« Le traité de Maastricht fait la quasi-unanimité... | L’Histoire en citations
Citation du jour

« Le traité de Maastricht fait la quasi-unanimité de l’ensemble de la classe politique. Les hommes politiques que nous avons élus sont tout de même mieux avertis que le commun des mortels. »

Élisabeth BADINTER (née en 1944), Vu de Gauche, septembre 1992

Le Bêtisier de Maastricht (1997), Jean-Pierre Chevènement.

C’est un argument. Mais Chevènement est résolument souverainiste, donc opposé à cette Union européenne trop fédéraliste, où la France risque de perdre son indépendance monétaire, financière, commerciale, juridique. Il milite donc pour le non, comme Séguin et Pasqua.

Cinq ans après le référendum, il s’est ingénié à collectionner les « perles » de campagne, chez les partisans du oui dans tous ses excès. Travail de mémoire, à la fois partial et sérieux, il fournit une mine de citations. Il pointe l’exaltation, la démesure des propos, la naïveté de cette propagande, durant l’été 1992. La plupart des médias et des politiques parlent dans le même sens, fait assez rare dans notre histoire !

« Maastricht constitue les trois clefs de l’avenir : la monnaie unique, ce sera moins de chômeurs et plus de prospérité ; la politique étrangère commune, ce sera moins d’impuissance et plus de sécurité ; et la citoyenneté, ce sera moins de bureaucratie et plus de démocratie. »

Michel ROCARD (né en 1930), Ouest-France, 27 août 1992

Michel Rocard, ex-Premier ministre de Mitterrand (de mai 1988 à mai 1991), sera député européen pendant quinze ans. Défenseur de l’Union, il persiste et il signe en 2012, expliquant toujours notre « besoin d’Europe », et militant pour le renforcement de cette construction économique et politique, qui nous protège.

Même langage de Martine Aubry : « L’Europe, ce sera plus d’emplois, plus de protection sociale et moins d’exclusion » (Béthune, 12 septembre 1992). Députée du Nord, ministre du Travail, de l’Emploi et de la Formation professionnelle dans le gouvernement d’Édith Cresson, aussi fervente européenne que son père, Jacques Delors.

« La France est une locomotive. Elle n’a pas le droit d’être dans le wagon de queue […] Le train de l’espoir ne passe pas deux fois. »

Jack LANG (né en 1939), RTL, 23 août 1992

Ministre de l’Éducation nationale et de la Culture, toujours lyrique, il plaide aussi au nom des pays non directement concernés : « Interrogez les peuples de Bosnie, de l’ex-Yougoslavie, de Pologne et des autres pays. Ils nous disent : “Chers amis français, entendez-nous. Apportez-nous votre soutien et votre oui. Ce sera un oui à la française, à l’amitié, à la paix, à l’union. Votre oui à l’union fera tache d’huile dans nos pays où nous souffrons tant”. Les gens qui sont aujourd’hui sous les bombes seraient désespérés si les Français tournaient le dos à l’unité européenne » (France-Inter,18 septembre 1992).

Argument prémonitoire : l’Europe qui s’ouvrira bientôt vers l’Est aidera ces peuples, devenus plus résolument européens que les autres.

Le débat intéresse les Français. Abstention plus faible qu’aux deux référendums précédents, mais le oui l’emporte de peu, ce 20 septembre : 51,05 % des suffrages exprimés, soit quelque 500 000 voix.

Seuls les Danois ont voté non. Après certains aménagements au traité, le oui l’emporte : 56,8 %, au second référendum du 18 mai 1993.

Le traité de Maastricht, ou Traité sur l’Union européenne (TUE), entre en vigueur le 1er novembre 1993. L’union monétaire deviendra effective pour 11 pays de l’Union, le 1er janvier 1999.

« Dès lors que, dans un territoire donné, il n’existe qu’une seule monnaie, les écarts de niveau de vie entre les régions qui le composent deviennent vite insupportables. Et en cas de crise économique, c’est le chômage qui s’impose comme seule variable d’ajustement. »

Philippe SÉGUIN (1943-2010), Discours à l’Assemblée nationale, 5 mai 1992

Voilà le péché originel de cette Europe nouvelle, qui instaure prématurément la création d’une monnaie unique (le futur euro), pièce maîtresse de la construction. Et l’argument économique, pessimiste en 1992, est devenu prémonitoire, avec la crise survenue en 2008, où nombre de pays européens s’enlisent. Il ébranle quelques consciences, mais la réforme de la Constitution indispensable pour que le traité s’applique va passer : par 398 voix contre 77 et 99 abstentions – plus du double de ce qu’espérait Séguin !

Et le président de la République accède à sa demande : les Français seront appelés à se prononcer sur le traité, par référendum.

Même battu par l’arithmétique, Séguin a gagné la bataille de l’opinion : ce sera lui, le leader du non, quand la campagne référendaire s’ouvrira, cet été.

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Feuilletez la Chronique sur la Ve République pour en savoir plus.

 

 

 

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