Clovis : « Il a été baptisé au nom de votre Christ. Il faudra donc qu'il meure... »

Les mères dans l’histoire. Un jour pour fêter les mères et une semaine pour voir leur place dans l’histoire - avant de replonger dans l’actualité politique.

Femmes sous représentées, sous estimées, victimes de misogynie ? Oui, mais les mères sont mieux traitées. L’Histoire en citations distingue d’abord des mères « historiques » - emblématiques à tel ou tel titre.

« Il a été baptisé au nom de votre Christ. Il faudra donc qu’il meure, comme meurt tout ce qui est voué à ce malfaisant personnage. »73

CLOVIS (vers 466-511), à Clotilde

Sainte Clotilde (1905), Godefroy Kurth.

Clotilde, première reine de France, est également sainte au calendrier (fêtée le 4 juin) et mère comme il se doit. Elle joue un rôle très important, aux origines de l’Histoire.

Clovis, roi des Francs, l’épouse en 493. C’est la nièce de Gondebaud, roi des Burgondes. Ça peut aider, dans la guerre des tribus… Chrétienne, Clotilde fait baptiser le fils né l’année suivante. L’enfant meurt bientôt, ce qui attire à la reine cette remarque de son époux, farouchement païen. Mais dans l’histoire, une victoire vaut bien une messe…

496, bataille de Tolbiac. Clovis s’apprête à repousser les Alamans (futurs Allemands), tribu germanique qui ne cesse de faire des incursions sur la rive gauche du Rhin. L’affrontement des deux armées tourne au massacre et Clovis redoute la défaite. Il lance au Ciel : « Dieu de Clotilde, si tu me donnes la victoire, je me ferai chrétien. » Le mot peut être légendaire, mais nombre de mots, présumés apocryphes, ont une valeur symbolique.

Clovis remporte la victoire. Il tarde ensuite à tenir sa promesse. Clotilde y veille personnellement, appuyée par Rémi, évêque de Reims… D’où le baptême de Clovis avec 3 000 de ses guerriers, le jour de Noël 496. Tous nos rois se feront baptiser à sa suite. La religion va désormais marquer l’histoire de France en maints épisodes, jusqu’au XXe siècle (séparation des Églises et de l’État en 1905).

Toutes les citations qui suivent
sont commentées dans nos Chroniques.

« J’ai de beaux enfants, par la Sainte Mère de Dieu ! Je les mettrai en gage, car je trouverai bien quelqu’un qui me prêtera dessus. »202

BLANCHE DE CASTILLE, au roi Philippe Auguste, janvier 1217

Blanche, femme du futur Louis VIII et belle-fille du roi, s’irrite de ce qu’il lui refuse argent ou hommes pour aider le prince Louis à prendre la couronne d’Angleterre à laquelle il peut prétendre. Femme de caractère, elle a gain de cause.

« La femme que vous haïssiez le plus est morte et vous en menez un tel deuil !
— Ce n’est pas sur elle que je pleure, sénéchal, mais sur le roi, mon époux, pour le chagrin que lui cause la mort de sa mère. »215

MARGUERITE DE PROVENCE répondant à JOINVILLE, fin novembre 1252

Blanche de Castille est morte. La reine est délivrée de la monstrueuse jalousie de sa belle-mère, mais Louis IX (futur saint Louis) est bouleversé, quand il append la nouvelle en Terre sainte, et sa femme en est témoin.

« Et tout bien débattu, depuis deux mille ans, n’a point été vue une si fière ni si cruelle bataille […] Au demeurant, Madame, faites bien remercier Dieu par tout le royaume de la victoire qu’il lui a plu nous donner. »441

FRANÇOIS Ier, Lettre à sa mère Louise de Savoie, au soir de Marignan, 14 septembre 1515

Fidèle épistolier, le « César triomphant » rend compte à Madame mère, régente quand il « s’en va-t-en guerre ». Belle et intelligente, avide et intrigante, elle exerça sur son fils adoré une influence politique souvent heureuse, parfois détestable.

« Dieu m’a laissée avec trois enfants petits et un royaume tout divisé, n’y ayant aucun à qui je puisse entièrement me fier. »499

CATHERINE DE MÉDICIS, Lettre à sa fille Élisabeth de France (reine d’Espagne), janvier 1561

Veuve d’Henri II mort en tournoi, la reine n’a plus qu’une ambition : assurer le règne de ses fils, faibles de caractère et minés par la tuberculose. Elle va manœuvrer entre les partis, intriguer avec les intrigants et vivre les guerres de Religion.

« France et vous valent mieux que Pologne. »540

HENRI III, Lettre à sa mère, Catherine de Médicis, 22 juin 1574

Élu roi de Pologne en 1573 grâce aux intrigues maternelles, il rentre avec joie au pays natal, auprès de cette mère dont il est sans conteste le fils préféré. Elle a mis tous ses espoirs en lui. Mais la France est en pleine guerre civile.