« Le gouverneur de Paris ne capitulera pas. »
(1815-1896), Affiche du 5 janvier 1871
L’Empire et la défense de Paris devant le jury de la Seine (1872), Louis Jules Trochu.
Serment du gouverneur militaire de Paris, qui préside en même temps le gouvernement de la Défense nationale. Et le moins qu’on puisse dire est qu’il fait preuve de passivité dans ce double rôle.
Alors que Gambetta, jeune tribun de choc, tente en vain de galvaniser la France profonde, aussi pacifiste qu’elle est peu républicaine, le vieux Thiers, envoyé en mission diplomatique par Jules Favre, fait la tournée des capitales européennes pour plaider la cause de la France contre la Prusse. Sans succès.
« D’vant l’boucher, d’vant l’boulanger,
On grelotte dans la rue :
Ni pain ni viand’ pour changer,
Mais quelqu’fois y’a d’la morue.
C’est dans l’plan de Trochu.
Refrain
Savez-vous l’plan de Trochu ?
Grâce à lui rien n’est fichu. »Le Plan de Trochu, chanson (1871) - « oeuvre collective des journalistes du Grelot ». Les Communards (1964), Michel Winock, Jean-Pierre Azéma
Paris trouve encore la force de rire et de chanter. Trochu, gouverneur de la capitale, est sa tête de Turc favorite, lui qui répète encore et toujours : « J’ai un plan, j’ai un plan. »
Rien moins que 30 couplets détaillent avec un humour parfois noir les misères quotidiennes des Parisiens. On voit aussi venir la défaite. « Le jour où Paris n’aura / Plus d’quoi nourrir une puce / S’disait chacun, l’on fera / Semblant d’se rendre à la Prusse / Ça doit être l’plan de Trochu. »
« Trochu : participe passé du verbe trop choir. »
Victor HUGO (1802-1885) à la démission du général Trochu, 22 janvier 1871
L’Année terrible (2009), Pierre Milza
Hugo ne va pas rater le mot, quand le général Trochu démissionne, après une résistance bien passive. Le gouverneur de Paris disposait sans doute des forces suffisantes pour résister, mais plus que la peur des Prussiens, il a la hantise des émeutes populaires – comme bien des bourgeois, et des paysans de l’époque. Les cris de « Vive la Commune » poussés à chaque émeute, terrorisent Trochu, ce conservateur timoré, qui se définit comme « Breton, catholique et soldat ».
Le 20 janvier, les Parisiens, affamés, désespérés, ont tenté une « sortie torrentielle » à l’Ouest, ils sont arrêtés à Buzenval. L’opération s’achève par une piteuse retraite, et 4 000 morts. Trochu se refuse à de nouveaux combats, qui « ne seraient qu’une suite de tueries sans but. » Il démissionne donc de son poste de gouverneur militaire de Paris en faveur du général Vinoy, le 22 janvier 1871 – nouveau jour d’émeute, 50 morts – avant de renoncer aussi à la présidence du gouvernement de la Défense nationale.
« On ne peut faire deux choses à la fois : tenir un fusil d’une main et un bulletin de vote de l’autre. »
Général TROCHU (1815-1896), janvier 1871. Histoire de la Troisième République, volume I (1973), Jacques Chastenet
On lui doit ce mot sur l’impopularité de certains rôles et l’inconfort de certaines situations historiques.
Rappelons qu’il fut à la fois gouverneur militaire de Paris et chef du gouvernement de la Défense nationale, dans la capitale assiégée et révoltée d’une France engagée dans une guerre déjà perdue avec la Prusse. Dans une telle situation, il aurait fallu un homme d’une autre trempe que Trochu.
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