Chirac : « [Sarkozy est] nerveux, impétueux, ne doutant de rien et surtout pas de lui-même... » | L’Histoire en citations
Chronique du jour

 

Les années Chirac, Sarkozy et Hollande

Personnage de Nicolas Sarkozy

Les commentaires sont allégés, les coupes signalées (…) Retrouvez l’intégralité dans nos Chroniques de l’Histoire en citations.

« Nerveux, impétueux, ne doutant de rien et surtout pas de lui-même… »3325

Jacques CHIRAC (1932-2019), Mémoires, tome II, Le Temps présidentiel (2011)

Dans ce testament politique, l’ancien président juge celui en qui il plaçait tant d’espoir, et qui lui succède à la tête de l’État, en 2007.

Leur antagonisme est un fait politique, de notoriété publique. Thème théâtral, digne de Shakespeare ou Hugo, il inspire journalistes et biographes (…)

« Quand on a le sentiment que le temps est compté, on agit plus et plus vite. »3327

Nicolas SARKOZY (né en 1955), interview dans Le Monde, 17 juillet 2004

C’est le ministre de l’Économie, des Finances et de l’Industrie qui s’exprime. Mais le ministre de l’Intérieur agissait de même, et plus rien ne pourra freiner l’hyperactivité du président, perpétuellement en projet, en parole, en mouvement. « Impétueux », le mot de Chirac pour le définir, est repris par Catherine Nay pour titrer sa biographie de Sarkozy, en 2012.

L’impétueux assume, et comment ! « On dit “omniprésident”, oh ! Je préfère qu’on me dise ça, plutôt que “roi fainéant”… Ça au moins, à force d’écrire que j’en fais trop, on se pose pas la question de savoir ce que je fais. C’est arrivé dans l’histoire de notre pays. » Lors de ses vœux parlementaires du 7 janvier 2009, nul n’ignore que le « roi fainéant » vise Chirac – autre hyperactif, mais plus maîtrisé, plus âgé aussi (…)

« La crise morale française porte un nom : c’est la crise du travail. »3328

Nicolas SARKOZY (né en 1955), Le Monde, 23 janvier 2007

Parole de campagne (alors qu’il est ministre de l’Intérieur). Rappelons qu’il fut aussi ministre de l’Économie, des Finances et de l’Industrie.

Le travail est une valeur essentielle à la vie (et d’abord à la sienne) comme au pays. Il va décliner ce thème sur tous les tons : « Il faut tout faire pour que le travail rapporte davantage que l’assistance », « Je veux permettre à ceux qui veulent travailler plus pour gagner plus de pouvoir le faire », « On ne dira jamais assez le mal que les 35 heures ont fait à notre pays. Comment peut-on avoir cette idée folle de croire que c’est en travaillant moins que l’on va produire plus de richesses et créer des emplois ! » (…)

« L’autre jour, je m’amusais, on s’amuse comme on peut, à regarder le programme du concours d’attaché d’administration. Un sadique ou un imbécile, choisissez, avait mis dans le programme d’interroger les concurrents sur La Princesse de Clèves. Je ne sais pas si cela vous est souvent arrivé de demander à la guichetière ce qu’elle pensait de La Princesse de Clèves… Imaginez un peu le spectacle ! »3329

Nicolas SARKOZY (né en 1955), Meeting de Lyon, 23 février 2006

Le futur candidat à la présidentielle, par ailleurs chef de l’UMP, amuse ses troupes, avec La Princesse. Il va recommencer, avec des variantes. Succès facile… Avant, La Princesse n’était que l’héroïne quelque peu oubliée du premier roman moderne, dans la littérature française. Depuis, elle fait « le buzz » sur les médias.

Et la relation à la culture du Président s’est quelque peu modifiée. Il lit de grands écrivains, voit des films d’auteur. Sa troisième femme, Carla Bruni-Sarkozy, l’influence dans ce sens. Il change, du moins en apparence…

« J’ai changé […] J’ai changé parce que l’élection présidentielle est une épreuve de vérité à laquelle nul ne peut se soustraire. Parce que cette vérité je vous la dois […] Je la dois aux Français. »3330

Nicolas SARKOZY (né en 1955), au Congrès de l’UMP, 14 janvier 2007

La thématique du « changement » scande ses propos, des qu’il entre en campagne : « J’ai changé parce qu’à l’instant même ou vous m’avez désigné, j’ai cessé d’être l’homme d’un seul parti, fut-il le premier de France… » Et l’éternel battant fend déjà l’armure : « J’ai changé parce que les épreuves de la vie m’ont changé. On ne peut pas partager la souffrance de celui qui connaît un échec professionnel ou une déchirure personnelle, si on n’a pas souffert soi-même. J’ai connu l’échec, et j’ai du le surmonter. »

A peine est-il élu, la cote de popularité du « président bling-bling » s’effondre : il doit faire savoir qu’il a changé a nouveau. L’exercice du pouvoir l’a rendu meilleur, il a pris la pleine mesure de sa fonction. Son entourage passe le message (…)

« Mon élection aurait dû être le couronnement de ma vie, mais une partie de ma tête était ailleurs. Ma famille explosait. »3331

Nicolas SARKOZY (né en 1955), émission « Des paroles et des actes », France 2, 6 mars 2012

(…) Le Président passe aux aveux. Revenant sur les incroyables erreurs qui suivirent son élection le 6 mai 2007, ces péchés originels du quinquennat, il les associe à son ex-femme, Cécilia. Sans pouvoir l’accuser publiquement (…)

« À chaque faux pas, à chaque dérapage clinquant, à chaque revirement politique, le président a promis que, cette fois, il avait retenu la leçon et qu’il allait modifier son comportement. »3332

Arnaud LEPARMENTIER (né en 1967) et Vanessa SCHNEIDER (née en 1969), Le Monde, 18 février 2012

Au terme du quinquennat, la presse est sévère – hormis Le Figaro, inconditionnellement sarkozyste. Le Monde a une tradition de gauche, mais il reflète une opinion générale, confirmée par les sondages d’opinion (18 février 2012) : « Ce fut un immense malentendu. L’élection d’un homme qui allait briser les codes et incarner la rupture. Les Français ont élu Nicolas Sarkozy en 2007, ne sachant s’il était le néoconservateur libéral des années 2000 ou l’homme qui parlait depuis quelques mois dans ses discours à la France qui souffre, se référant à Blum et à Jaures. Ils ont découvert un président blingbling, qui avait passé la soirée de son élection au Fouquet’s et embarquait ensuite pour une croisière sur le yacht de son ami milliardaire… Double méprise, politique et personnelle. Double tromperie, sur laquelle il a fallu se justifier sans cesse. » (…)

« Fascination, défiance, répulsion… l’omniprésent président de la République nourrit depuis longtemps un lien puissant, passionné, quasi obsessionnel, au monde médiatique. Bête de scène, il est né et a grandi avec la télé, qu’il aime et qu’il regarde. Il en connaît les codes par coeur. »3333

Emmanuelle ANIZON (née en 1968), Télérama, 12 mars 2012

Ce show-man virtuose, doué d’une vitalité à toute épreuve, avec le bagou et le charisme canaille d’un Bernard Tapie, fait comme lui exploser l’audimat et s’en vante. Télérama en témoigne : « “Comment ne pas parler de Sarko ?” se demandaient les rédactions, prises en otage par les déplacements/ événements quotidiens de l’infatigable ministre de l’Intérieur, devenu candidat en 2006. » (…)

« Si Sarkozy existe en tant que phénomène social et historique, malgré sa vacuité, sa violence et sa vulgarité, nous devons admettre que l’homme n’est pas parvenu à atteindre le sommet de l’État malgré ses déficiences intellectuelles et morales, mais grâce à elles. »3334

Emmanuel TODD (né en 1951), Après la démocratie (2008)

Historien et politologue, il se montre également polémiste, pour faire de Sarkozy le reflet de notre société en crise : une clé du personnage et de sa trajectoire politique, parallèlement à l’émergence d’une Ségolène Royal, à gauche.

Le réquisitoire de cet intellectuel de gauche contre Sarkozy est sans appel : « C’est sa négativité qui a séduit. Respect des forts, mépris des faibles, amour de l’argent, désir d’inégalité, besoin d’agression, désignation de boucs émissaires dans les banlieues, dans les pays musulmans ou en Afrique noire, vertige narcissique, mise en scène publique de la vie affective et, implicitement, sexuelle : toutes ces dérives travaillent l’ensemble de la société française ; elles ne représentent pas la totalité de la vie sociale, mais sa face noire, elles manifestent son état de crise et d’angoisse » (…)

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