L’Histoire en chantant (de la Fronde au Siècle des Lumières) | L’Histoire en citations
Édito de la semaine

 

Chaque époque donne le ton, d’où l’extrême diversité de ce résumé chantant qui alterne à l’infini comique et tragique, populaire et poétique, avec une dose de fantaisie propre à l’esprit français.

Quelques constantes en font l’originalité.

  • Le peuple est le premier acteur de cette histoire, qu’il s’exprime dans le répertoire des traditionnelles chansons populaires ou dans le registre patriotique des chants de guerre. Mais ballades et chansons de geste furent aussi à la mode, en leur temps.

  • Beaucoup de titres sont anonymes, à commencer par les quelque 6 500 mazarinades chantées sous la Fronde contre Mazarin qui bat tous les records d’impopularité. De manière plus générale, « en France et sous nos rois, la chanson fut longtemps la seule opposition possible ; on définissait le gouvernement d’alors comme une monarchie absolue tempérée par des chansons. » (Eugène Scribe). Cet anonymat perdure bien après la Révolution, aussi longtemps qu’il y aura censure, au XIXe siècle et au-delà. Dernier cas, le Déserteur pendant la guerre d’Indochine (1954), mais le texte est signé (Boris Vian et Serge Reggiani).

  • La chanson sous toutes ses formes reste malgré tout un espace de liberté d’expression et reflète l’opinion publique, bien avant la grande presse créée au XIXe siècle, les sondages nés à la veille de la Seconde Guerre mondiale et les réseaux sociaux, inventions de notre siècle.

  • La Révolution est toujours la « grande époque » de l’Histoire (en chantant, en citations et en général). Deux « tubes » sont nés : la Marseillaise et le Ça ira. Leur petite histoire vous réserve des surprises… Surprise aussi de trouver Il pleut, il pleut bergère, entre quelques dizaines de titres de circonstance à découvrir.

  • La Commune de Paris, autre paroxysme héroïque, nous offre l’Internationale au destin historique mondial… et le Temps des cerises au sens resté mystérieux.

  • Les guerres sont toujours très chantées à divers titres et sur divers tons. Signalons un doublon « bon enfant » avec la Madelon, deux versions, 1914 et 1918, confondues par Clemenceau lui-même,  chargé de décorer l’auteur de la seconde…

L’apparition des chansons et des chanteurs engagés donne un tout autre ton à la Quatrième et la Cinquième Républiques. C’est l’âge d’or de la chanson française et l’embarras du choix grandit avec quelques « standards » incontournables des protest songs venus d’Amérique.

Là encore, quelques surprises. À côté des Ferré, Ferrat, Brel, Brassens et autres artistes engagés à divers propos (peine de mort, racisme, homophobie, émigration, écologie, anarchie, féminisme…), on découvre Johnny Halliday avec un titre tout à son honneur et à celui de son auteur (Philippe Labro).

Plus d’une centaine de vidéos YouTube servent d’illustration sonore à cette Histoire en chantant.

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La Fronde : 6 500 mazarinades pour un quinquennat explosif !

« Un vent de Fronde
S’est levé ce matin
Je crois qu’il gronde
Contre le Mazarin. »744

Paul SCARRON (1610-1660), mazarinade. Poésies diverses : la mazarinade, Virgile travesti, roman comique

Tout-puissant ministre, Mazarin sera l’homme d’État le plus durement chansonné de l’histoire de France durant la Fronde et Scarron, le principal auteur osant signer ses mazarinades. Celle-ci, selon d’autres sources, est également attribuée à Barillon l’aîné.

Le premier coup de force du Parlement de Paris, exploitant la crise financière et le mécontentement général, a mis le feu aux poudres. Car les causes du mouvement sont profondes, à la fois politiques, économiques, sociales.

Sous la régence d’Anne d’Autriche et sur fond de guerre étrangère avec l’Espagne, la France fragilisée, Paris en tête, va se déchaîner dans un tourbillon révolutionnaire où les parlements, le peuple et les Grands se relaient. La cible numéro un est le cardinal au pouvoir, l’amant (supposé) de la Reine, l’Italien (naturalisé), le parvenu (enrichi), l’homme à abattre : Mazarin.

Succédant au cardinal de Richelieu, il est également détesté en raison de la crise des subsistances et de la lourdeur des impôts nécessaires pour financer la guerre. Le peuple taillable et corvéable à merci chante : « Pour payer les subsides / J’ai vendu mon godet / Ma poêle, ma marmite / Jusques à mon soufflet / Moi, pour payer les tailles / J’ai vendu mes moutons / Je couche sur la paille / Je n’ai pas le teston [monnaie royale] / Moi, j’ai chose certaine / Vendu un gros pourceau / Mes chèvres et mes gélines / Pour payer les impôts. »

« Qu’ils chantent, pourvu qu’ils paient. »759

MAZARIN (1602-1661). Dictionnaire de français Larousse, au mot « payer »

Un impôt de plus, des relations supposées avec la reine, une impopularité grandissante, tout est occasion de mazarinade (pamphlet), mais Mazarin se moque de ces chansons et de ceux qui les chantent. Il bravera toutes les formes d’opposition, gardant et renforçant son pouvoir jusqu’à sa mort, préparant ainsi le règne de Louis le Grand.

Ce mot, le plus connu de Mazarin, s’inspire sans doute du roi légendaire de Mycènes, Atrée qui donnera la funeste dynastie des Atrides, au cœur des tragédies grecques. Il régnait par la terreur pour se maintenir au pouvoir et un auteur de tragédie latine, Accius, fait dire au tyran parlant de ses ennemis : « Qu’ils me haïssent, pourvu qu’ils me craignent. »

« Je voudrais bien étrangler
Notre pute de Reine !
Ô gué, notre pute de Reine. »761

Mazarin, ce bougeron, mazarinade. Histoire de France par les chansons (1982), France Vernillat, Pierre Barbier

L’attaque directe contre la vie privée est une constante à l’époque : la règle de cet art pamphlétaire et chansonnier est de ne rien respecter et les reines pas plus que les rois n’ont de « vie privée », au sens moderne du mot. Attaqué aussi, et même en premier, le cardinal détesté : « Mazarin, ce bougeron / Dit qu’il n’aime pas les cons / C’est un scélérat / C’est un bougre ingrat… »

« Je plains le sort de la Reine ;
Son rang la contraint en tout ;
La pauvre femme ose à peine
Remuer quand on la f… »762

Le Frondeur compatissant, mazarinade. Nouveau siècle de Louis XIV, ou poésies-anecdotes du règne et de la cour de ce prince (1793), F. Buisson

Dès la mort de Louis XIII dont les chansons célébrèrent les insuffisances conjugales, voilà que l’on soupçonne les relations d’Anne d’Autriche avec « Mazarin ce bougeron ». Michelet rapporte, dans son Histoire de France : « Mazarin commença dès lors l’éducation de la reine, enfermé toutes les soirées avec elle pour lui apprendre les affaires. La cour, la ville ne jasaient d’autre chose. »

On jasa beaucoup, on supposa tout, y compris un mariage secret ! Anne d’Autriche nia toujours, assurant même que Mazarin « n’aimait pas les femmes », mais elle laissa gouverner le cardinal, mieux qu’elle n’avait jadis laissé régner son royal époux.

« Adieu, mes draps de satin
Adieu ma mollette couche,
Car, sans mon Sicilien,
Rien au monde ne me touche. »764

Mort d’Anne d’Autriche, chanson. Histoire de France par les chansons (1982), France Vernillat, Pierre Barbier

Sa réputation de « pute de Reine » la suivra jusqu’à sa mort, en 1666. Elle s’est retirée dans l’abbaye du Val-de-Grâce qu’elle a fait construire à Paris, dès la mort de Mazarin et la prise du pouvoir par Louis XIV en 1661.

Dans cette chanson en forme de testament bouffon, Anne d’Autriche est censée donner à sa belle-fille Marie-Thérèse, autre Espagnole mariée à un Français au nom de la raison d’État, des conseils pour se faire aimer d’un autre homme que le roi, peu assidu auprès d’elle. Tel fut le sort des reines, de n’être pas heureuses en amour. Du moins Marie-Thérèse, femme effacée, aura-t-elle une réputation conjugale au-dessus de tout soupçon.

« Savez-vous bien la différence
Qu’il y a entre son Éminence
Et feu Monsieur le Cardinal ?
La réponse en est toute prête :
L’un conduisait son animal,
Et l’autre monte sur sa bête. »765

César BLOT (1610-1655), mazarinade. Mazarin (1972), Paul Guth

Un des 6 500 pamphlets contre Mazarin, exceptionnellement signé malgré la censure et les risques encourus.

L’Éminence (Mazarin) a succédé en mai 1643 au Cardinal (Richelieu). L’« animal » est Louis XIII et la « bête », Anne d’Autriche, par ailleurs qualifiée de « pute de reine ». En termes peu galants, cela signifie que la pratique du ministériat est reconduite sous la régence, avec l’ancien collaborateur de Richelieu comme principal ministre : Mazarin déjà impopulaire, déjà menacé.

La Cabale des Importants, faction regroupant les Grands, victimes de la politique de Richelieu et voulant leur revanche, ourdit un complot (27 mai 1643). À sa tête, la duchesse de Chevreuse et le duc de Beaufort, petit-fils d’Henri IV et de Gabrielle d’Estrées : proche du peuple, le « roi des Halles » n’a pas la morgue des autres  Importants. Ils veulent éliminer « le Mazarin », dépouiller la Maison de Condé (comblée de biens et privilèges par Richelieu), signer la paix avec l’Espagne et l’Autriche.

Mazarin apprend la conspiration : Beaufort est embastillé, la duchesse et les autres conjurés sont exilés. C’est une répétition générale de la Fronde où les mêmes acteurs se retrouveront. En attendant, Mazarin gouverne. Mais la guerre avec l’Espagne complique les problèmes politiques.

« Or, sus, bourgeois, ne soyez plus en peine,
Cessez vos pleurs, vos cris,
Le Roi, Monsieur, et la Reine Régente
Reviennent à Paris,
Ha ! qu’ils ont fait une belle bévue !
Elle est revenue, Dame Anne, elle est revenue. »782

L’Enlèvement du Roi (1649), chanson.  Recueil de plusieurs pièces curieuses contre le cardinal de Mazarin (1649)

Rien moins que 28 couplets pour fêter le retour triomphal à Paris du petit Louis XIV (11 ans), avec « Monsieur », son frère Philippe et leur mère Anne d’Autriche, le 18 août 1649. Mais la Fronde ne fait que commencer.

« Condé, vous voilà dans Vincennes,
Dieu veuille vous y maintenir.
On ne se met pas fort en peine
Comment vous en pourrez sortir. »784

Condé, vous voilà dans Vincennes, chanson (1650). Nouveau siècle de Louis XIV (1793), Claude-Sixte Sautreau de Marsy

Le coup de théâtre vient de la reine : le 18 janvier 1650, elle fait arrêter Condé, son frère Conti et son beau-frère Longueville. Le peuple chante. Le Parlement, bien que peu favorable aux princes, est quand même scandalisé par cet acte jugé arbitraire. On peut quand même dire que c’est « de bonne guerre ».

La Fronde des princes va durer toute cette année 1650, fertile en rebondissements. La noblesse cherche à soulever la province – et y réussit en Aquitaine, Normandie, Guyenne, Bourgogne, Limousin, Provence.

« Qui n’admire l’enfance
D’un jeune Roi plus beau que le jour,
Soit qu’il chante ou qu’il danse
Les dames pour lui brûlent d’amour
Et tout bas disent avec rougeur :
Qu’il est beau, que n’est-il majeur. »786

Qui n’admire l’enfance (1650), chanson.  Histoire de France par les chansons (1982), France Vernillat, Pierre Barbier

La Fronde des princes fait rage, mais cela n’empêche pas le peuple d’adorer le petit Louis. Cette chanson date de ses 12 ans, on épie l’adolescent, on le jauge, on évalue non sans tendresse la poussée de ses jeunes forces.

Louis XIV le Grand deviendra l’un des plus brillants danseurs de son siècle, s’exhibant volontiers dans des ballets consacrant la gloire du Roi-Soleil, et même ses ennemis salueront sa prestance.

« Après ton compte rendu
Cher Jules, tu seras pendu
Au bout d’une vieille potence,
Sans remords et sans repentance. »787

Paul SCARRON (1610-1660), mazarinade. Poésies diverses : la mazarinade, Virgile travesti, roman comique

Le ministre est aussi accusé de « rapine publique, fausse politique et sot gouvernement ». Mais il tient bon.

La Fronde des princes, qui s’essouffle dans ses querelles de personnes, va s’unir fin 1650 à un nouvel accès de Fronde parlementaire pour réclamer le départ du ministre. 7 février 1651, le duc de Beaufort soulève les Halles, bloque la reine au Palais-Royal.

Mazarin juge prudent de s’exiler pour un temps en Allemagne, cependant que de loin, il conseille la reine. À Paris, en mars, une assemblée de représentants de la noblesse et du clergé demande la réunion des États généraux, mais Parlement, bourgeois et princes y sont hostiles et l’assemblée se disperse. Les frondeurs recommencent à se quereller.

« Faut sonner le tocsin, din-din
Pour pendre Mazarin. »793

La Chasse donnée à Mazarin, chanson. Bulletin de la Société de l’histoire de France (1835), Renouard éd

Écoutez La Chasse donnée à Mazarin sur Youtube.

« Prendre » est devenu « pendre » ! Le Parlement de Paris qui l’a banni en janvier 1649 met sa tête à prix en décembre 1651 : 50 000 écus, payables par la vente de sa bibliothèque et ses collections (471 tableaux de maître référencés à sa mort). Mazarin, confondant parfois ses affaires et celles de l’État, a déjà accumulé une immense fortune privée – sans doute la plus importante de l’Ancien Régime, les tableau de maîtres italiens étant littéralement inestimables.

Le cardinal a de nouveau pris la fuite avec la reine et rejoint le jeune roi à Poitiers. Le Parlement envoie des émissaires dans les provinces, tente de les soulever contre Mazarin, mais nul ne bouge.

Turenne, à la tête de l’armée royale, bat Condé qui a recruté de son côté une armée espagnole.

Condé se réfugie dans Paris (avril 1652), ses partisans y font régner la terreur. La Grande Mademoiselle (fille du Grand Monsieur, Gaston d’Orléans) se lance dans la Fronde à cœur perdu.

Cette folle aventure de cinq ans aurait pu mener la France à la Révolution avec un siècle d’avance. Jamais Louis XIV n’oubliera cette épreuve. Elle explique en partie l’absolutisme de son règne. Mais rien ni personne n’empêchera jamais le peuple français de chanter !

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RÈGNE DE LOUIS XIV

« Monarchie absolue tempérée par des chansons ».

« Vive tout ce qui vient d’Espagne
Hors la fille de leur Roi ! »803

Ils sont gens de parole, chanson (1660). L’Avènement du Roi-Soleil (1967), Pierre Goubert

La chanson, bien avant les sondages, reflète l’opinion publique : on aime bien les Espagnols, leurs bons vins et leurs pistoles, mais pas les reines qu’ils donnent à la France. La reine mère Anne d’Autriche fut souvent impopulaire (sauf au début de la régence) et l’on voit venir avec crainte la nouvelle Espagnole, l’infante Marie-Thérèse, fille de Philippe IV : mariage négocié, lié au traité des Pyrénées.

La France limite ses exigences territoriales (Artois, Roussillon, quelques places fortes en Flandre et Lorraine) pour mieux réussir l’affaire du mariage : l’infante renonce à ses droits sur l’Espagne contre une dot exorbitante (500 000 écus d’or). L’Espagne (ruinée) ne pourra payer. Louis XIV pourra faire valoir ses droits – c’est dire que la guerre, en germe, est inscrite entre les lignes du traité…

« En France et sous nos rois, la chanson fut longtemps la seule opposition possible ; on définissait le gouvernement d’alors comme une monarchie absolue tempérée par des chansons. »815

Eugène SCRIBE (1791-1861), Discours de réception à l’Académie française (1834)

Le peuple chante pour encenser, mais aussi pour critiquer – et avec quelle violence, parfois ! Bien des écrivains n’osent pas, alors qu’au siècle suivant la voix des philosophes s’élèvera pour tempérer l’absolutisme royal.

Sous le règne personnel de Louis XIV, nul ne sera épargné par les chansons, pas même le roi – en fin de règne, les attaques seront cruelles. Pour l’heure, le règne est glorieux et les chansons se font l’écho des hauts faits princiers.

« Le grand Condé, que le Dieu Mars fit naître
Pour être son second,
Aux Francs-Comtois, aujourd’hui fait connaître
Que son illustre nom,
Comme jadis, n’est pas un nom frivole.
Il prendrait Fontarabie
Comme il a pris Dôle. »870

Sur la prise de la Franche-Comté (1668), chanson. Histoire de France par les chansons (1982), France Vernillat, Pierre Barbier

Condé est avec Turenne un héros de la guerre de Dévolution et tous deux se rachètent ainsi de leur « légèreté » sous la Fronde – ils ont chacun son tour combattu avec l’Espagne contre les troupes royales. Autrement dit, trahi.

Condé conquiert en deux semaines la Franche-Comté (capitale, Dôle), province espagnole convoitée par la France depuis Louis XI. Mais les Provinces-Unies (nord des Pays-Bas, dont la Hollande) s’inquiètent, ayant formé dès fin janvier 1668 la Triple Alliance de La Haye (protestante) avec la Suède et l’Angleterre.

Les trois pays proposent une médiation entre la France et l’Espagne. En fait, ils l’imposent. La guerre s’arrête (1668), mais la Franche-Comté est perdue – elle sera reconquise en 1674 – et Bossuet, dans un sermon, foudroie la « perfide Angleterre » qui deviendra plus tard « perfide Albion ».

« Le lendemain au point du jour,
On vit paraître Luxembourg,
Avec toute sa cavalerie
Qui marchait par escadrons,
Et sa noble infanterie
Qui marchait par bataillons. »878

Complainte de Guillaume d’Orange, chanson. Histoire de France par les chansons (1982), France Vernillat, Pierre Barbier

François Henry de Montmorency-Boutteville, duc de Luxembourg, a suivi Condé depuis la Fronde. Il est encore avec lui et Turenne en juin 1672. Ils envahissent la Hollande et s’avancent jusqu’au cœur du pays : « Grand Dieu ! Quelle boucherie ! / Qui se fit parmi nos gens / La terre en était couverte / L’on n’y voyait que du sang. »

Des villes capitulent, font des offres de paix. Mais le roi, mal conseillé par Louvois, secrétaire d’État à la Guerre qui flatte son désir de gloire, répond par un ultimatum et provoque un sursaut de patriotisme aux Pays-Bas. Les Hollandais rompent les digues, une révolution éclate à la Haye.

Le stathoudérat (haut commandement) est confié au jeune chef du parti populaire, Guillaume d’Orange, le plus grand ennemi des Français. Il parvient à coaliser les Provinces-Unies, l’Espagne, l’Autriche, le Danemark, le duché de Lorraine, quelques princes allemands. L’Angleterre rejoindra bientôt ce camp.

« Colbert avait un grand-père
Qui n’était pas si savant
Ni si riche que son père
Ni si dur aux pauvres gens. »881

Colbert avait un grand-père, chanson anonyme. Fouquet, surintendant général des finances, d’après les documents d’archives et les mémoires (1908), Albert Savine, François Bournand

Choisir un bourgeois pour ministre est une initiative royale mal acceptée des Grands. Mais le peuple lui-même se méfie : la fortune rapide de Colbert devient suspecte. Autre raison de son impopularité : les impôts accrus ou créés, indirects et particulièrement injustes, causant des émeutes fiscales. 1675 sera l’année de la révolte du papier timbré – notamment en Bretagne.

« Caron étant sur le rivage,
Voyant Colbert, dit aussitôt :
Ne vient-il pas mettre un impôt 
Sur mon pauvre passage. »

La Mort de Colbert, chanson anonyme, fin 1683. « Biographie universelle ou Dictionnaire historique contenant la nécrologie des hommes célèbres de tous les pays, etc. » (1833)

Rappelons que dans la mythologie, Caron avec sa barque permet aux âmes d’accéder au royaume des morts, mais il exige un péage, pour franchir le fleuve Styx.

Une épitaphe également anonyme confirme : « Ci-gît l’auteur de tous impôts / Dont à présent la France abonde. / Ne priez point pour son repos / Puisqu’il l’ôtait à tout le monde. » Épitaphe (anonyme) de Colbert, 1683.

Les ministres des Finances sont souvent impopulaires et Colbert, par sa rigueur, le fut tout particulièrement. Les impôts accrus ou créés, indirects et particulièrement injustes au siècle de Louis XIV, ont causé des émeutes fiscales, comme en 1675 : révolte du papier timbré, notamment en Bretagne. Autre raison d’impopularité : la fortune rapide de ce fils de bourgeois anobli, mal vu par les Grands, et suspect au peuple.

Jean-Baptiste Colbert fut pourtant le seul ministre des finances qui, chez nous, ait conservé son emploi jusqu’à sa mort, malgré les intrigues du « clan Louvois » qui s’opposait en tout à lui. C’est aussi celui qui connut le mieux cette maxime, que les intérêts du peuple sont les véritables intérêts du souverain. Il la mit en pratique avec une rare persévérance et si Louis XIV obtint le titre de Grand, c’est surtout à Colbert qu’il en est redevable.

Quant à l’origine de sa fortune (quelque 10 millions de francs à sa mort), c’est la rétribution de ses 22 ans d’administration, travailleur infatigable à la tête des principaux postes ministériels (finances, industrie, commerce, marine, police, justice, administration, travaux publics, postes, agriculture, aménagement du territoire, bâtiments, culture… quasiment tout, sauf la Guerre réserve à Louvois).

« Calvin, outré des arrêts qu’on publie,
La larme à l’œil, a dit à Lucifer :
— Ah ! c’en est fait, ma secte est convertie,
Il faut songer à rétrécir l’Enfer. »901

Révocation de l’Édit de Nantes (1685), chanson anonyme. Louis XIV, son gouvernement et ses relations diplomatiques avec l’Europe (1837), Jean-Baptiste Honoré, Raymond Capefigue

Tout est sujet de chanson et de plaisanterie, même cette révocation dramatique à tout point de vue – humain, religieux, financier, historique en un mot !

Malgré la propagande officielle, on doute quand même de la conversion rapide et définitive de tant de protestants soumis aux dragonnades. D’où la suite de la chanson : « Il ne faut pas que cela vous chagrine, / Dit Lucifer, cet habile démon. / Le mal n’est pas si grand qu’on l’imagine, / Car tous ces gens n’ont changé que de nom. »

Pour preuve, l’importante émigration qui suivra l’édit de Fontainebleau du 18 octobre 1685 (enregistré le 22 octobre), révoquant l’édit de Nantes pris par Henri IV en 1598 : pasteurs bannis, écoles protestantes fermées, temples détruits, enfants des « nouveaux convertis » baptisés. L’interdiction de fuir sous peine de galères n’empêche pas quelque 300 000 protestants de quitter la France : officiers, industriels, commerçants, artisans, agriculteurs, toute une élite de techniciens et de chefs d’entreprise emportant avec eux leurs capitaux et leur savoir-faire, sont accueillis à Genève, en Hollande, à Berlin, autant de « refuges » qui deviennent foyers d’hostilité à la France et à son roi.

« Faire la guerre sans combattre,
Piller la veuve et l’orphelin,
Sent plus le fils de Mazarin
Que le fils d’Henri IV. »908

Faire la guerre sans combattre (1688), chanson anonyme. Histoire de France par les chansons (1982), France Vernillat, Pierre Barbier

Cette chanson est précisément datée. Louis XIV, à l’instigation de Louvois, fait occuper avec une brutalité restée légendaire le Palatinat (rive droite du Rhin) : sous prétexte d’assurer les droits d’héritage de Madame (sa belle-sœur, la princesse Palatine) et de confirmer les « réunions » (annexions) opérées par la France.

Le sac du Palatinat est d’une sauvagerie qui fait honte aux officiers qui l’exécutèrent : « Si le roi avait été témoin de ce spectacle, il aurait lui-même éteint les flammes. Les nations, qui jusque-là n’avaient blâmé que son ambition en l’admirant, crièrent alors contre sa dureté et blâmèrent même sa politique » (Voltaire).

La guerre est devenue inévitable, avec la somme des haines suscitées par Louis XIV pour diverses raisons : politiques, religieuses, commerciales, coloniales. La ligue d’Augsbourg réunit tous les mécontents : Empire, Espagne, Savoie, Suède, Provinces-Unies, puis l’Angleterre – une révolution détrône Jacques II (un Stuart), catholique et francophile, amenant au pouvoir sa fille Marie et son gendre, Guillaume d’Orange (stathouder aux Provinces-Unies), roi d’Angleterre sous le nom de Guillaume III.

« Quelque drapeau, quelque canon
Nous attirent des Te Deum
Qu’on couchera dans notre histoire.
Mais entre nous je vous le dis :
On mêle à ces chants de victoire
Un peu trop de De Profundis. »914

Sur la bataille de Steinkerque où il y eut beaucoup de monde tué (1692), chanson anonyme. Histoire de France par les chansons (1982), France Vernillat, Pierre Barbier

La guerre est souvent glorieuse, mais le peuple commence à être las de ces victoires acquises au prix de trop de vies humaines – comme Steinkerque où Luxembourg et Vauban battent Guillaume d’Orange. Luxembourg sera surnommé « le Tapissier de Notre-Dame », tant sont nombreux les drapeaux qu’il a pris à l’ennemi et qu’on y expose.

« Le bout de Monsieur d’Argenson
Se raccourcit avec la lune.
Il deviendra colimaçon,
Le bout de Monsieur d’Argenson ! »918

Le Bout de Monsieur d’Argenson (1698), chanson anonyme.  Histoire de France par les chansons (1982), France Vernillat, Pierre Barbier

Écoutez Le Bout de Monsieur d’Argenson sur Youtube.

La France sort ruinée de la guerre de la Ligue d’Augsbourg ou guerre de Neuf Ans (1688-1697) qui opposa la France à une puissante coalition européenne

À Paris, déjà surnommée « la Ville Lumière » pour son éclairage au XVIIe siècle, le nouveau lieutenant général de police décide de faire des économies : les nuits de pleine lune, on ne mettra dans les lanternes publiques que de petits « bouts de chandelles ». D’où les plaisanteries grivoises sur le bout de M. d’Argenson : « Mais il est plus gros et plus long / Quand il voit paraître la brune. »

« La Chamilly est si touchée
Des grands plaisirs du Paradis,
Qu’après sa prière achevée,
Elle a dit à son favori :
Pour mon corps, je vous l’abandonne,
Mon âme étant mon seul souci,
Et lorsque à Dieu son âme on donne,
On peut donner le reste à son ami. »919

Sur une dame quiétiste (1698), chanson anonyme. Histoire de France par les chansons (1982), France Vernillat, Pierre Barbier

Décidément, tout est sujet à chansonner ! Et l’humour est ici fort clairvoyant.

Le quiétisme, doctrine mystique du « pur amour », prône une contemplation passive, au détriment de la pratique religieuse : l’âme imprégnée de Dieu, en état de « quiétude » et d’oraison, ne saurait pécher, même si le corps semble enfreindre les commandements.

Cette hérésie venue d’Espagne, répandue en France par Mme Guyon, est soutenue par Fénelon, séduit par cet amour désintéressé de Dieu. Mme de Maintenon s’y met, et tout Saint-Cyr aussi. Mais pas Bossuet, son pire ennemi et le représentant officiel de l’Église de France, fille aînée de l’Église catholique.

« Si Bossuet touchant le pur amour
À Fénelon est si contraire
Il parle en évêque de Cour
Qui ne connaît que l’amour mercenaire. »920

Bossuet et Fénelon (1698), chanson anonyme. Histoire de France par les chansons (1982), France Vernillat, Pierre Barbier

Louis XIV charge Bossuet d’enquêter sur le quiétisme décidément trop à la mode. Strict légaliste, Bossuet craint que cette doctrine ne détourne les croyants de la pratique religieuse et des dogmes, pour aboutir au déisme. En vertu de quoi il condamne l’hérésie dans sa Relation sur le quiétisme (1698). Fénelon réplique et les deux prélats jadis amis s’opposent publiquement.

Bossuet l’emporte. Le pape condamne Fénelon dont Louis XIV précipite la disgrâce.

« Pleurez, pleurez jouvenceaux,
Monsieur descend dans la bière !
À ses yeux vous étiez beaux,
Mais las ! il perd la lumière. »925

La Mort de Monsieur (1701), chanson anonyme. Histoire de France par les chansons (1982), France Vernillat, Pierre Barbier

Philippe, duc d’Orléans, frère du roi, meurt à Saint-Cloud le 8 juin. Mari de la princesse Palatine et père du futur Régent, il fut réputé pour son homosexualité et son amour des rubans, fards et cornettes. D’où des couplets dont les moins osés sont : « Le bon prince avait raison / Quand le beau sexe on cajole / Une telle liaison / Est sujette à la vérole / Mais le cul d’un beau garçon / Dans aucun risque ne jette / Point de génération / Dans ce plaisant tête-à-tête. »

La chanson ne pouvait prévoir le mal de la fin du XXe siècle qui touchera d’abord les homosexuels, dans les « années sida ».

« Ah ! que votre âme est abusée
Dans le choix de tous les guerriers.
Faut-il qu’une vieille édentée
Fasse flétrir tous vos lauriers ? »929

Contre Maintenon, chanson anonyme. Histoire de France par les chansons (1982), France Vernillat, Pierre Barbier

Épouse morganatique du roi, son influence sur le roi vieillissant fait jaser.

Le peuple épuisé, ruiné, lassé d’une gloire dont il voit les faiblesses, prend cette femme pour bouc émissaire. Cependant que la guerre de Succession d’Espagne tourne au drame, avec des troupes moins combatives, sous des chefs militaires aussi médiocres que La Feuillade, Marcin, Villeroy (ou Villeroi).

« Ne blâmons pas Villeroy,
Il fut choisi par le Roy ;
Mais blâmons tous ce grand prince
Qui sut faire un choix si mince. »930

Sur le maréchal de Villeroy, chanson anonyme. Histoire de France par les chansons (1982), France Vernillat, Pierre Barbier

L’opinion évolue : si tout va mal, le responsable en est le roi. Cette accusation directe est signe de temps nouveaux.

François de Neufville, duc de Villeroy, maréchal de France, fils du gouverneur de Louis XIV, resta toujours son ami. Il remplace le prestigieux maréchal de Luxembourg à la tête des armées et ne cesse d’accumuler les défaites. Ainsi le 23 mai 1706 à Ramillies, triste épisode de la guerre de Succession d’Espagne, marquée par une débandade de l’armée franco-bavaroise en quatre heures, d’où 20 000 morts et la perte de la Belgique.

La chanson passe en revue les autres personnages jugés indignes du règne, divers ministres, le boiteux du Maine (fils légitimé de Mme de Montespan), la Maintenon reine. La France vit plus que jamais en « monarchie absolue tempérée par des chansons ».

« Louis, avec sa charmante,
Enfermé dans Trianon,
Sur la misère présente,
Se lamente sur ce ton :
Et allons, ma tourlourette
Et allons, ma tourlouron. »934

Louis avec sa charmante, chanson anonyme. Le Nouveau Siècle de Louis XIV ou Choix de chansons historiques et satiriques (1857), Gustave Brunet

La crise économique et sociale ronge le pays et même à la cour, les marchands exigent d’être payés comptant, pour livrer au roi le linge à son usage personnel !

Louis XIV, très éprouvé, trouve un réconfort moral auprès de Mme de Maintenon, mais il est de plus en plus conscient de la gravité de la situation. Il cherche à négocier la paix. Malheureusement, la coalition impose des clauses inacceptables (restitution ou démilitarisation de villes françaises).

Le roi se pose alors en père de son peuple, en appelant pour la première fois et directement à ses sujets, persuadé qu’ils s’opposeraient eux-mêmes à recevoir la paix assortie de conditions contraires à la justice et à l’honneur du nom français. Cet appel émouvant et solennel est lu dans toutes les églises du royaume, le 12 juin 1709. L’adhésion populaire est évidente. Et la guerre continue.

La situation va peu à peu se redresser. Villars, maréchal de France à la tête de l’armée de Flandre, redonne confiance aux troupes. À signaler la bataille de Malplaquet – à divers titres.  C’est la plus sanglante bataille du siècle de Louis XIV : 30 000 morts. Villars (avec Boufflers) affronte le duc de Marlborough et le prince Eugène de Savoie dans la trouée de Malplaquet (près de Mons, en Belgique). Villars est blessé, mais les troupes royales, inférieures en nombre, ont infligé de lourdes pertes aux Impériaux.

Malplaquet n’est qu’une semi-défaite. Les Français peuvent se replier en bon ordre, et les deux camps revendiquent la victoire. « Encore une défaite comme ça, Sire, et nous avons gagné la guerre », assure Villars.

L’essentiel, c’est que l’invasion par le nord de la France est stoppée. Deux siècles après, le maréchal Foch comparera cette bataille à la première victoire de la Marne.

« Malbrough s’en va-t-en guerre
Mironton, mironton, mirontaine
Malbrough s’en va-t-en guerre
Ne sait quand reviendra, Ne sait quand reviendra
Il reviendra (z›) à Pâques
Mironton, mironton, mirontaine
Il reviendra (z›) à Pâques
Ou à la Trinité. Ou à la Trinité
La Trinité se passe
Mironton, mironton, mirontaine
La Trinité se passe
Malbrough ne revient pas. Malbrough ne revient pas… »,

Chanson traditionnelle d’origine inconnue

Écoutez Malbrough s’en va-t-en guerre sur Youtube

Cette chanson très populaire est intégrée par Beaumarchais dans son Mariage de Figaro à la veille de la Révolution, chantée par le jeune page Chérubin, amoureux de la Comtesse.

Elle conte avec force détails l’attente de la « dame » espérant le retour de Marlborough (général anglais) parti se battre à Malplaquet, mais en vain : « Aux nouvelles que j’apporte / Mironton, mironton, mirontaine /Aux nouvelles que j’apporte / Vos beaux yeux vont pleurer. / Vos beaux yeux vont pleurer / Monsieur Malbrough est mort / Mironton, mironton, mirontaine / Monsieur Malbrough est mort / Est mort et enterré. / Est mort et enterré. »

Ce fut la plus sanglante bataille du siècle de Louis XIV : 30 000 morts. Villars (avec Boufflers) affronte le duc de Marlborough et le prince Eugène de Savoie, dans la trouée de Malplaquet (près de Mons, en Belgique). Villars est blessé, mais les troupes royales, inférieures en nombre, ont infligé de lourdes pertes aux Impériaux – la chanson populaire met Marlborough parmi les morts, il est seulement blessé (mort en 1722).

Le  maréchal de Villars confirme dans une Lettre à Louis XIV au soir de Malplaquet, 11 septembre 1709 : « Jamais malheur n’a été accompagné de plus de gloire. » Malplaquet n’est qu’une semi-défaite. Les Français peuvent se replier en bon ordre et les deux camps revendiquent la victoire. « Encore une défaite comme ça, Sire, et nous avons gagné la guerre », assure Villars. L’essentiel, c’est que l’invasion par le nord de la France est stoppée. Deux siècles après, le maréchal Foch comparera cette bataille à la première victoire de la Marne.

« Enfin, Louis le Grand est mort !
La Parque a terminé son sort.
O reguingué, o lon la la,
Elle vient de trancher sa vie,
Toute l’Europe en est ravie. »948

La Mort de Louis XIV (1715), chanson. Une histoire de la chanson française, des troubadours au rap (2004), Jean-Pierre Moulin

(La Parque, en poésie, c’est la destinée, la mort. Étymologiquement, le mot renvoie aux trois déesses (Clotho, Lachésis, Atropos) qui président à la destinée des hommes en filant, dévidant et coupant le fil de la vie).

Louis XIV aura fort inquiété l’Europe par ses ambitions territoriales et commerciales, ses guerres de conquête et sa politique des « réunions ». Et la rue qui chante à sa mort ne s’embarrasse pas de subtilités rhétoriques.

Louis le Grand, adoré dans sa jeunesse, aimé et admiré au sommet de sa gloire, finit détesté du peuple souffrant à l’excès de la guerre et de la misère. La seconde moitié du règne jette une ombre tragique sur la première. Un tel contraste est rare dans l’histoire. On le retrouvera avec Napoléon, et une chute plus tragique encore au terme des Cent Jours, à Waterloo. Mais paradoxalement, cette fin de l’Histoire servira la légende de cet autre grand souverain.

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SIÈCLE DES LUMIÈRES

Le règne de l’esprit à la française, de la rue aux salons.

« Un homme d’esprit me disait l’autre jour que le gouvernement de la France était une monarchie absolue tempérée par des chansons. »993

CHAMFORT (1740-1794), Pensées, maximes et anecdotes (posthume, 1803)

Au siècle de Louis XIV, la chanson (le plus souvent anonyme) était l’une des rares formes d’opposition possibles. Au siècle des Lumières, elle garde cette fonction, d’autant plus que la censure demeure vigilante – Voltaire deux fois en prison à la Bastille et Diderot au donjon de Vincennes en feront les frais, sans parler des exils répétés et plus ou moins lointaines de nos philosophes.

Diderot parlant du peuple dans ses Principes de politique des souverains écrit : « Il faut lui permettre la satire et la plainte : la haine renfermée est plus dangereuse que la haine ouverte. » Avec la masse des pamphlets et libelles polémiques et parfois orduriers dont l’époque se fit l’écho, on a pu parler de ces « basses Lumières » qui sapent les bases du régime presque aussi sûrement que les pensées philosophiques.

« Voici le temps de l’aimable Régence,
Temps fortuné marqué par la licence. »1069

VOLTAIRE (1694-1778), La Pucelle, chant XIII (posthume, 1859)

Le jeune libertin néglige ses études de droit et se fait une réputation de bel esprit dans les salons, au grand dam de son père François Arouet, avocat au Parlement, notaire – d’où le recours au pseudonyme de Voltaire. Il salue le nouveau régime, en décasyllabes allègres : « Le bon Régent, de son Palais-Royal / Des voluptés donne à tous le signal… »

L’arrivée de Philippe d’Orléans au pouvoir libère d’un coup les mœurs d’une société lasse du rigorisme imposé par Mme de Maintenon à la cour, laquelle donnait le ton au pays.

Cependant, la fête concerne les classes privilégiées, plus que le peuple. Et la licence a des limites. Voltaire l’apprendra à ses dépens, deux ans après, mis au cachot pour excès d’insolence (et d’humour).

« Lundi, je pris des actions,
Mardi, je gagnai des millions,
Mercredi, je pris équipage,
Jeudi, j’agrandis mon ménage,
Vendredi, je m’en fus au bal,
Et samedi, à l’hôpital. »1083

Lundi je pris des actions (1720), chanson de rue. Histoire du vaudeville (1899), M.E. Prioleau

L’édifice fragile du fameux Système de Law (économiste et banquier écossais) s’effondre en 1720, au terme d’un emballement affolé : chute des dividendes, perte de confiance des porteurs, spéculation à la baisse de banquiers rivaux (les frères Pâris), trop forte émission de billets que la banque ne peut rembourser à vue, panique boursière. Et les compagnies créées dans les colonies n’ont pas eu le temps de rapporter les richesses espérées.

La bourse de la rue Quincampoix est fermée en mars, la débâcle financière générale provoque des émeutes en juillet. Le 21, une semi-banqueroute est prononcée, un arrêt du 10 octobre retire tout usage monétaire aux billets de banque de Law (il y en avait pour plus de 10 milliards de livres). John Law, devenu entre-temps contrôleur général des Finances, prend la fuite et mourra ruiné aux Pays-Bas.

« Dubois, gardé par Cerbère,
Dit en voyant le Régent :
— Monsieur, que venez-vous faire ?
Ce pays est sans argent. »1092

Sur la mort du Régent (1723), chanson. Chansonnier historique du XXVIIIe siècle (1879), Émile Raunié

Dubois le principal ministre meurt le 10 août 1723, le Régent le suit de peu, le 10 décembre.

Louis XV a 13 ans et Louis-Henri de Condé, duc de Bourbon, bête, borgne, très laid mais très riche, va être Premier ministre pendant trois ans. Le temps de se rendre impopulaire au petit peuple comme aux Grands, aux commerçants comme aux ouvriers et aux paysans. Et d’arranger le mariage du roi.

« Où trouver une fille charmante
Pour donner au roi Louis ?
Où trouver une ligue puissante
Contre tous ses ennemis ? »1093

Où trouver une fille charmante ? (1725), chanson. Histoire de France par les chansons (1982), France Vernillat, Pierre Barbier

Le peuple qui adore son petit roi chante, tandis que la cour cherche… l’alliance la plus profitable.

C’est tout un feuilleton. Trois ans pour aligner rien moins que 17 princesses ! Encore furent-elles choisies parmi 99 possibilités. On évitera (dit la chanson) « la Salpêtrière » – la fille du roi du Portugal, « d’une famille dont l’esprit est dérangé » selon le rapport. On renverra sa cousine germaine, l’infante d’Espagne, vraiment trop jeune – fiancée à 3 ans, elle en a 7, Louis est de santé fragile, sa mort sans descendance donnerait la couronne au duc d’Orléans, fils du Régent, ennemi des Condé, mais l’affront fait à l’Espagne est près de provoquer une guerre.

Et on la trouvera (dit toujours la chanson) « dans une chaumière » : autrement dit, on se rabat sur la plus pauvre, fille d’un roi (de Pologne) sans royaume, Marie Leczinska. Au grand dam des autres cours d’Europe.

« Notre monarque, enfin,
Se distingue à Cythère.
De son galant destin
On ne fait plus mystère.
Mailly, dont on babille,
La première éprouva
La royale béquille
Du père Barnabas. »1107

Notre monarque enfin, chanson. Journal historique et anecdotique du règne de Louis XV (posthume, 1866), Edmond Jean-François Barbier

Les amours royales sont un sujet de choix plus qu’en tout autre époque et la « presse people » du siècle, c’est naturellement la chanson.

Le peuple respire : son roi n’est plus sans divertissement. La liaison date de cinq ans quand elle devient publique, vers 1740. Les quatre sœurs de Nesle seront successivement ses maîtresses, avant l’arrivée de la Pompadour. Le Bien-Aimé est l’un des rois les plus riches en favorites dont l’influence politique, non négligeable, ne sera sans doute pas aussi excessive qu’on l’a dit.

Humiliée par les nouvelles maîtresses en titre, la reine se console avec Dieu… et la gourmandise : on lui doit l’invention des bouchées à la reine. On lui doit aussi la Lorraine. Au terme de la guerre de Succession de Pologne (1733-1738) et du traité de Vienne, son père Stanislas Leczinski n’obtient pas la Pologne, mais la Lorraine en viager : la province deviendra donc française à sa mort. Cette bonne affaire, due à l’habileté du cardinal de Fleury, reste l’un des meilleurs acquis du règne.

« À mon mari je suis fidèle,
Mais je tremble pour mon honneur,
J’ai jour et nuit dans la cervelle
Les trois queues de l’ambassadeur. »1108

À mon mari je suis fidèle, chanson anonyme. Journal historique et anecdotique du règne de Louis XV (posthume, 1866), Edmond Jean-François Barbier

La visite du nouvel ambassadeur turc Zaïd Effendi met le tout-Paris de l’époque en émoi : son costume à trois queues émoustille la gaillardise bien française.

Plus sérieusement, le sultan renouvelle en 1740 (et à perpétuité) le régime des Capitulations à la France, dite « protectrice des Lieux saints ». Soliman II le Magnifique a été le premier sultan à octroyer en 1535 à des Européens – Français en l’occurrence – des conditions extrêmement favorables d’établissement et de commerce dans l’Empire ottoman.

« M. le cardinal de Fleury mourut enfin hier à midi. On n’avait jamais vu d’agonie si comique, par toutes les chansons, épigrammes et démonstrations. »1111

Marquis d’ARGENSON (1694-1757), 30 janvier 1743. Journal et Mémoires du marquis d’Argenson (posthume, 1859)

Le vieux cardinal, mort à 90 ans, ne fut jamais populaire. Sa politique prudente passait pour sans grandeur et la guerre voulue par le pays fut déclarée contre son avis. Mais le roi rend hommage à son précepteur : il lui a laissé tout pouvoir depuis 1726 et lui est resté tendrement attaché : « Ayant eu le malheur de perdre mes père et mère avant que j’eusse connaissance, je l’ai toujours regardé comme tel, ce qui rend sa perte plus douloureuse » (Lettre à Philippe V d’Espagne).

Louis XV va désormais gouverner seul. Il n’est malheureusement pas préparé à cette tâche et son indolence naturelle est un autre handicap.

« Nous étions vingt ou trente
Brigands dans une bande,
Tous habillés de blanc,
À la mode des…
Vous m’entendez ?
Tous habillés de blanc
À la mode des marchands. »1137

La Complainte de Mandrin (1755), chanson

Écoutez La Complainte de Mandrin sur Youtube.

L’auteur est anonyme, mais le texte semble bien daté de l’année de sa mort.

La complainte de Mandrin est une chanson populaire issue d’un opéra de Favart, d’ailleurs emprunté à Rameau (ce genre d’inspirations à tiroir était d’autant plus fréquente que la notion de « droit d’auteur » n’existe pas encore.) L’auteur des paroles de la chanson composée en 1733 est resté anonyme. A la mort de Mandrin, cette chanson s’est répandue, notamment par le biais des colporteurs.

Tout est fait pour rendre le bandit sympathique, humain, proche du peuple. « Il y a trois mois, ce n’était qu’un voleur ; c’est à présent un conquérant. » écrit Voltaire à la duchesse de Saxe-Gotha, 14 janvier 1755. La chanson reste son meilleur plaidoyer : « La première volerie / Que je fis dans ma vie / C’est d’avoir goupillé, / La bourse d’un… / Vous m’entendez ? / C’est d’avoir goupillé / La bourse d’un curé… »

Un couplet le fait mourir pendu, sur la place du marché. Petite erreur historique. Mais le personnage de Mandrin entre véritablement dans la légende et y demeure, avec la complicité de chanteurs populaires… comme Yves Montand, dans les années 1950 : « Compagnons de misère, / Allez dire à ma mère, / Qu’elle ne me reverra plus, / J’suis un enfant, vous m’entendez… / Qu’elle ne me reverra plus, / J’suis un enfant perdu. »

« Les braves insulaires
Qui font, qui font sur mer
Les corsaires
Ailleurs ne tiennent guère.
Le Port-Mahon est pris, il est pris, il est pris
Ils en sont tout surpris,
Ces forbans d’Angleterre
Ces fou, fou, ces foudres de guerre. »1142

Charles COLLÉ (1709-1783), La Prise de Port-Mahon (1756), chanson

Parolier d’œuvres politiques ou plutôt lestes, il donne ici sa meilleure chanson patriotique - et gagne une pension de 600 livres. La chanson relève ainsi du mécénat – comme sous la Renaissance.

Après une « guerre froide » née de la rivalité coloniale entre la France et l’Angleterre, cette dernière ouvre les hostilités en 1755, se saisissant de 300 navires de commerce français. Prélude à la fameuse guerre de Sept Ans (1756-1763), conflit européen majeur, qui va bouleverser pour un siècle l’équilibre des forces au bénéfice de l’Angleterre et de la Prusse, la France perdant son premier empire colonial.

Pour l’heure, le pays célèbre en chanson la prise de Port-Mahon par l’armée du très populaire duc de Richelieu, en même temps que la flotte française, commandée par l’amiral de La Galissonnière, seul grand marin du règne, bat la puissante flotte britannique en Méditerranée, à Minorque.

« Or, écoutez, petits et grands,
L’histoire d’un roi de vingt ans
Qui va nous ramener en France
Les bonnes mœurs et l’abondance. »1206

Charles COLLÉ (1709-1783), Or, écoutez, petits et grands, chanson (mai 1774). La Révolution française en chansons, anthologie, Le Chant du Monde

Le peuple célèbre la montée sur le trône de Louis XVI, surnommé Louis le Désiré. C’est dire les espoirs mis en lui, résumés par la chanson patriotique du nouvel auteur dramatique à la mode. Et le peuple peut encore rêver avec ce jeune roi… comme avec Marie-Antoinette.

« Belle, l’œil doit l’admirer,
Reine, l’Europe la révère,
Mais le Français doit l’adorer,
Elle est sa reine, elle est sa mère. »1207

Romance en l’honneur de Marie-Antoinette, chanson (1774). Histoire de France par les chansons (1982), France Vernillat, Pierre Barbier

La jeune et jolie reine jouit d’une immense popularité depuis son arrivée en France, il y a quatre ans, et Versailles la salue en ce style précieux. C’est l’état de grâce, comme jamais avant et jamais après !

Certes, il y a des jalousies et déjà quelques soupçons contre l’« Autrichienne » à la cour. On aura plus tard la preuve qu’elle est manipulée par sa famille autrichienne, restant très attachée à sa mère Marie-Thérèse, impératrice d’Autriche durant trente ans et forte personnalité.

Délaissée par son royal époux, peu soucieuse de l’étiquette à la cour et moins encore des finances de l’État, dépensière et futile, Marie-Antoinette va accumuler les erreurs. « Ma fille court à grands pas vers sa ruine » confie sa mère à l’ambassadeur de France à Vienne, en 1775. Pour l’heure, et pour trois ans encore, le peuple adore sa reine.

« Enfin, j’ons vu les Édits
Du roi Louis Seize !
En les lisant à Paris,
J’ons cru mourir d’aise […]
Je n’irons plus au chemin
Comme à la galère
Travailler soir et matin
Sans aucun salaire.
Le Roi, je ne mentons point,
A mis la corvée à bas. »1218

Les Édits (1776), chanson des Jacques Bonhomme de France. Histoire de Louis XVI et de Marie-Antoinette (1850-1851), Alexandre Dumas

Turgot, en janvier 1776, demande au Conseil l’abolition de la corvée royale des paysans (les Jacques), remplacée par une taxe additionnelle payable par tous les propriétaires terriens. S’y ajoute une série de mesures fiscales pour plus de justice et d’efficacité. Au total, six édits.

C’est l’amorce d’une véritable équité fiscale : la mesure est très populaire auprès du petit peuple, le ministère semble bien assuré, mais tous les privilégiés qui se retrouvent frappés fiscalement vont s’opposer aux édits de Turgot. D’où la Révolution qui s’annonce. La chanson est décidément le meilleur sondage d’opinion, avant son invention (d’abord américaine) à la veille de Seconde Guerre mondiale.

« Notre Saint Père l’a rougi,
Le roi de France l’a noirci,
Le Parlement le blanchira,
Alleluya. »1241

Alleluya sur l’affaire du Collier (1786), chanson anonyme. La Bastille dévoilée ou Recueil de pièces authentiques pour servir à son histoire (1789), Charpentier, Louis-Pierre Manuel

L’Affaire éclate quand, le cardinal de Rohan ne pouvant couvrir une échéance en juillet 1785, les bijoutiers adressent la facture à la reine qui n’a jamais touché aux diamants – revendus au détail par les deux escrocs.

Louis XVI, poussé par sa femme et (mal) conseillé par le baron de Breteuil, ennemi du cardinal, porte l’affaire devant le Parlement de Paris. Rohan, plus naïf que coupable, est acquitté le 31 mai 1786, mais exilé par le roi. La comtesse de la Motte, condamnée à être flagellée, marquée au fer, est enfermée à perpétuité à la Salpêtrière. Elle s’en évadera en 1787.

La reine, innocente dans cette affaire, est déconsidérée, avec sa vie privée étalée au grand jour et ses fastueuses dépenses dénoncées. La police doit empêcher Paris d’illuminer pour acclamer le cardinal et se réjouir de voir l’« Autrichienne » humiliée. Elle devient « Madame Déficit ».

« Notre saint père est un dindon
Le calotin est un fripon
Notre archevêque un scélérat
Alleluya. »1250

Première chanson anticléricale attaquant le pape (sans titre, et sans auteur). Dictionnaire des chansons de la Révolution (1988), Ginette Marty, Georges Marty

Le clergé était une cible habituelle de la veine chansonnière, mais à la veille de la Révolution, Pie VI en personne est mis en cause. Ce n’est que le début des ennuis pour le 248e pape qui verra passer non seulement la Révolution française, mais aussi la campagne d’Italie de Napoléon Bonaparte. Pie VII aura aussi beaucoup de problèmes (politiques et personnels) avec Napoléon.

« Les notables ont fini […]
Leurs sacrés brouillamini.
Mais leur compte est foutu :
Ils s’en retournent la pelle au cul. »1252

Considérations politiques de Messieurs les notables de la halle au pain (1787), chanson anonyme. Robespierre : la vérité de la Révolution (1992), Jean Huguet

Le ton se durcit. Le peuple a compris et perdu tout espoir : en ces Messieurs qui n’ont rien voulu céder de leurs privilèges, et surtout dans le roi qui a cédé en renvoyant Calonne le ministre des Finances.

Dans cette chanson poissarde, la défiance et l’amertume ont déjà un ton révolutionnaire. Le dernier couplet demande le retour d’un « brave et sage étranger » qui « change le mal en bien » : Necker. Mais le roi maintient encore quelques mois Brienne, soutenu par Marie-Antoinette.

« Grand prince, votre bienfaisance
De nos maux peut tarir le cours.
Rendez vous aux cris de la France :
Rappelez Necker à votre cour. »1257

Ô toi qui sais de la finance (1788), chanson anonyme. Histoire de France par les chansons (1982), France Vernillat, Pierre Barbier

Le 25 août 1788, le roi se décide enfin à rappeler le très populaire Necker, riche banquier suisse ayant prêté de l’argent à la France et porteur d’indispensables réformes. La reine, qui a finalement poussé à cette décision, tremble cependant. Elle ne sait plus que conseiller au roi, dans cette situation de plus en plus révolutionnaire. Elle aura plus tard ce mot terrible et vrai : « Je porte malheur à tous ceux que j’aime. »

« Ces grands États généraux
F’ront-ils du brouet d’andouille ?
Ces messieurs s’ront-ils si sots
Que d’s’en retourner chez eux bredouilles,
Quand par miracle un bon roi
Veut faire l’bien d’si bonne foi ? »1259

Motion des harengères de la halle (1788), chanson anonyme. Histoire de France par les chansons (1982), France Vernillat, Pierre Barbier

Le peuple, reconnaissant au roi de la convocation des États généraux, a quand même un doute après l’échec de la précédente Assemblée des notables.

« La convocation des États généraux de 1789 est l’ère véritable de la naissance du peuple. Elle appela le peuple entier à l’exercice de ses droits », écrira Michelet dans son Histoire de la Révolution française.

« Vous qui nous traitez de racaille,
Si poliment,
Comme nous vous payerez la taille
Très noblement.
Vive le sauveur de la France,
Necker, vivat !
D’où ce héros tient-il naissance ?
Du tiers état. »1264

Le Tiers État, chanson de janvier 1789. Histoire de France par les chansons (1982), France Vernillat, Pierre Barbier

La chanson célèbre le roi et son ministre qui a obtenu, non sans difficulté, que le tiers ait à lui seul autant de représentants que les deux autres ordres réunis.

Paris illumine à cette nouvelle – décision prise le 27 décembre 1788 en Conseil royal et connue le 1er janvier 1789. Le roi est baptisé « restaurateur de la liberté française ». Mais à la fin de l’année 1788 et dans les premiers mois de 1789, l’effervescence populaire est partout aggravée par de très mauvaises récoltes qui font monter le prix du pain, d’où des émeutes. Cependant qu’on procède à la rédaction des cahiers de doléances et à l’élection des députés.

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