3. Le lendemain à Paris. Le massacre continue… et va se prolonger les semaines qui suivent en de nombreuses régions, la haine répondant toujours à la haine entre les deux partis, catholiques et protestants, le peuple devenant tour à tour acteur et victime des tueries.
« La messe ou la mort. »530
(1550-1574), à Condé, le 24 août 1572
Précis de l’histoire de France jusqu’à la Révolution française (1833), Jules Michelet.
Encore un mot qui va trouver écho au fil des événements qui se précipitent !
Henri Ier de Bourbon-Condé a fait alliance avec son cousin Henri de Navarre, devenant l’un des chefs protestants les plus actifs. Il est mené devant le roi qui jure « par la mort Dieu » : il n’hésitera pas à faire tomber sa tête, s’il ne se convertit pas. « Je te donne trois jours pour changer d’avis […] Trois jours, après quoi il faudra choisir : la messe ou la mort. »
Henri de Condé va abjurer, comme Henri de Navarre, le futur Henri IV, et pour la même raison. La vie vaut bien une messe ! Mais ce genre de conversion sous la contrainte vaut peu et ne dure pas.
« La messe ou la mort » va devenir un mot d’ordre, la formule d’un exorcisme collectif, dans Paris où chaque Parisien se croit dépositaire de la justice divine, devant chaque huguenot fatalement coupable d’hérésie et traître au roi.
« Saignez, saignez, la saignée est aussi bonne au mois d’août qu’au mois de mai ! »527
Maréchal de TAVANNES (1509-1573), 24 août 1572
Ancien page de François Ier, gouverneur de Bourgogne où il se distingua par son fanatisme contre les réformés, il excite ses soldats au massacre de la Saint-Barthélemy, appelé la boucherie de Paris.
Selon le journal d’un bourgeois de Strasbourg, présent le 24 août : « Il n’y avait point de ruelle dans Paris, quelque petite qu’elle fût, où l’on n’en ait assassiné quelques-uns… Le sang coulait dans les rues comme s’il avait beaucoup plu. » Et l’historien Michelet évoque cette féroce jouissance à tuer.
Le livre de comptes de l’Hôtel de Ville de Paris inscrit 1 100 sépultures, l’historien contemporain Jacques Auguste de Thou écrit : 30 000 morts. Entre les deux, 4 000 morts est un bilan vraisemblable.
« Les Parisiens se mettent au pillage avec une extraordinaire avidité : bien des gens ne s’étaient jamais imaginé qu’ils pourraient posséder un jour les chevaux et l’argenterie qu’ils ont ce soir dans les mains. »528
Antonio Maria SALVIATI (1537-1602), nonce apostolique, lettre au pape Grégoire XIII
Correspondance du nonce en France, Antonio Maria Salviati : 1572-1578 (1975)
Salviati est Florentin et cousin de Catherine de Médicis. Il a intrigué, pour se faire envoyer à la cour de France. Arriver en cette année 1572 fait de lui un témoin privilégié d’une page d’histoire qui concerne par ailleurs le pape, même si le Saint-Siège n’est pour rien dans le massacre des protestants ! La correspondance de Salviati est un modèle d’ordre et de régularité. Une source précieuse pour les historiens, avec une partialité somme toute logique en faveur des catholiques.
Par ordre du gouvernement, la tuerie va s’étendre à tout le royaume.
« La haine et le fanatisme ne trouveront pas d’obstacle auprès de moi. Dieu seul est ma défense ! »531
Michel de L’HOSPITAL (vers 1504-1573)
Œuvres complètes de Michel de L’Hospital, chancelier de France (1824)
Après l’échec de sa politique de conciliation auprès de la régente, Catherine de Médicis, l’ancien chancelier vit retiré dans ses terres à Vignay (en Île-de-France).
Il a ouvert les portes de son château à une foule survoltée. Assiégé par des catholiques fanatiques, il refuse de se défendre par la force et manque d’être une des victimes de la Saint-Barthélemy, qui dégénère en nouvelle guerre civile.
Notre série de citations (sanglantes) sur la Saint-Barthélemy :
- Michel de L’Hospital : « Qu’y a-t-il besoin de tant de bûchers et de tortures ? »
- Charles IX : « Tuez-les, mais tuez-les tous… »
- Catherine de Médicis : « Il valait mieux que cela tombât sur eux que sur nous. »
- Michel de l’Hospital : « Périsse le souvenir de ce jour ! »
- Notre Chronique de citations sur les guerres de Religion
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