son silence au sujet de l’accusation d’inceste, Tribunal révolutionnaire, 14 octobre 1793

Appel bien reçu ! La reine déchue n’était plus qu’une femme et une mère humiliée, à qui l’on a enlevé son enfant devenu témoin à charge, évidemment manipulé. L’accusée retourne le peuple en sa faveur. Le président menace de faire évacuer la salle. La suite du procès est un simulacre de justice et l’issue ne fait aucun doute. Marie-Antoinette était condamnée d’avance par la Révolution, pour bien d’autres motifs politiques.

« Enfants de la Patrie, vous vengerez ma mort. »1552

Olympe de GOUGES (1755-1793), guillotinée le 3 novembre 1793. Son mot de la fin

Féministe ridiculisée de son temps, elle en appelle à l’avenir. Non sans raison. Sa popularité est devenue aussi remarquable que celle de Louise Michel, autre militante atypique sous la Commune. Pas encore panthéonisée, Olympe est cependant sur la liste d’attente de la « patrie reconnaissante ».

« Rhabillez-vous peuple français / Ne donnez plus dans les excès / De nos faux patriotes
Ne croyez plus / Qu’aller tout nus / Soit une preuve de vertu / Remettez vos culottes. »1621

DESPRÉAUX (1748-1820), Remettez vos culottes ou Conseils aux sans-culottes, chanson de l’automne 1795

Le titre annonce la couleur, l’appel prend ici la forme de l’humour - il faut que la France respire, le temps d’un drôle de régime, le Directoire. Mais ça ne va pas durer, l’Histoire est véritablement en marche et les idées sont parfois explosives.

« Peuple ! Réveille-toi à l’Espérance. »1643

Gracchus BABEUF (1760-1797), Le Tribun du Peuple, 30 novembre 1795

Ce révolutionnaire passa une partie de la Terreur en prison et fonde son journal au lendemain du coup d’État de thermidor (27 juillet 1794). Il y expose ses théories communistes, privilégiant la notion de lutte des classes et prônant une société des Égaux. Il se prépare à passer à l’action : un complot se trame contre le régime, la fameuse « conspiration des Égaux ».