Les procès historiques sous l'Ancien Régime | L’Histoire en citations
Édito de la semaine

Le procès aux assises des attentats de janvier 2015 se tient à Paris du 2 septembre au 10 novembre 2020. Durant deux mois, il va partager l’actualité avec la crise sanitaire. Il entrera fatalement dans l’histoire.

2015. Le massacre commence le 7 janvier dans les locaux de Charlie Hebdo à Paris : les frères Kouachi, deux djihadistes français avérés, tuent 11 journalistes, plus un policer. En fuite, retranchés dans une imprimerie de Seine-et-Marne, ils sont abattus le 9 janvier par le GIGN.

Le 8 janvier, Amedy Coulibaly, proche des frères Kouachi, tue par balle une policière municipale à Montrouge. Le lendemain, il prend en otage les clients d’un Hyper-Cacher à la porte de Vincennes et en tue quatre, pour être finalement abattu par le RAID et la BRI. Au total 17 victimes (avec des blessés graves, des traumatisés à vie). L’émoi est considérable.

Dimanche 11 janvier, 44 chefs d’État défilent à Paris en même temps que 1 500 000 personnes. « Je suis Charlie », le mot est repris partout dans le monde avec des témoignages de solidarité populaire. Cette union sacrée sera de courte durée, mais la mémoire des attentats demeure.

Après cinq années d’instruction, le procès en cour d’assises doit déterminer la responsabilité des  14 accusés, avec de possibles failles dans les services du renseignement et le rôle de la prison dans la radicalisation des terroristes.

L’enjeu, c’est aussi la liberté d’expression, de parole et de conscience, cause sacrée dans la patrie des droits de l’homme – l’organisation terroriste Al Qaïda ayant attaqué la rédaction de l’hebdomadaire satirique pour ses caricatures du prophète de l’Islam Mahomet. Autres symboles visés : l’État et ses représentants, ainsi que la communauté juive.

Les médias britanniques, allemands et espagnols couvrent l’événement et le procès est filmé pour entrer dans les archives, en vertu de la loi Badinter de 1985 : «  une manière de souligner sa dimension historique  » dans l’histoire de la justice française.

L’Histoire de France est riche en procès plus ou moins historiques et en affaires propres à déchaîner les passions. L’Histoire en citations s’en fait l’écho, chaque cas étant le reflet plus ou moins dramatique d’une époque.

Sous l’Ancien Régime, nous faisons revivre dans ce premier édito les fameux et mystérieux Templiers ; Jeanne d’Arc, notre première héroïne nationale condamnée au terme de deux procès pour motif religieux ; Cinq-Mars, acteur du dernier complot au siècle de tous les complots ; l’affaire des Poisons qui terrifie le peuple et menace la cour du Roi-Soleil. Nous évoquons aussi l’Affaire Calas et les autres causes qui ont mobilisé Voltaire, notre premier « intellectuel engagé » contre l’intolérance religieuse.

De la Révolution à nos jours, dans le second édito, nous rappellerons en détail cinq procès historiques, avant de résumer en un mot (une citation) une dizaine d’autres affaires qui ont fait la une de l’actualité, sous la Quatrième et la Cinquième Républiques.

Au terme de ce panorama judiciaire, une conclusion heureuse s’impose : la Justice, si injuste soit-elle parfois, a fait d’incontestables progrès dans notre démocratie républicaine.

Toutes les citations de cet édito sont à retrouver dans nos Chroniques de l’Histoire en citations : en 10 volumes, l’histoire de France de la Gaule à nos jours vous est contée, en 3 500 citations numérotées, sourcées, contextualisée, signées par près de 1 200 auteurs.

I. Les grands procès sous l’Ancien régime.

1. L’Affaire des Templiers.

Premier grand procès de l’Histoire, c’est surtout une Affaire restée mémorable.

L’action se déroule sur sept ans (1307-1314), en plusieurs épisodes à rebondissements : suspense, mystère, complot, lutte pour le Pouvoir et l’Argent (le fameux « trésor des Templiers ») avec la duplicité de Philippe le Bel, grand roi notoirement « faux-monnayeur », le rôle de l’Inquisition (redoutable justice d’exception), les tergiversations du pape (Clément V, successeur de Boniface VIII) et l’attitude étonnante des Templiers. Accusés, ces moines soldats avouent tout, puis se rétractent, jusqu’au bûcher, spectacle ô combien populaire, avec la malédiction finale - et l’épilogue sous la Révolution, à la mort de Louis XVI !

Le procès de l’ordre des Templiers est aussi celui de la Justice inféodée au pouvoir royal et des relations toujours conflictuelles entre le royaume de France et le pape.

Cet authentique feuilleton médiéval a inspiré les Rois maudits, suite romanesque en sept volumes de l’académicien Maurice Druon, et deux mini-séries télévisées (la première, signée Claude Barma en 1972, reste à juste titre la plus marquante).

« Memento finis. »
« Songe à ta fin. »246

Devise des Templiers. Règle et statuts secrets des Templiers (1840), Charles Hippolyte Maillard de Chambure

On peut aussi la traduire par « Pense à ton but ».

Après sa lutte finalement victorieuse contre le Saint-Siège, puis sur les Flamands, la suppression de l’ordre des Chevaliers de la milice du Temple sera l’un des grands desseins du règne de Philippe le Bel. Et pourtant, tout commençait bien…

« Les œuvres de piété et de miséricorde, la libéralité magnifique qu’exerce dans le monde entier et en tout temps le saint ordre du Temple, divinement institué depuis de longues années, son courage […] nous déterminent justement […] à donner des marques d’une faveur spéciale à l’ordre et aux chevaliers pour lesquels nous avons une sincère prédilection. »247

PHILIPPE IV le Bel (1268-1314), Lettre datée de 1304. Histoire des sociétés secrètes, politiques et religieuses (1847), Pierre Zaccone

Les Templiers, premier ordre militaire d’Occident, créé en 1119 pour la défense des pèlerins, reviennent de Terre sainte d’où les derniers descendants des croisés ont été chassés. Ils se replient sur leurs possessions européennes, disposant par ailleurs d’une force armée considérable pour l’époque (15 000 lances).

Le roi leur octroie de nouveaux privilèges et songe même à entrer dans l’ordre, mais sa candidature est refusée – selon d’autres sources, le refus concerne le fils du roi.

« Chacun de vous fait profession de ne rien posséder en particulier, mais en commun vous voulez tout avoir. »248

Cardinal Jacques de VITRI (vers 1170-1240), aux chevaliers du Temple. Histoire de France depuis les origines jusqu’à la Révolution (1911), Ernest Lavisse, Paul Vidal de La Blache

Historien et prélat, contemporain de la quatrième croisade (1202-1204), Jacques de Vitri (ou Vitry) résume fort bien le paradoxe de l’ordre.

Devenus les banquiers des pèlerins et des marchands, puis des rois et des papes, souvent usuriers, les Templiers ont amassé des richesses immenses. Ainsi, un tiers de Paris – tout le quartier du Temple, qui a gardé ce nom – vit sous leur protection.

Leur fortune et leur puissance font bien des jaloux, leur arrogance est une injure aux pauvres, et leur sens du secret permet de tout imaginer.

« Boire comme un Templier. »
« Jurer comme un Templier. »249

Expressions populaires, au début du XIVe siècle. Le Livre des proverbes français, tome I (1842), Antoine-Jean-Victor Le Roux de Lincy

Dictons toujours en cours, même si on en oublie l’origine.

Ils donnent une faible idée des vices, crimes et péchés que la rumeur publique prêtait aux chevaliers. « Le Temple avait pour les imaginations un attrait de mystère et de vague terreur. Les réceptions avaient lieu, dans les églises de l’ordre, la nuit et portes fermées. On disait que si le roi de France lui-même y eût pénétré, il n’en serait pas sorti » (Jules Michelet, Histoire de France).

La rumeur est entretenue par le chancelier Nogaret. Le roi a décidé d’éliminer cet « État dans l’État », car les Templiers ne dépendent que de l’autorité du pape. Il veut aussi récupérer une part de leur fortune – le fameux « trésor ».

L’opération secrète sera vite et bien menée.

« L’an 1307 le 22 septembre, le roi étant au monastère de Maubuisson, les sceaux furent confiés au seigneur Guillaume de Nogaret ; on traita ce jour-là de l’arrestation des Templiers. »250

Registre du Trésor des Chartres. Histoire de France depuis les origines jusqu’à la Révolution (1911), Ernest Lavisse, Paul Vidal de La Blache

La répression est décidée : des plis scellés sont envoyés à l’adresse des baillis et sénéchaux des provinces. Chaque pli en contient un second également scellé, qui ne doit être ouvert que le 12 octobre. Ainsi le secret de l’opération contre les Templiers sera-t-il fort bien gardé, durant trois semaines.

Le 13 octobre 1307, les Templiers sont arrêtés dans l’enceinte du Temple à Paris, et pareillement saisis dans leurs châteaux en province. Ils n’opposent aucune résistance : l’effet de surprise est total, et la Règle des moines soldats leur interdit de lever l’épée contre un chrétien. Une douzaine a pu fuir ; les autres, environ 2 000, seront livrés à l’Inquisition.

« Cette engeance […] comparable aux bêtes privées de raison, que dis-je ? dépassant la brutalité des bêtes elles-mêmes […] commet les crimes les plus abominables […] Elle a abandonné son Créateur […] sacrifié aux démons. »251

PHILIPPE IV le Bel (1268-1314), parlant des Templiers. Les Templiers (1963), Georges Bordonove

On voit jusqu’où peut aller la duplicité de Philippe le Bel pour justifier une action injustifiable sur le plan de la pure équité ! L’affaire des Templiers va durer sept ans.

« Comment les Frères ont-ils été reçus au Temple ? […]
— Les a-t-on, après la cérémonie, emmenés derrière l’autel ou ailleurs, contraints de renier le Christ par trois fois et de cracher sur la Croix ? […]
— Les a-t-on ensuite dévêtus et baisés en bout de l’échine, sous la ceinture, sur le nombril et en la bouche, puis invités à pratiquer la sodomie ? »252

Questions posées aux Templiers, Tribunal de l’Inquisition, 19 octobre-24 novembre 1307. Les Templiers (1963), Georges Bordonove

Sur demande du chancelier Nogaret, l’Inquisition mène les interrogatoires. Cette juridiction ecclésiastique d’exception est compétente pour la répression des crimes d’hérésie et d’apostasie, les faits de sorcellerie et de magie.

138 Templiers comparaissent, sous l’accusation de mœurs obscènes, sodomie, hérésie, idolâtrie, pratique de messes noires.

« On n’entendait que cris, que gémissements de ceux qu’on travaillait, qu’on brisait, qu’on démembrait dans la torture. »253

Abbé René Aubert de VERTOT (1655-1735), Histoire des Chevaliers hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem (posthume, 1742)

Cet abbé fut le témoin des pratiques de l’Inquisition. Élongation, dislocation, brûlures, brodequins, chevalet, tels sont les moyens utilisés contre les accusés, en octobre et novembre 1307. L’inquisiteur de France, Guillaume de Paris, confesseur du roi, veille aux interrogatoires. Trente-six Templiers meurent sous la torture.

Face aux bourreaux, les Templiers avouent en masse, tout ce qu’on veut. Même le grand maître Jacques de Molay, vraisemblablement pas torturé. Ce qui donnera naissance au « mystère des Templiers » : étaient-ils si innocents ?

« Que le pape prenne garde […] On pourrait croire que c’est à prix d’or qu’il protège les Templiers, coupables et confès, contre le zèle catholique du roi de France. »254

Pierre DUBOIS (vers 1250-vers 1320), Pamphlet, 1308. La Magie et la sorcellerie en France (1974), Thomas de Cauzons

Avocat à Coutances, il écrit ces mots dans le dessein d’effrayer Clément V. Il conclut en clouant au pilori « les indécis [qui] sont les nerfs des testicules du Léviathan » ! Une image propre à faire trembler un pape hésitant par nature, bien embarrassé par l’affaire et par ailleurs malade.
Le pape s’était mollement et tardivement ému du destin des Templiers, leur redonnant quelque espoir en février 1308 : il suspend l’action des inquisiteurs et annule les procédures engagées par Philippe le Bel. Fureur du roi ! Et riposte. Pierre Dubois, avocat du roi, écrit donc à sa demande et le chancelier Nogaret manœuvre en coulisses.

Clément V, Français d’origine, se soumet bientôt à la volonté royale et abandonne les Templiers à leur sort, demandant seulement qu’on y mette les formes, d’un point de vue juridique. Il y aura donc un nouveau procès, et quelques bulles.

« Jamais je n’ai avoué les erreurs imputées à l’ordre, ni ne les avouerai. Tout cela est faux. »255

Frère BERTRAND de SAINT-PAUL (fin XIIIe-début XIVe siècle), 7 février 1310. Histoire vivante de Paris (1969), Louis Saurel

Avec lui, 32 Templiers veulent à présent défendre l’ordre, au second procès. Leur attitude a changé du tout au tout.

« J’avouerais que j’ai tué Dieu, si on me le demandait ! »256

Frère AYMERI de VILLIERS-LE-DUC (fin XIIIe-début XIVe siècle), 13 mai 1310. Histoire vivante de Paris (1969), Louis Saurel

Les Templiers qui ont avoué en 1307 vont se rétracter, au risque du bûcher. « J’ai reconnu quelques-unes de ces erreurs, je l’avoue, mais c’était sous l’effet des tourments. J’ai trop peur de la mort », ajoute Aymeri.

« Vox clamantis.  »
« La voix qui crie. »257

CLÉMENT V (vers 1264-1314), Bulle pontificale qui dissout l’ordre des Templiers, 3 avril 1312. Les Templiers (1963), Georges Bordonove

Acte juridique lu à l’ouverture de la deuxième session, au concile de Vienne : l’ordre a fini d’exister.

Notons que l’expression « Vox clamantis (in deserto) » – soit « La voix qui crie (dans le désert) » – est la réponse de Jean-Baptiste aux envoyés des Juifs venus lui demander « Qui es-tu ? » (Bible, Nouveau Testament, Évangile de Jean, 1, 23).

Par la bulle Ad providam du 2 mai, les biens des Templiers sont transmis aux Hospitaliers. Le roi, sous prétexte de dettes, en a déjà prélevé la plus forte part possible, mais le fameux « trésor » demeure toujours introuvable.

« Les corps sont au roi de France, mais les âmes sont à Dieu ! »258

Cris des Templiers brûlés vifs dans l’îlot aux Juifs, 19 mars 1314. Les Templiers (2004), Stéphane Ingrand

Cet îlot, à la pointe de l’île de la Cité, doit son nom aux nombreux juifs qui ont subi le supplice du bûcher. Le peuple est friand de ce genre de spectacle et les Templiers attirent la foule des grands jours. Cette citation entre dans une catégorie peu fournie : « mot de la fin collectif ».

Ils sont une trentaine de Templiers à rejoindre dans le supplice les deux principaux dignitaires, Jacques de Molay, le grand maître de l’Ordre, et Geoffroy de Charnay, le précepteur : après quatre ans de prison et de silence, ils ont proclamé leur innocence et dénoncé la calomnie, à la lecture publique de l’ultime sentence du 19 mars, sur le parvis de Notre-Dame, face à la foule amassée. C’est comme si le courage leur revenait soudain. Après sept ans d’« affaire des Templiers », le roi qui veut en finir a ordonné l’exécution groupée des plus « suspects », le soir même.

« Clément, juge inique et cruel bourreau, je t’ajourne à comparaître dans quarante jours devant le tribunal du souverain juge. »259

Jacques de MOLAY (vers 1244-1314), sur le bûcher dans l’îlot aux Juifs, île de la Cité à Paris, 19 mars 1314. Histoire de l’Église de France : composée sur les documents originaux et authentiques, tome VI (1856), abbé Guettée

Dernières paroles attribuées au grand maître des Templiers. Ce « mot de la fin » est l’un des plus célèbres de l’histoire, pour diverses raisons.

Quarante jours plus tard, le 20 avril, Clément V meurt d’étouffement, seul dans sa chambre à Avignon, comme aucun pape avant lui, ni après.

Autre version de la malédiction, tirée de la saga des Rois maudits de Maurice Druon et du feuilleton de télévision de Claude Barma qui popularisa l’affaire des Templiers au XXe siècle : « Pape Clément ! Chevalier Guillaume ! Roi Philippe ! Avant un an, je vous cite à comparaître au tribunal de Dieu pour y recevoir votre juste châtiment ! Maudits ! Maudits ! Tous maudits jusqu’à la treizième génération de vos races ! »

Nogaret est déjà mort, il y a un an, et il peut s’agir d’un autre Guillaume. Mais le pape va mourir dans le délai imparti, comme Philippe le Bel, suite à une chute de cheval à la chasse (blessure infectée, ou accident cérébral).
Plus troublant, le nombre de drames qui frapperont la descendance royale en quinze ans, au point d’ébranler la dynastie capétienne : assassinats, scandales, procès, morts subites, désastres militaires. Quant à la treizième génération… cela tombe sur Louis XVI, le roi de France guillotiné sous la Révolution.

2. Le procès de Jeanne d’Arc.

Comme pour les Templiers, cette affaire ne pouvait se passer qu’au Moyen Âge, la foi en Dieu étant la clé du mystère qui reste quand même entier, sur le personnage principal.

Le roi Charles VII n’a pas le beau rôle dans cette histoire, mais Jeanne, finalement vaincue par les Anglais, gagne au terme de ses deux procès suivis de son supplice le rang de sainte et de première héroïne nationale, incroyablement populaire. Elle va inspirer d’innombrables auteurs et artistes, mais aussi les historiens (à commencer par Jules Michelet, littéralement amoureux de la Pucelle) et les hommes politiques.

« Gentil roi, or est exécuté le plaisir de Dieu qui voulait que vous vinssiez à Reims recevoir votre saint sacre, en montrant que vous êtes vrai roi et celui auquel le royaume de France doit appartenir. »343

JEANNE d’ARC (1412-1431). Jeanne d’Arc (1860), Henri Wallon

Jeanne a tenu parole, Charles est sacré à Reims le 17 juillet 1429 par l’évêque Regnault de Chartres. Alors seulement, Charles VII peut porter son titre de roi. Plusieurs villes font allégeance : c’est « la moisson du sacre ».
Les victoires ont permis de reconquérir une part de la « France anglaise », mais Jeanne, blessée, échoue devant Paris en septembre. Après la trêve hivernale (de rigueur à l’époque), elle décide de « bouter définitivement les Anglais hors de France », contre l’avis du roi qui a signé une trêve avec les Bourguignons.

Le 23 mai 1430, capturée devant Compiègne, elle est vendue aux Anglais pour 10 000 livres, et emprisonnée à Rouen le 14 décembre. Les Anglais veulent sa mort. Les juges français veulent y mettre les formes.

« Jeanne, croyez-vous être en état de grâce ?
— Si je n’y suis, Dieu veuille m’y mettre ; si j’y suis, Dieu veuille m’y tenir. »344

JEANNE d’ARC (1412-1431), Rouen, procès de Jeanne d’Arc, 24 février 1431. Jeanne d’Arc (1888), Jules Michelet, Émile Bourgeois

Jeanne va subir une suite d’interrogatoires minutieux et répétitifs, en deux procès. Les minutes sont les sources originales et précieuses, mais la traduction du vieux français est plus ou moins fidèle et claire. D’où le recours à diverses sources, pour plus de clarté.

Son premier procès d’« inquisition en matière de foi » commence le 9 janvier 1431, sous la présidence de Pierre Cauchon, évêque de Beauvais (diocèse où elle a été faite prisonnière). Ce n’est pas sa personne que l’Église veut détruire, c’est le symbole, déjà très populaire.

Qu’est-ce que l’Église lui reproche ? Le port de vêtements d’homme, sacrilège à l’époque, une tentative de suicide dans sa prison, et ses visions considérées comme une imposture ou un signe de sorcellerie.

Jeanne est seule, face à ses juges. Charles VII, qui lui doit tant, et d’abord son sacre, l’a abandonnée. Il ne lui reste plus que sa foi, son Dieu. Elle va résister, jusqu’au 24 mai.

[Question à l’accusée] « Dieu hait-il les Anglais ?
— De l’amour ou de la haine que Dieu a pour les Anglais, je n’en sais rien ; mais je sais bien qu’ils seront tous boutés hors de France, excepté ceux qui y périront. »345

JEANNE d’ARC (1412-1431), Rouen, procès de Jeanne d’Arc, interrogatoire du 17 mars 1431. Dictionnaire de français Larousse, au mot « bouter »

Pour Pierre Cauchon, rallié à la couronne d’Angleterre comme un tiers de la France à cette époque, Jeanne est rebelle au pouvoir légitime, au terme du traité signé et ratifié par les deux pays en 1420.

Le procès se déroule selon les règles – de peur d’une annulation ultérieure. Mais la partialité est évidente dans la conduite des interrogatoires et dans la manière dont on abuse de l’ignorance de Jeanne, qui n’a pas 20 ans. Et la simplicité de ses réponses est admirable.

« Me racontait l’ange, la pitié qui était au royaume de France. »346

JEANNE d’ARC (1412-1431), Rouen, procès de Jeanne d’Arc, 9e interrogatoire du 15 mars 1431. Dictionnaire de français Larousse, au mot « pitié »

Elle évoque longuement et à plusieurs reprises ses voix, et rapporte ce que lui disait saint Michel. L’extrême piété est ce qui frappe le plus, dans les témoignages relatifs aux premières années de Jeanne.

[Question à l’accusée] « Pourquoi votre étendard fut-il porté en l’église de Reims au sacre, plutôt que ceux des autres capitaines ?
— Il avait été à la peine, c’était bien raison qu’il fût à l’honneur. »347

JEANNE d’ARC (1412-1431), Procès, 9e interrogatoire du 15 mars 1431. Dictionnaire de français Larousse, au mot « peine »

Le calme bon sens de la jeune fille l’emporte sur tous les pièges du frère. Le théâtre et le cinéma ont repris, presque au mot à mot, ce dialogue.

« Nous sommes perdus, nous avons brûlé une sainte. »348

Secrétaire du roi d’Angleterre, après l’exécution de Jeanne, Rouen, 30 mai 1431. Histoire de France, tome V (1841), Jules Michelet

Le mot est aussi attribué à l’évêque de Beauvais, Pierre Cauchon.

En fin de procès, le 24 mai, dans un moment de faiblesse, Jeanne abjure publiquement ses erreurs et accepte de faire pénitence : elle est condamnée au cachot. Mais elle se ressaisit et, en signe de fidélité envers ses voix et son Dieu, reprend ses habits d’homme, le 27 mai. D’où le second procès, vite expédié : condamnée au bûcher comme hérétique et relapse (retombée dans l’hérésie), brûlée vive sur la place du Vieux-Marché à Rouen, ses cendres sont jetées dans la Seine. Il fallait éviter tout culte posthume de la Pucelle, autour des reliques.

Jeanne ne sera béatifiée qu’en 1909, et canonisée en 1920. Mais Charles VII ayant repris Rouen ordonnera le procès du procès, qui casse en 1456 le premier jugement, et réhabilite la mémoire de Jeanne.

« Souvenons-nous toujours, Français, que la patrie, chez nous, est née du cœur d’une femme, de sa tendresse, de ses larmes, du sang qu’elle a donné pour nous. »349

Jules MICHELET (1798-1874), Jeanne d’Arc (1853)

Charles VII qui n’a rien tenté pour sauver Jeanne, fit procéder à une enquête quand il reconquit Rouen sur les Anglais. Le 7 juillet 1456, on fit le procès du procès, d’où annulation, réhabilitation.

Princesse (bâtarde de sang royal) ou simple bergère de Domrémy, petit village de la Lorraine, le mystère nourrit la légende, et la fulgurance de cette épopée rend le sujet toujours fascinant, six siècles plus tard. La récupération politique est une forme d’exploitation du personnage, plus ou moins fidèle au modèle.

L’histoire de Jeanne inspirera aussi d’innombrables œuvres littéraires, cinématographiques et artistiques, signées : Bernard Shaw, Anatole France, Charles Péguy, Méliès, Karl Dreyer, Otto Preminger, Roberto Rossellini, Robert Bresson, Luc Besson, Jacques Rivette, Jacques Audiberti, Arthur Honegger, etc. Et L’Alouette de Jean Anouilh : « Quand une fille dit deux mots de bon sens et qu’on l’écoute, c’est que Dieu est là. […] Dieu ne demande rien d’extraordinaire aux hommes. Seulement d’avoir confiance en cette petite part d’eux-mêmes qui est Lui. Seulement de prendre un peu de hauteur. Après Il se charge du reste.

3. L’Affaire Cinq-Mars.

Cette affaire et ce procès illustrent parfaitement cette période charnière de l’histoire de France, avec le « ministériat » de Richelieu et Louis XIII unis pour le bien de la France et sous le signe de la « raison d’État » : règne de tous les complots les plus romanesques (Dumas n’est pas le seul à en profiter), c’est la dernière étape avant la monarchie absolue de Louis XIV.

« Tant plus on témoigne l’aimer et le flatter, tant plus il se hausse et s’emporte. »729

LOUIS XIII (1601-1643). Cinq-Mars ou la passion et la fatalité (1962), Philippe Erlanger

Il parle à Richelieu de son favori, Henri Coiffier de Ruzé d’Effiat, marquis de Cinq-Mars.

Et Cinq-Mars va conspirer contre Richelieu, avec son ami et complice le magistrat de Thou, le duc de Bouillon et l’inévitable frère du roi, Gaston d’Orléans, qui a cherché alliance auprès des Espagnols. L’affaire Cinq-Mars, dernier grand complot du règne, attriste les derniers mois du cardinal, épuisé à la tâche, rongé par un ulcère.

« Je me rends, parce que je veux mourir, mais je ne suis pas vaincu. »730

Marquis de CINQ-MARS (1620-1642). Les Grands Procès de l’histoire (1924), Me Henri Robert

C’est aussi le héros revu, corrigé, idéalisé, immortalisé par Alfred de Vigny dans son roman historique, Cinq-Mars, ou une conjuration sous Louis XIII (1826), inspiré de Walter Scott.

Le comte de Vigny, jeune officier et poète romantique, en fait le symbole de la noblesse humiliée par la monarchie absolue : grand écuyer, favori de la Reine, passionnément attaché aux prérogatives de sa caste, bravant les édits de Richelieu (comme témoin à un duel interdit), il s’apprête, avec la complicité des Espagnols et l’appui de la reine Anne d’Autriche, à écarter le trop puissant cardinal qui a tout pouvoir sur un roi trop faible – cet argument a déjà joué, dans la journée des Dupes.

La conjuration est dénoncée. Le cardinal triomphe. « Cinq-Mars sourit avec tristesse et sans amertume, parce qu’il n’appartenait déjà plus à la terre. Ensuite, regardant Richelieu avec mépris », il a cette phrase.

La réalité est quelque peu différente du roman, mais pas moins dramatique.

« Je voudrais bien voir la grimace que Monsieur le Grand doit faire à cette heure. »731

LOUIS XIII (1601-1643), à Paris, apprenant l’exécution de son favori à Lyon. Historiettes : mémoires pour servir à l’histoire du XVIIe siècle (posthume, 1834), Tallemant des Réaux

Monsieur le Grand, c’est Cinq-Mars. Il a 22 ans. Condamné à mort, il est décapité à Lyon, le 12 septembre 1642.

Le marquis de Cinq-Mars était le favori du roi et c’est Richelieu qui organisa la rencontre trois ans plus tôt, pour distraire un souverain fatigué, malade. Le jeune homme est comblé d’honneurs, mais ce n’est jamais assez. Il cède alors à la tentation du complot, avec le soutien de Philippe IV d’Espagne, toujours en guerre contre la France. En échange, les conjurés lui promettent la restitution de toutes les villes conquises et la victoire ! On projette aussi de s’emparer du cardinal, et même de le tuer.

Cinq-Mars recule au dernier moment (Richelieu étant avec son capitaine des gardes), mais une copie du traité félon l’accuse. Richelieu en fait part à Louis XIII et le roi ne peut pardonner une si grave traîtrise à son favori. Ne parlons pas d’injustice : la raison d’État impose sa loi.

4. L’Affaire des poisons.

Procès très daté, comme l’Affaire Cinq-Mars, mais fait divers incroyable, quoique parfaitement documenté ! Louis XIV aurait pu être victime de cette histoire, mais dès qu’il est mis au courant, il prend l’affaire en main, crée la « Chambre ardente »…  et décide d’étouffer le scandale.

L’affaire se solde quand même par 36 condamnations à mort – plus que les Templiers.

« La duchesse de Bouillon alla demander à la Voisin un peu de poison pour faire mourir un vieux mari qu’elle avait qui la faisait mourir d’ennui. »884

Marquise de SÉVIGNÉ (1626-1696), Lettre, 31 janvier 1680 (posthume)

Le fait divers va devenir affaire d’État – c’est l’affaire des Poisons, première ombre portée au règne du Roi-Soleil. L’infatigable épistolière nous met dans la confidence, avec gourmandise. L’affaire est d’importance et d’une complexité rare.

Tout commence quatre ans plus tôt, avec la marquise de Brinvilliers : accusée d’avoir empoisonné père, frère et autres « gêneurs » de la famille pour hériter, elle reconnaît ses crimes, mais déclare qu’« il y avait beaucoup de personnes engagées dans ce misérable commerce de poison, et des personnes de condition », sans donner de nom. Elle est jugée, condamnée, décapitée, puis brûlée le 17 juillet 1676.

Suite aux aveux de la marquise, La Reynie, lieutenant général de la police, est chargé d’enquêter en 1677. On découvre dans le milieu des diseuses de bonne aventure, devins et autres sorciers, un véritable réseau de fabricants et marchands de drogues. Les plus efficaces, arsenic en tête, sont appelées plaisamment « poudres de succession ». Panique dans la population : on voit l’œuvre des empoisonneuses dans le moindre décès prématuré. On apprend parallèlement la pratique des avortements et des messes noires. Et cela concerne tous les milieux, à Paris comme en province.

Le scandale grandit, le nombre des inculpés aussi.

En 1679, le roi institue une cour extraordinaire de justice pour juger de ces crimes : Chambre ardente, qui siège dans une pièce tendue de draps noirs, éclairée par des flambeaux. On la nomme « cour des poisons ». Louvois ne serait pas fâché d’éliminer ainsi certains de ses ennemis. Mais le scandale éclabousse la cour : la duchesse de Bouillon dont parle Mme de Sévigné – la plus jeune des nièces de Mazarin. Et aussi la comtesse de Soissons (autre « mazarinette »), la comtesse de Gramont, la vicomtesse de Polignac, le duc de Vendôme, le maréchal de Luxembourg (jadis alchimiste en amateur), le grand Racine (soupçonné d’avoir empoisonné par jalousie sa maîtresse, la comédienne Du Parc)… et jusqu’à la favorite en titre du roi.

« Toutes les fois qu’elle [Mme de Montespan] craignait quelque diminution aux bonnes grâces du Roi, elle donnait avis à ma mère afin qu’elle y apportât quelque remède. »885

Marie-Marguerite MONVOISIN (1658- ??), belle-fille (et complice) de la Voisin. Le Drame des poisons (1900), Frantz Funck-Brentano

La Voisin (du nom de son mari, le sieur Monvoisin), née Catherine Deshayes, est bien connue dans le quartier Saint-Denis (lieu de tous les trafics), comme marchande de beaux effets pour nobles dames, mais aussi avorteuse.

Accusée d’avoir pratiqué la sorcellerie et fourni des poisons, le Voisin ne donnera pas le nom de la maîtresse royale, mais sa belle-fille met en cause Mme de Montespan. Elle aurait donné au roi des « remèdes », en fait des aphrodisiaques peu ragoûtants (fœtus séchés, sperme de bouc, bave de crapaud, poussière de taupes desséchées, sang de chauve-souris, semence humaine et sang menstruel) qui ont ébranlé sa santé pourtant robuste. On parle aussi de messes noires où, dit-on, des enfants sont égorgés sur l’autel du diable.

La Voisin, main coupée, subit la question, avant d’être brûlée en place de Grève, le 22 février 1680, et la « fille Monvoisin » sera enfermée à la citadelle Vauban de Belle-Isle.

« S’il est périlleux de tremper dans une affaire suspecte, il l’est encore davantage de s’y trouver complice d’un grand : il s’en tire et vous laisse payer doublement, pour lui et pour vous. »886

Jean de LA BRUYÈRE (1645-1696), Les Caractères (1688)

Premier styliste de notre littérature, moraliste et observateur des Mœurs du siècle (sous-titre des Caractères), il doit son succès à cette seule œuvre.

L’affaire des Poisons allait compromettre trop de monde à la cour. Et Louis XIV est horrifié : sa maîtresse lui aurait donc fait absorber des philtres d’amour, manigancé la mort de Mme de Fontanges (sa nouvelle favorite) et la stérilité de la reine !…

Le roi suspend les interrogatoires. L’enquête publique est fermée, il fait brûler les dossiers, jetant lui-même au feu de la cheminée les pages compromettant son ex-favorite. La Chambre ardente aura siégé trois ans ! Au final, 36 condamnations à mort prononcées et appliquées.

Mme de Montespan, qui a perdu la faveur du roi, ne quittera la cour qu’en 1691. Mais Louis XIV ne va plus avoir de commerce amoureux qu’avec la très catholique Mme de Maintenon, en cela du moins au-dessus de tout soupçon.

5. Le combat de Voltaire : Affaire Calas et autres erreurs judiciaires indignes du siècle des Lumières.

Premier « intellectuel engagé » de notre histoire, Voltaire trouve une cause à la mesure de son indignation : l’intolérance religieuse. Il va mettre à son service tout ce qu’il a de relations et d’influence, à 60 ans. On peut reprocher au courtisan certaines compromissions, on ne peut que saluer son courage et sa ténacité, dans ces affaires judiciaires.

« Il vaut mieux hasarder de sauver un coupable que de condamner un innocent. »1023

VOLTAIRE (1694-1778), Zadig ou la destinée (1747)

Ainsi parle Zadig, « celui qui dit la vérité », alias Voltaire. Quand la Révolution mettra au Panthéon le grand homme, sur son sarcophage qui traverse Paris le 11 juillet 1791, on lira : « Il défendit Calas, Sirven, La Barre, Montbailli. »

Plus que le philosophe réformateur ou le théoricien spéculateur, la Révolution honore l’« homme aux Calas », l’infatigable combattant pour que justice soit faite.

Dans son Dictionnaire philosophique et en divers essais, il se bat pour une réforme de la justice, dénonce les juges qui achètent leurs charges et n’offrent pas les garanties d’intelligence, de compétence et d’impartialité, se contentant de présomptions et de convictions personnelles. Il réclame que tout jugement soit accompagné de motifs et que toute peine soit proportionnelle au délit.

« Tout ce que je vois jette les semences d’une révolution qui arrivera immanquablement et dont je n’aurai pas le plaisir d’être témoin. Les Français arrivent tard à tout, mais enfin, ils arrivent […] Les jeunes gens sont bienheureux ; ils verront de belles choses. »1172

VOLTAIRE (1694-1778), Lettre au marquis de Chauvelin, 2 avril 1764, Correspondance (posthume)

Sexagénaire, riche et célèbre, le patriarche de Ferney reçoit tout ce que le siècle des Lumières compte d’écrivains, de princes, d’admirateurs. Mais l’« aubergiste de l’Europe » ne se contente pas d’écrire, de « cultiver son jardin » et d’observer le monde comme il va. Il se bat pour plus de justice, faisant appel à ses amis influents, dont le ministre Choiseul et le duc de Richelieu, afin d’obtenir la révision du procès Calas.

La mise en cause des mécanismes judiciaires, une des plaies de l’Ancien Régime, est en soi un acte révolutionnaire, à l’époque. Et l’attitude courageuse de Voltaire fait de lui le premier de nos « intellectuels engagés ».

« Je sème un grain qui pourra produire un jour une moisson. »1176

VOLTAIRE (1694-1778), Traité sur la tolérance (1763)

Il écrit ce traité pour Calas et pour que justice soit rendue. Il ajoute : « Attendons tout du temps, de la bonté du roi, de la sagesse de ses ministres, et de l’esprit de raison qui commence à répandre partout sa lumière. »

Deux ans après, c’est la réhabilitation de Calas ! Les mêmes mots se retrouvent alors dans ses Lettres, avec cette conclusion : « Il y a donc de la justice et de l’humanité chez les hommes. »

Le Grand Conseil, le 9 mars 1765, à l’unanimité des quarante juges, s’est donc prononcé en faveur du négociant protestant, victime d’une des plus graves erreurs judiciaires du siècle. Au terme de trois ans de lutte, c’est une victoire personnelle du philosophe et le triomphe de la justice sur des institutions judiciaires souvent incompétentes, d’autant plus partiales que l’accusé n’était pas de religion catholique !

L’auteur va continuer de s’engager dans les grandes affaires de son temps. À 60 ans passés, Voltaire sait abandonner une œuvre en cours, pour sauver un innocent, ou du moins sa mémoire. Alors que Rousseau, auteur de l’Émile, traité sur l’éducation, abandonne à l’Assistance publique les cinq enfants qu’il fait à une servante illettrée.

« On dit que cet infortuné jeune homme est mort avec la fermeté de Socrate ; et Socrate a moins de mérite que lui : car ce n’est pas un grand effort, à soixante et dix ans, de boire tranquillement un gobelet de ciguë ; mais mourir dans les supplices horribles, à l’âge de vingt et un ans… »1180

VOLTAIRE (1694-1778), Lettre à M. le Comte d’Argental, 23 juillet 1766, Correspondance (posthume)

Il prend cette fois parti pour le chevalier de la Barre : accusé sans preuve de blasphèmes, chansons infâmes et profanations, et de ne pas s’être découvert lors d’une procession de la Fête-Dieu, il fut condamné à avoir la langue coupée, la tête tranchée, le corps réduit en cendres avec un exemplaire du Dictionnaire philosophique trouvé chez lui, le 1er juillet 1766. C’est dire si l’auteur, défenseur des droits de l’homme, se sent doublement concerné ! Comme pour Calas, Voltaire va demander la révision du jugement.

Lire la suite : les procès historiques, de la Révolution à nos jours

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