L’Histoire en chantant (de la Gaule à Louis XIII) | L’Histoire en citations
Édito de la semaine

 

Chaque époque donne le ton, d’où l’extrême diversité de ce résumé chantant qui alterne à l’infini comique et tragique, populaire et poétique, avec une dose de fantaisie propre à l’esprit français.

Quelques constantes en font l’originalité.

  • Le peuple est le premier acteur de cette histoire, qu’il s’exprime dans le répertoire des traditionnelles chansons populaires ou dans le registre patriotique des chants de guerre. Mais ballades et chansons de geste furent aussi à la mode, en leur temps.

  • Beaucoup de titres sont anonymes, à commencer par les quelque 6 500 mazarinades chantées sous la Fronde contre Mazarin qui bat tous les records d’impopularité. De manière plus générale, « en France et sous nos rois, la chanson fut longtemps la seule opposition possible ; on définissait le gouvernement d’alors comme une monarchie absolue tempérée par des chansons. » (Eugène Scribe). Cet anonymat perdure bien après la Révolution, aussi longtemps qu’il y aura censure, au XIXe siècle et au-delà. Dernier cas, le Déserteur pendant la guerre d’Indochine (1954), mais le texte est signé (Boris Vian et Serge Reggiani).

  • La chanson sous toutes ses formes reste malgré tout un espace de liberté d’expression et reflète l’opinion publique, bien avant la grande presse créée au XIXe siècle, les sondages nés à la veille de la Seconde Guerre mondiale et les réseaux sociaux, inventions de notre siècle.

  • La Révolution est toujours la « grande époque » de l’Histoire (en chantant, en citations et en général). Deux « tubes » sont nés : la Marseillaise et le Ça ira. Leur petite histoire vous réserve des surprises… Surprise aussi de trouver Il pleut, il pleut bergère, entre quelques dizaines de titres de circonstance à découvrir.

  • La Commune de Paris, autre paroxysme héroïque, nous offre l’Internationale au destin historique mondial… et le Temps des cerises au sens resté mystérieux.

  • Les guerres sont toujours très chantées à divers titres et sur divers tons. Signalons un doublon « bon enfant » avec la Madelon, deux versions, 1914 et 1918, confondues par Clemenceau lui-même,  chargé de décorer l’auteur de la seconde…

L’apparition des chansons et des chanteurs engagés donne un tout autre ton à la Quatrième et la Cinquième Républiques. C’est l’âge d’or de la chanson française et l’embarras du choix grandit avec quelques « standards » incontournables des protest songs venus d’Amérique.

Là encore, quelques surprises. À côté des Ferré, Ferrat, Brel, Brassens et autres artistes engagés à divers propos (peine de mort, racisme, homophobie, émigration, écologie, anarchie, féminisme…), on découvre Johnny Halliday avec un titre tout à son honneur et à celui de son auteur (Philippe Labro).

Plus d’une centaine de vidéos YouTube servent d’illustration sonore à cette Histoire en chantant.

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GAULE ET MOYEN ÂGE

Chansons populaires… et premiers chefs d’œuvre littéraires.

« Nos ancêtres les Gaulois
Cheveux blonds et têtes de bois
Longues moustaches et gros dadas
Ne connaissaient que ce refrain-là
Refrain.
Faut rigoler Faut rigoler
Avant qu’le ciel nous tomb› sur la tête
Faut rigoler Faut rigoler
Pour empêcher le ciel de tomber… ».

Henri SALVADOR (1917-2008), chanteur et compositeur de Faut rigoler (1958), paroles de Boris VIAN (1920-1959)

Écoutez la chanson Faut rigoler sur Yoube

Cette chanson rigolarde retrouve un nouveau souffle sur Tiktok, ayant déjà fait une belle carrière.

Henri Salvador et Boris Vian avaient coutume d’écrire des chansons ensemble, de façon rapide, Henri Salvador improvisant au piano, et Boris Vian rédigeant les textes. La chanson naît un jour de 1958, alors que Henri Salvador raconte que, enfant, un de ses professeurs aux Antilles lui parlait de « nos ancêtres les Gaulois », ce qu’il trouve drôle. À partir de ce souvenir, la chanson est écrite en une demi-heure, le refrain se référant à une citation connue : « Nous ne craignons rien, sinon que le ciel ne tombe sur nos têtes. » Un guerrier gaulois à Alexandre le Grand, 335 av. J.-C. Fière réplique adressée au héros mythique de l’Antiquité, histoire de prouver que les Gaulois ne craignent véritablement rien, ni personne. La chanson évoque d’autres faits historiques avérés :

« Nos ancêtres les Gaulois / Habitaient des huttes en bois / Et les druides trois par trois
Sous le gui chantaient à pleine voix / Faut rigoler / Faut rigoler / Avant qu’le ciel nous tomb› sur la tête
Faut rigoler : Faut rigoler / Pour empêcher le ciel de tomber
Nos ancêtres les Gaulois / Prirent la pile à Alésia / Les barbares étaient là
Mais tant pis pour Jules dirent les Gaulois / Faut rigoler / Faut rigoler
Avant qu’le ciel nous tomb› sur la tête / Faut rigoler / Faut rigoler / Pour empêcher le ciel de tomber… »

Mais la palme de l’humour gaulois revient certainement à Astérix, bande dessinée créée en 1959 par René Goscinny (scénariste) et Albert Uderzo (dessinateur) dans le premier numéro du journal Pilote. En 50 av. J.-C., peu après la conquête romaine, un petit village gaulois d’Armorique continue la lutte contre l’envahisseur, grâce à une potion magique préparée par un druide et donnant une force surhumaine à quiconque en boit. Le guerrier Astérix et le livreur de menhirs Obélix sont chargés par le village de déjouer les plans des Romains et d’aller soutenir quiconque sollicite de l’aide contre la République romaine.

Publiée dans Pilote de 1959 à 1973, éditée parallèlement en album cartonné, la série survit à la mort  de ses créateurs : les ventes cumulées des albums, traduits dans plus de 120 langues et dialectes, passent la barre des 400 millions d’exemplaires - bande dessinée la plus vendue au monde après le manga One Piece. L’humour parodie la société française contemporaine à travers ses stéréotypes et ses régionalismes, ainsi que des traditions et coutumes emblématiques de pays étrangers. Comique de répétition, dessin semi-réaliste, adaptation au cinéma et exploitation en produits dérivés ont rendu les Gaulois à jamais populaires. On les retrouve naturellement en chansons.

« Voici la ronde des jurons
Qui chantaient clair, qui dansaient rond
Quand les Gaulois
De bon aloi
Du franc-parler suivaient la loi
Jurant par-là
Jurant par-ci
Jurant à langue raccourcie
Comme des grains de chapelet
Les joyeux jurons défilaient… »

Georges BRASSENS (1921-1981), auteur, compositeur, interprète (ACI) de la Ronde des jurons (1958)

Écoutez la Ronde des jurons sur Youtube.

Brassens est l’un des ACI de l’âge d’or de la chanson française et nous le retrouverons à la fin de l’Histoire en chantant, parmi la longue liste des chanteurs engagés.

Ici, c’est le parolier qui joue de sa guitare sur la gamme populaire, entre provoc et porno. Il y en a pour tous les goûts et toutes les époques. Ça commence par les Gaulois, mais Henri IV, paillard et bon vivant, aura naturellement sa part, comme tous les jureurs de l’Histoire, avec …

« … Tous les morbleus, tous les ventrebleus / Les sacrebleus et les cornegidouilles
Ainsi, parbleu, que les jarnibleus / Et les palsambleus
Tous les cristis, les ventres saint-gris
Les par ma barbe et les noms d’une pipe / Ainsi, pardi, que les sapristis / Et les sacristis
Sans oublier les jarnicotons / Les scrogneugneus et les bigr’s et les bougr’s
Les saperlottes, les crénom de nom / Les pestes, et pouah, diantre, fichtre et foutre
Tous les Bon Dieu / Tous les vertudieux / Tonnerr› de Brest et saperlipopette
Ainsi, pardieu, que les jarnidieux / Et les pasquedieux… »

« Le bon roi Dagobert
A mis sa culotte à l’envers ;
Le grand saint Éloi
Lui dit : Ô mon roi !
Votre Majesté
Est mal culottée.
C’est vrai, lui dit le roi,
Je vais la remettre à l’endroit. »,

Le Bon Roi Dagobert, chanson populaire, immortalisant Dagobert Ier (602/605 - 19 janvier 638 ou 639)

Rien moins que 24 couplets à cette chanson parodique et anonyme qui s’enrichit au fil de l’Histoire, née sous l’Ancien Régime sur un air de chasse, La Fanfare du grand cerf.

Pour l’heure (médiévale), elle met en scène le dernier Mérovingien ayant effectivement régné dans un ordre et une prospérité relative, aidé de son principal conseiller, saint Éloi (vers 588–660), évêque de Noyon. Sans prétendre à la vérité historique, elle évoque la légende d’un roi si distrait qu’il avait l’habitude de mettre ses culottes (pantalons) à l’envers. Bon vivant et populaire, il riait de sa propre personne. À sa mort (vers 36 ans), le royaume franc sera de nouveau partagé et menacé d’anarchie par la faiblesse des derniers Mérovingiens restés dans l’histoire sous le nom de « rois fainéants ».

Dagobert est surtout connu au travers de cette chanson parodique jusqu’à la Révolution. La chanson se moque alors du roi Louis XVI, réputé distrait, indécis… assurément très pieux et menacé par les « événements qu’il maitrise mal. « Le bon roi Dagobert / Se battait à tort, à travers ; / Le grand saint Éloi / Lui dit : Ô mon roi ! / Votre Majesté / Se fera tuer. / C’est vrai, lui dit le roi, / Mets-toi bien vite devant moi… Quand Dagobert mourut, / Le diable aussitôt accourut ; / Le grand saint Éloi / Lui dit : Ô mon roi ! / Satan va passer, / Faut vous confesser. / Hélas, lui dit le roi, / Ne pourrais-tu mourir pour moi ? »

Après la première abdication et l’exil de Napoléon à l’île d’Elbe, les royalistes reprirent la quinzième strophe : « Le bon roi Dagobert / Voulait conquérir l’univers ; / Le grand saint Éloi : Lui dit : Ô mon roi ! / Voyager si loin / Donne du tintouin. / C’est vrai, lui dit le roi, / Il vaudrait mieux rester chez soi. » 

Interdite pendant le retour de Napoléon sous les Cent-Jours, les paroles furent ensuite associées à Louis XVIII sous la seconde Restauration, puis Napoléon III sous le Second Empire. Sous la Troisième République, Charles Péguy lui ajouta de nombreux couplets. Sous la Quatrième, Charles Trenet en a tiré une version personnelle interprétée par Les Compagnons de la chanson. Sous la Cinquième, Colette Renard en donne une version paillarde en 1963.

De nos jours, elle est simplement considérée comme une chanson enfantine, mais toujours populaire.

« Qui a eu cette idée folle
Un jour d’inventer l’école (bis)
C’est ce sacré Charlemagne
Sacré Charlemagne
De nous laisser dans la vie
Que les dimanch’s les jeudis (bis)
C’est ce sacré Charlemagne
Sacré Charlemagne
Ce fils de Pépin le Bref
Nous donn› beaucoup d’ennuis… »;

France GALL (1947-2018), jeune interprète de Sacré Charlemagne, paroles de Robert Gall sur une musique de Georges Liferman (1964)

Écoutez Sacré Charlemagne sur Youtube

C’est ce qu’on appelle « un tube » national qui lance une nouvelle « idole » avec 2 millions d’exemplaires vendus, devenant un succès international jusqu’en Turquie et au Japon. C’est le temps du yé-yé cher aux baby-boomers. La très jeune chanteuse enregistre le titre (paternel) à contrecœur, avant d’inspirer dans un tout autre genre Michel Berger, son futur mari. Elle doit aussi beaucoup à Serge Gainsbourg et à l’Eurovision : Poupée de cire, poupée de son (1965). Deux noms que nous retrouverons au dernier épisode de l’Histoire en chantant.

Revenons au Sacré Charlemagne de la chanson. Comme souvent, il y a un fond de vérité historique. Charles (qui n’est encore que roi des Francs) place en 782 son grand ami et conseiller Alcuin à la tête de l’« école palatine » (en latin schola palatii) d’Aix-la-Chapelle. C’est un complexe scolaire où l’élite franque faisait instruire ses enfants, des études primaires jusqu’aux supérieures – à distinguer de l’« académie palatine », petit cénacle autour du souverain. « Passionné pour la science, il eut toujours en vénération et comblait de toutes sortes d’honneurs ceux qui l’enseignaient. » Témoignage d’Éginhard (vers 830).

Ainsi Charlemagne mène-t’il une véritable politique culturelle, au point que l’on parle alors d’une « Renaissance carolingienne ». Lui-même est fort savant, quoique autodidacte, ayant appris la rhétorique, la dialectique, le grec, le latin, l’astronomie ; il compose même une grammaire de la langue franque. Se fondant sur une remarque d’Éginhard, mal traduite (du latin) et mal comprise, certains vulgarisateurs ont prétendu qu’il savait à peine écrire. En réalité, cette remarque signifie que même à un âge avancé, l’empereur s’exerçait à la calligraphie, pour atteindre cette perfection propre aux scribes… avec lesquels il ne put cependant rivaliser.

« La Chanson de Roland […] est le plus ancien monument de notre nationalité […] Ce n’est pas seulement la poésie française qu’on voit naître avec ce poème. C’est la France elle-même. »95

Louis PETIT de JULLEVILLE (1841-1900), l’un des traducteurs de la Chanson de Roland (anonyme)

L’escarmouche entre les Vascons (Basques) et l’arrière-garde de l’armée de Charlemagne va donner naissance, trois siècles et demi plus tard, à la première chanson de geste en (vieux) français, poème épique de quelque 4 000 vers maintes fois traduits, et célèbre bien au-delà de la France. C’est aussi la plus célèbre, pour sa qualité littéraire et pour l’importance des faits relatés.

Passage héroïque, celui où le preux Roland refuse de sonner du cor, ce que lui conseille le sage Olivier, préférant se battre et risquer la mort, plutôt que d’alerter Charlemagne et de trouver le déshonneur. « Olivier dit : « Les païens viennent en force, / Et nos Français, il me semble qu’ils sont bien peu. / Roland, mon compagnon, sonnez donc votre cor : / Charles l’entendra et l’armée reviendra. » / Roland répond : « Ce serait une folie ! / En douce France j’en perdrais ma gloire. / Aussitôt, de Durendal, je frapperai de grands coups ; / Sa lame en saignera jusqu’à la garde d’or. / Les païens félons ont eu tort de venir aux cols : / Je vous le jure, tous sont condamnés à mort. » »

Mais Roland va périr avec son compagnon et toute l’arrière-garde des Francs. Charlemagne le vengera en battant les païens (Sarrasins) avec l’aide de Dieu. Le traître Gamelon, beau-frère de Charlemagne et beau-père de Roland, qui a organisé le guet-apens par jalousie, sera jugé, condamné à mort et supplicié.

« De deux maux, on doit toujours choisir le moindre. »194

GUILLAUME de Tudèle (fin XIIe-début XIIIe siècle), Chanson de la croisade albigeoise. La Chanson de la croisade contre les Albigeois (posthume, 1879), commencée par Guillaume de Tudèle et continuée par un poète anonyme

Le goût du combat et du martyre n’est pas donné à tous. Ainsi, les gens de Castelsarrasin se rendirent aux croisés venus les assiéger (août 1212), empruntant aux bourgeois d’Agen ce précepte devenu proverbe : « Dels dos mals, le mens mal deu om tots temps trier. »

De nombreux seigneurs locaux, privés de leurs biens, font mine de se soumettre. On les appelle « faydits » – fuyards ou dépossédés, en langue d’oc. D’autres se joignent aux hérétiques, et c’est aussi une manière de se rebeller contre Philippe Auguste, ce roi capétien dont l’autorité n’est pas encore reconnue.

La politique se mêle plus que jamais à la religion au Moyen Âge, la confusion est immense, la situation s’aggrave. Les bûchers succèdent aux massacres, pour le plus grand malheur du Midi de la France qui en garde aujourd’hui encore la mémoire.

« Seigneurs, sachez : qui or ne s’en ira
En cette terre où Dieu fut mort et vif,
Et qui la croix d’outre-mer ne prendra
Grand-peine aura à gagner paradis. »212

THIBAUD IV (1201-1253), comte de Champagne, Seigneurs sachiez qui or ne s’en ira, chant de croisade. Troubadours et trouvères (1960), France Igly

Écoutez Seigneurs sachiez qui or ne s’en ira sur Youtube

Guerrier aux côtés de Louis VIII le Lion contre les Anglais et en croisade contre les Albigeois, Thibaud prit la tête de la première révolte des barons voulant empêcher Blanche de Castille de faire sacrer trop vite son fils (1226). Mais il s’est bientôt soumis au jeune roi et rallié à la régente. Il en est même passionnément épris et compose des poèmes d’amour courtois qu’il expose, sur les murs de ses palais !

Trouvère le plus réputé de son temps, surnommé Thibaud le Chansonnier et salué par Dante dans sa Divine Comédie, il compose cette chanson pour la septième croisade menée par le très pieux Louis IX (futur Saint-Louis). Très pieux lui-même, il participa auparavant à une nouvelle croisade des barons (1239) qui récupéra une partie du royaume de Jérusalem au cours de la sixième croisade.

« Temps de douleur et de tentation.
Âge de pleur, d’envie et de tourment.
Temps de langueur et de damnation.
Âge mineur, près du définement. »264

Eustache DESCHAMPS (vers 1346-vers 1406), Ballade du temps présent. Histoire de la France : dynasties et révolutions, de 1348 à 1852 (1987), Georges Duby, Jacqueline Beaujeu-Garnier

Écuyer, magistrat, diplomate et poète prolixe (quelque 80 000 vers à son actif), il reste comme l’inventeur de la ballade : poème médiéval à forme fixe, composé de trois couplets et d’une demi-strophe appelée envoi, chacune étant terminée par un vers refrain qui rappelle la forme chantée des origines. Eustache Deschamps est du moins l’un des meilleurs précurseurs du genre.

Il évoque ici en quatre vers les horreurs de cette « guerre de Cent Ans » qui va ravager la France, à partir de 1337 et pendant plus d’un siècle. C’est l’une des périodes les plus sombres de l’histoire. Et la guerre n’est pas seule en cause. Au début du XIVe siècle réapparaissent des problèmes qu’on croyait réglés : épidémies mortelles (diphtérie, oreillons, scarlatine), disettes ou famines. À la veille de la peste noire (1348), les historiens parlent d’un monde plein, suite à plusieurs siècles de croissance démographique, comme si l’Europe arrivait à une certaine saturation… On revient alors au niveau démographique de l’an 1000.

« Paix est trésor qu’on ne peut trop louer.
Je hais guerre, point ne doit la priser. »266

Charles d’ORLÉANS (1394-1465), Ballade, vers 1430. Histoire de la langue française jusqu’à la fin du XVIe siècle (1881), Arthur Loiseau

Ce prince, petit-fils de Charles V et père du futur Louis XII, prisonnier à Azincourt en 1415, demeura vingt-cinq ans captif en Angleterre, faute de pouvoir payer sa rançon ! « Les chansons les plus françaises que nous ayons furent écrites par Charles d’Orléans. Notre Béranger du XVe siècle, tenu si longtemps en cage, n’en chanta que mieux » (Jules Michelet, Histoire de France).

Ces vers disent un désir de paix qui se retrouve dans les deux camps et dans toutes les classes de la population. Après la reconquête d’une partie de la France anglaise (Nord et Centre), Charles VII et le duc de Bourgogne, réconciliés, signent la paix d’Arras (1435). Ce renversement des alliances ramène l’espoir dans le pays. Paris est repris en avril 1436, et le roi y fait une « joyeuse entrée », le 12 novembre 1437.

Mais la paix d’Arras laisse « sans emploi » les bandes de mercenaires bourguignons. Voici revenu le temps des Grandes Compagnies, des routiers, et des écorcheurs qui sèment le désordre et la terreur. Une épidémie de peste décime la population, puis c’est la famine. Et la guerre de Cent Ans avec les Anglais n’est pas finie.

« Bois ton sang, Beaumanoir, la soif te passera. »293

Chevalier Geoffroy de BOVES, ou du BOIS (XIVe siècle), à Jean de Beaumanoir, blessé au combat, mars 1351. Ballade de la bataille des Trente, chanson de geste anonyme, Histoire de la littérature française (1905), Émile Faguet

C’est un épisode de la guerre de Succession de Bretagne, qui relance les hostilités franco-anglaises. Depuis la mort de Jean III de Bretagne, deux princes se disputent le duché : Jean de Montfort (son demi-frère) soutenu par le roi d’Angleterre et Charles de Blois (marié à sa nièce), propre neveu du roi de France et naturellement soutenu par lui.

Le combat des Trente oppose trente Français, commandés par le baron de Beaumanoir, et une troupe composée de trente Anglais, Allemands et Bretons, commandée par Bemborough, capitaine anglais. Froissart relate ce fait d’armes « moult merveilleux », c’est surtout un carnage qui va durer tout un jour.

Quand Beaumanoir, suant sang et eau, s’arrête pour demander à boire, l’adversaire lui fait cette réponse cinglante, et telle est sa colère que la soif lui passe et la force lui revient. La victoire reste aux Français (six morts, contre neuf Anglais) et la Bretagne à la France. Après la prise de Calais et le désastre de Crécy, c’est une revanche sur l’ennemi.

« À ceux qui travaillaient la terre,
La terre doit appartenir,
Récompense à la vie austère
D’un illustre peuple martyr :
Et de baraques en baraques
Se levèrent les paysans,
Les va-nu-pieds, les artisans,
Les rudes gars qu’on nommait Jacques. »301

Jacques VACHER (1842-1897), chanson évoquant la Jacquerie de 1358. Voix d’en bas : la poésie ouvrière du XIXe siècle (1979), Edmond Thomas

Ardent républicain sous le Second Empire, il créera le premier Caveau stéphanois en 1869, lieu de poésie, de chansons et d’expression libre, avant de s’enrôler en 1870, comme franc-tireur républicain. Une rue de Saint-Étienne porte son nom.

Fils de paysan et lui-même artisan menuisier, il évoque le mécontentement du « petit peuple » dans les campagnes au Moyen Âge. Les paysans ont déjà dû payer l’équipement de leurs seigneurs qui se firent battre à Crécy, puis à Poitiers. Il faut à présent donner pour leur rançon. Décimés il y a dix ans par la peste noire et la famine, les voilà maintenant pillés par les bandes anglo-navarraises, comme par les soldats du dauphin Charles.

« Vainqueur de gens et conquéreur de terre,
Le plus vaillant qui onques fut en vie,
Chacun pour vous doit noir vêtir et querre [chercher].
Pleurez, pleurez, fleur de la chevalerie. »315

Eustache CESCHAMPS (vers 1346-vers 1406), Ballade sur le trépas de Bertrand Du Guesclin

Du Guesclin, capitaine breton promu connétable de France, incarna le sentiment patriotique naissant durant la Guerre de Cent Ans.

D’une laideur remarquable et d’une brutalité qui fit la honte de sa famille, il gagna le respect de la noblesse, par son courage, sa force et sa ruse, pour devenir le type du parfait chevalier, héros populaire dont poèmes et chansons célèbrent les hauts faits. Cette ballade est l’œuvre la plus connue d’Eustache Deschamps.

« Mais où sont les neiges d’antan ? […]
Et Jeanne la bonne Lorraine
Qu’Anglais brûlèrent à Rouen ? »350

François VILLON (vers 1431-1463), Le Grand Testament, Ballade des dames du temps jadis (1462)

Écoutez Le Grand Testament, Ballade des dames du temps jadis sur Youtube

Un des premiers poètes à lui rendre hommage est Villon, né (vraisemblablement) l’année de sa mort.

Georges Brassens mettra en musique cette ballade en 1953, fasciné par ce poète du Moyen Âge plus que par Jeanne et autres dames : « Villon me plaisait par son apparence, par ce qu’on disait de lui, parce qu’il avait failli être pendu. Et puis, il vivait en marge de la société. J’ai toujours été hanté par cette idée de marge. J’ai vécu avec Villon pendant deux années. Je ne lisais que ça. J’étais devenu lui. »

« Louis XI, gagne-petit, je t’aime, curieux homme.
Cher marchand de marrons, que tu sus bien tirer les marrons de Bourgogne. »276

Paul FORT (1872-1960), Ballades françaises (1898)

Le « prince des poètes » donne ce raccourci des relations entre Louis XI et son cousin le duc de Bourgogne, Charles le Téméraire : à sa mort, il rattachera son duché à la couronne de France. Le duc qui détestait ce roi le surnomma (vers 1470) l’« universelle aragne » (araignée).

« J’ai vu le roi d’Angleterre
Amener son grand ost [armée]
Pour la française terre
Conquérir bref et tost [vite].
Le roi, voyant l’affaire,
Si bon vin leur donna
Que l’autre, sans rien faire,
Content, s’en retourna. »381

Chanson qui met en scène Édouard IV et Louis XI, été 1475. Histoire de la France : dynasties et révolutions, de 1348 à 1852 (1971), Georges Duby

La joie des Français éclate et comme souvent, la chanson dit vrai : Louis XI régala « son cousin » Édouard IV de bonne chère à Picquigny, après avoir saoulé de bonnes barriques et gavé de bonnes viandes qui donnent envie de boire l’armée anglaise, en attente de ravitaillement. Cela fait aussi partie de la diplomatie à la française.

Il n’en fallait pas plus, et pas moins, pour sceller la nouvelle entente des deux rois et des deux pays. Édouard IV, qui a renoncé à son alliance avec le Téméraire, rembarque avec son armée. Et l’Angleterre est rendue à sa vocation insulaire – elle garde seulement Calais et défendra cette citadelle anglaise jusqu’en 1558.

Revivez toute l’Histoire en citations dans nos Chroniques, livres électroniques qui racontent l’histoire de France de la Gaule à nos jours, en 3 500 citations numérotées, sourcées, replacées dans leur contexte, et signées par près de 1 200 auteurs.

RENAISSANCE ET GUERRES DE RELIGION

Mécénat et patriotisme poétique.

« Le Grec vanteur la Grèce vantera
Et l’Espagnol l’Espagne chantera
L’Italien les Itales fertiles,
Mais moi, François, la France aux belles villes. »388

Pierre de RONSARD (1524-1585), Hymne de France (1555-1556)

Le jeune « écuyer d’écurie » entre dans la carrière des lettres. L’éloge de la France est un thème classique, l’expression d’un sentiment national profond, sensible en d’autres lieux, mais sans doute plus intense en cette terre bénie des dieux, faite d’équilibre et de charme, et qui inspirera, le danger revenu avec les guerres étrangères et civiles, des chansons déjà patriotiques et les Discours enflammés d’une littérature engagée.

« Sonnez, trompettes et clairons
Pour réjouir les compagnons
Bruyez bombardes et canons
Donnez des horions,
Tous gentils compagnons
Suivez, frappez, tuez. »440

Clément JANEQUIN (1485-1558), La Guerre, Chanson de Marignan, 1515. Histoire de la France : dynasties et révolutions, de 1348 à 1852 (1971), Georges Duby

Écoutez La Guerre, Chanson de Marignan sur Youtube.

Le patriotisme précède le mot même de patrie : sous la Renaissance, il inspire d’innombrables hymnes et odes à la France, signés des plus grands poètes du temps, à commencer par Ronsard. Mais il éclate aussi dans les chansons qui accompagnent chaque haut fait des armées françaises.

« Bataille de géants », selon témoins et chroniqueurs, Marignan est également un carnage (toujours selon les critères de l’époque) : 14 000 Suisses tués, 2 500 Français et Vénitiens.

« Hélas, La Palice est mort
Il est mort devant Pavie
Hélas ! s’il n’était pas mort
Il serait encore en vie. »454

La Mort de La Palice, chanson anonyme de 1525. Revue de la Renaissance, volume IV (1903), Léon Séché

Écoutez La Mort de La Palice sur Youtube

Cette chanson populaire a une longue histoire.

À l’origine, elle célèbre la vaillance de Jacques II de Chabannes, seigneur de La Palice, chambellan du roi, maréchal de France, héros de toutes les grandes batailles des guerres d’Italie depuis Fornoue, avec Charles VIII. Parcours comparable à celui de Bayard, mort un an plus tôt, couvrant la retraite de l’armée française, honoré et pleuré même par ses ennemis.

Bravoure égale de La Palice, chantée par les Français : « Un quart d’heure avant sa mort / Il faisait encore envie », ou bien, autre version : « Un quart d’heure avant sa mort / Il était encore en vie », c’est-à-dire plein de courage, jusqu’à sa dernière heure.

Ce n’est qu’au XVIIIe siècle qu’on déforme le sens de ces vers, pour n’en retenir que la naïveté et en faire une « lapalissade », injustement associée au nom du seigneur de La Palice.

« Quatre grosses bêtes
Font un huguenot
Calvin fait la tête
Et Luther le dos
Marot fait les pattes
Et Bèze le trou du cul
Lanturlu ! »471

Quatre grosses bêtes (ou Contre les Huguenots), chanson satirique anonyme contre quatre protestants célèbres. Histoire de France par les chansons (1982), France Vernillat, Pierre Barbier

Le langage peu policé n’est que la réponse aux injures des protestants. Mais le texte met dans le même sac quatre personnages fort différents !

Calvin devient le « pape de Genève », faisant de cette ville le centre intellectuel de la Réforme d’où il va diriger l’Église des réformés de France. Théodore de Bèze, son disciple, lui succède à sa mort, en 1564. Luther fut le grand initiateur de la Réforme, par ses 95 thèses affichées en 1517 sur les portes du château de Wittenberg, pour dénoncer la vente des indulgences. Marot enfin, gentil poète et courtisan, a déjà connu la prison pour avoir « mangé le lard » en Carême, et s’est retrouvé sur la liste des 52 suspects après l’affaire des Placards. Il s’exile, demande pardon au roi dans une épître, puis abjure le protestantisme, pour revenir en grâce à la cour, si nécessaire à sa joie de vivre. Mais le Parlement de Paris sévit de nouveau contre lui, après la publication de textes jugés luthériens.

« Le beau prince d’Orange
Est mort et enterré,
J’l’ai vu porter en terre
Par quatre cordeliers. »476

Le Prince d’Orange, chanson anonyme. Histoire de la France : dynasties et révolutions, de 1348 à 1852 (1971), Georges Duby

Écoutez Le Prince d’Orange sur Youtube.

La maison de Nassau (duché d’Allemagne) acquit en 1530 la principauté d’Orange, en France (actuel département du Vaucluse). René de Nassau, prince d’Orange et capitaine de Charles Quint, meurt devant Saint-Dizier qui résiste aux Impériaux, en 1544. Cet épisode de la cinquième guerre entre François Ier et Charles Quint est l’occasion de couplets célébrant la mort d’un ennemi.

Au XVIIIe siècle, il en naîtra, sur le même timbre et le même thème, l’un des plus populaires refrains dans l’histoire de la chanson : Malbrough s’en-va-t-en guerre.

« Dans le château de Rambouillet,
Le roi François s’y trépassait […]
Par quoi chantons à haute voix
Vive Henri, roi des François ! »478

Chanson nouvelle composée sur les regrets du trépassement du Très Chrétien Roi de France, 1547. Histoire de France par les chansons (1982), France Vernillat, Pierre Barbier

Prématurément vieilli à 52 ans, après trente-deux ans de règne, François Ier, dit le Roi chevalier ou le Roi guerrier, meurt : d’une fistule tuberculeuse ou du « mal de Naples » ? Les historiens en débattent encore.

La duchesse d’Étampes, maîtresse du roi devenue très influente ces dernières années, doit partir et laisser seule en la place Diane de Poitiers, favorite du nouveau « roi des François », Henri II.

« Adieu, charmant pays de France,
Que je dois tant chérir ;
Berceau de mon heureuse enfance,
Adieu ! Te quitter, c’est mourir. »497

BÉRANGER (1780-1857), Chansons, Adieux de Marie Stuart

Ce poète et chansonnier, trois siècles plus tard, célèbre l’infortunée reine d’Écosse et de France devenue aussi l’héroïne d’un drame en vers de Schiller, en 1800.

Fiancée à François II quand il n’est que dauphin, élevée en France, elle devient l’une des princesses les plus cultivées du siècle, et reine de France en 1559. Veuve à 18 ans, après un trop court règne, en 1561, elle doit regagner l’Écosse – pays de son père le roi Jacques V, jadis allié de la France. Voulant imposer à la fois son catholicisme et son autorité, elle vit dans la tourmente des révoltes presbytériennes et doit se réfugier en Angleterre. Elle y reste dix-huit ans prisonnière de sa rivale politique et religieuse, Élisabeth Ire qui finit par la faire exécuter – Marie n’a alors que 37 ans.

« Quand ce dur printemps je vois
Je connais toute malheureté au monde
Je ne vois que toute erreur et horreur
Courir ainsi que fait l’onde. »557

Chanson du Printemps retourné (vers 1586). Anonyme

La chanson reprend le poème célèbre de Ronsard : « Quand ce beau printemps je vois… » Et elle détourne les vers. C’en est fini de ce temps (qui n’était déjà pas si calme). La Ligue sème le vent et va récolter la tempête, cependant que la littérature s’apitoie sur la France à nouveau déchirée.

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NAISSANCE DE LA MONARCHIE ABSOLUE

Chansonnée à plaisir sous Henri IV et Louis XIII

« Vive Henri IV
Vive ce roi vaillant !
Ce diable à quatre
A le triple talent
De boire et de se battre
Et d’être un Vert Galant ! »605

Vive Henri IV, chanson anonyme. Chansons populaires du pays de France (1903), Jean-Baptiste Weckerlin

Écoutez Vive Henri IV sur Youtube.

Ce premier couplet est contemporain du roi. Au fil des siècles, d’autres s’ajoutent, à mesure qu’Henri IV devient l’un des mythes de l’histoire de France. Au XXVIIIe siècle, le culte du bon roi Henri atteint son apogée. La Partie de chasse d’Henri IV (1774), pièce de Charles Collé qui reprend la chanson, triomphe après les foudres de la censure – la comparaison se fait fatalement au désavantage de Louis XV qui n’est plus le Bien-Aimé, en fin de règne.

Quant au caractère public des amours royales, il dépasse la médiatisation qu’en fait aujourd’hui la presse people. Que ce soit pour applaudir ou médire, pour dire la vérité ou répandre la rumeur, les chansons et les pamphlets (souvent anonymes) sont les premiers médias populaires.

L’amour des femmes est quand même le point faible du roi, qui mettra en danger la paix du royaume pour littéralement courir après sa dernière maîtresse, Charlotte Marguerite de Montmorency : elle a 15 ans, et lui 56.

« Charmante Gabrielle,
Percé de mille dards
Quand la gloire m’appelle
Sous les drapeaux de Mars
Cruelle départie
Malheureux jour
Que ne suis-je sans vie
Ou sans amour ! »608

HENRI IV (1553-1610), Chanson, Charmante Gabrielle. Leçons et modèles de littérature française (1836), P.-F. Tissot

Cette chanson royale n’est sans doute pas une leçon ni un modèle de littérature française - Henri IV ne se pose pas en grand rimeur et le mécénat artistique sous son règne est plutôt le fait de la reine, Marie de Médicis.

La charmante Gabrielle (d’Estrées) est la préférée de ses maîtresses. Il lui fait trois enfants (légitimés) et songe même à l’épouser, quand elle meurt subitement, en 1599. Le roi si mal marié (après annulation de son premier mariage avec Marguerite de Valois, dite la reine Margot) aura eu bien d’autres maîtresses : Françoise de Montmorency, Jacqueline de Bueil, Charlotte des Essarts, Henriette d’Entragues parmi les plus célèbres.

« Hélas, ma pauvre barbe, qui est-ce qui t’a faite ainsi ?
C’est le grand roi Louis,
Treizième du nom,
Qui toute a esbarbé sa maison. »677

La Barbe à la royale, chanson. Historiettes : mémoires pour servir à l’histoire du XVIIe siècle (posthume, 1834), Tallemant des Réaux

On plaisante sur ce nouveau coup d’autorité du roi, qui s’affirme ainsi, parfois, dans les petites choses. Dans ses Historiettes, le mémorialiste rapporte qu’« un jour, le roi coupa la barbe à quelques officiers, ne leur laissant à la lèvre supérieure qu’un petit bouquet nommé royale ». La barbiche est bien visible, sur les portraits de l’époque, notamment ceux de Louis XIII et de Richelieu.

« Sire, ne soyez point courtois
À ces rebelles Rochellois
Point de pardon : il faut tout pendre !
Vous m’avez donné la maison
D’un parpaillot. S’il faut la rendre,
Je serai sot comme un oison. »700

Les Rochellois, chanson. Annales (1830), Société académique de Nantes et du département de la Loire inférieure

Malgré la tradition qui en fait un droit, le pillage est interdit, d’où les murmures des vainqueurs désabusés, entrant dans la ville, le 1er novembre 1628.

Après quinze mois de siège, les trois quarts des habitants ont péri (22 500 morts) et l’on n’ose pas fêter cette amère victoire des Français contre des Français. Fortifications rasées, franchises municipales supprimées : la ville ne s’en remettra pas de longtemps.

« Nous avons un Dauphin,
Le bonheur de la France,
Rions, buvons sans fin
À l’heureuse naissance. »725

SAINT-AMANT (1594-1661), La Naissance de Louis XIV (1638), chanson. Des chansons populaires chez les anciens et chez les Français (1867), Charles Nisard

La naissance d’un enfant royal est toujours une occasion de fêtes pour le peuple. Quand c’est un fils, attendu depuis plus de vingt ans, l’événement est salué par une explosion de joie, ce 5 septembre 1638 : « Ce n’était rien que jeux, feux et lanternes / On couchait dans les tavernes […] On fit un si grand feu / Qu’on eut en grande peine / À sauver la Samaritaine / Et d’empêcher de brûler la Seine. »

Et toujours chantant, le peuple prédit : « Lorsque ce Dieu-Donné / Aura pris sa croissance / Il sera couronné / Le plus grand roi de France. / L’Espagne, l’empereur et l’Italie, / Le Croate et le roi d’Hongrie / En mourront de peur et d’envie. »

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