L’Histoire en chantant (la Révolution et le Directoire) | L’Histoire en citations
Édito de la semaine

 

Chaque époque donne le ton, d’où l’extrême diversité de ce résumé chantant qui alterne à l’infini comique et tragique, populaire et poétique, avec une dose de fantaisie propre à l’esprit français.

Quelques constantes en font l’originalité.

  • Le peuple est le premier acteur de cette histoire, qu’il s’exprime dans le répertoire des traditionnelles chansons populaires ou dans le registre patriotique des chants de guerre. Mais ballades et chansons de geste furent aussi à la mode, en leur temps.

  • Beaucoup de titres sont anonymes, à commencer par les quelque 6 500 mazarinades chantées sous la Fronde contre Mazarin qui bat tous les records d’impopularité. De manière plus générale, « en France et sous nos rois, la chanson fut longtemps la seule opposition possible ; on définissait le gouvernement d’alors comme une monarchie absolue tempérée par des chansons. » (Eugène Scribe). Cet anonymat perdure bien après la Révolution, aussi longtemps qu’il y aura censure, au XIXe siècle et au-delà. Dernier cas, le Déserteur pendant la guerre d’Indochine (1954), mais le texte est signé (Boris Vian et Serge Reggiani).

  • La chanson sous toutes ses formes reste malgré tout un espace de liberté d’expression et reflète l’opinion publique, bien avant la grande presse créée au XIXe siècle, les sondages nés à la veille de la Seconde Guerre mondiale et les réseaux sociaux, inventions de notre siècle.

  • La Révolution est toujours la « grande époque » de l’Histoire (en chantant, en citations et en général). Deux « tubes » sont nés : la Marseillaise et le Ça ira. Leur petite histoire vous réserve des surprises… Surprise aussi de trouver Il pleut, il pleut bergère, entre quelques dizaines de titres de circonstance à découvrir.

  • La Commune de Paris, autre paroxysme héroïque, nous offre l’Internationale au destin historique mondial… et le Temps des cerises au sens resté mystérieux.

  • Les guerres sont toujours très chantées à divers titres et sur divers tons. Signalons un doublon « bon enfant » avec la Madelon, deux versions, 1914 et 1918, confondues par Clemenceau lui-même,  chargé de décorer l’auteur de la seconde…

L’apparition des chansons et des chanteurs engagés donne un tout autre ton à la Quatrième et la Cinquième Républiques. C’est l’âge d’or de la chanson française et l’embarras du choix grandit avec quelques « standards » incontournables des protest songs venus d’Amérique.

Là encore, quelques surprises. À côté des Ferré, Ferrat, Brel, Brassens et autres artistes engagés à divers propos (peine de mort, racisme, homophobie, émigration, écologie, anarchie, féminisme…), on découvre Johnny Halliday avec un titre tout à son honneur et à celui de son auteur (Philippe Labro).

Plus d’une centaine de vidéos YouTube servent d’illustration sonore à cette Histoire en chantant.

Revivez toute l’Histoire en citations dans nos Chroniques, livres électroniques qui racontent l’histoire de France de la Gaule à nos jours, en 3 500 citations numérotées, sourcées, replacées dans leur contexte, et signées par près de 1 200 auteurs.

Révolution

Le pouvoir au peuple qui chante, chansons de rue ou chants de guerre historiques

« Le bourgeois et le marchand
Marchent à la Bastille
Et ran plan plan […]
Sortez de vos cachots funèbres
Victimes d’un joug détesté
Voyez à travers les ténèbres
Les rayons de la Liberté ! »1330

La Prise de la Bastille (1790), chanson anonyme. Histoire de France par les chansons (1982), France Vernillat, Pierre Barbier

Écoutez La Prise de la Bastille sur Youtube

Chanson vaudeville, genre en vogue à la fin du XVIIIe siècle.

L’événement se joue en deux actes : « Départ pour le siège », puis « Délivrance des captifs ». Le style est typique de l’époque. Les « victimes d’un joug détesté », ce sont les prisonniers libérés. L’inventaire est dérisoire. Ils sont sept : quatre escrocs ayant falsifié une lettre de change, deux malades mentaux et un jeune gentilhomme prodigue, le comte de Solanges, embastillé pour inceste. À quelques jours près, on trouvait le fameux marquis de Sade – transféré à Charenton.

« Ennemis de la France,
Votre règne est passé ;
Le temps de la vengeance
Est enfin arrivé.
À de Launay, Flesselles,
À Berthier et Foullon,
On met une ficelle
Au-dessous du menton. »1338

La Prise de la Bastille, refrain (1790), chanson anonyme. Histoire de France par les chansons (1982), France Vernillat, Pierre Barbier

La chanson qui se veut plus que jamais chronique de l’événement fait ici allusion à deux faits. D’abord la prise du fort le 14 juillet 1789, avec le massacre de son gouverneur de Launay et de Flesselles, prévôt des marchands de Paris, qui s’opposèrent tous deux aux émeutiers.

Ensuite, le 22 juillet, l’assassinat de Foullon, intendant des Finances (en remplacement de Necker), condamné par l’Assemblée des électeurs de l’Hôtel de Ville comme « affameur du peuple » et pendu, avec son gendre Berthier de Sauvigny, chargé de l’approvisionnement et accusé de spéculation sur les grains.

« Il pleut, il pleut bergère
Rentre tes blancs moutons
Allons sous ma chaumière
Bergère, vite allons
J’entends sous le feuillage
L’eau qui tombe à grand bruit.
Voici, venir l’orage,
Voici l’éclair qui luit. »,

Fabre d’ÉGLANTINE (1750-1794), paroles, et Louis-Victor SIMON (1764-1820), musique

Écoutez Il pleut, il pleut bergère sur Youtube.

Chanson tirée d’un opéra-comique (Laure et Pétrarque) de 1780, elle gagne sa popularité au lendemain de la prise de la Bastille, quand est créée la garde nationale. La bergère serait Marie-Antoinette (reine qui sa plaisait à jouer ce rôle au Petit-Trianon de Versailles) et l’orage à venir n’est autre que la Révolution (menaçant à la fin de l’Ancien Régime).

Fabre d’Églantine est aussi l’auteur du calendrier révolutionnaire aussi poétique que bucolique, voire écologique avant l’heure : vendémiaire, brumaire, frimaire renvoient aux vendanges, aux brumes, aux frimas de l’automne - nivôse, pluviôse et ventôse évoquent neiges, pluies et vents d’hiver.

Les mois du printemps leur succèdent, germinal, floréal, prairial, associés à germination, floraison et prairies. Enfin, l’été de messidor, thermidor et fructidor, qui rappellent moissons, chaleur et fruits.

Mais Fabre fut également un député montagnard proche de Danton et comme lui accusé de corruption, condamné et guillotiné avec lui le 5 avril 1794 (16 germinal an II). Il aurait fredonné sa chanson dans la charrette le menant à l’échafaud.

« Ah ! ça ira, ça ira, ça ira
Le peuple en ce jour sans cesse répète,
Ah ! ça ira, ça ira, ça ira.
Malgré les mutins tout réussira […]
Pierre et Margot chantent à la guinguette :
Ah ! ça ira, ça ira, ça ira.
Réjouissons-nous le bon temps viendra. »1371

LADRÉ (XVIIIe siècle), paroles, et BÉCOURT (XVIIIe siècle), musique, Le Carillon national, chanson. Chansons nationales et populaires de France (1846), Théophile Marion Dumersan

Le chant est connu sous le nom de son refrain : « Ah ! ça ira ». Ladré, chanteur des rues, en a écrit les paroles sur Le Carillon national, musique de contredanse signée Bécourt, violoniste de l’orchestre au théâtre des Beaujolais. La reine Marie-Antoinette la jouait volontiers sur son clavecin.

Le texte est tout à fait innocent à l’origine : il reprend l’expression de Benjamin Franklin venu en mars 1777 défendre la cause des Insurgents, résolument optimiste et répétant au plus fort de la guerre d’Indépendance en Amérique, à qui lui demande des nouvelles : « Ça ira, ça ira. »

Le mot est connu, le personnage est populaire et dans l’enthousiasme des préparatifs de la fête, le peuple chante : « Ça ira, ça ira. » Qui pourrait se douter que quelques mois après, il annoncera la Terreur à venir deux ans plus tard. Il est vrai que tout va très vite, sous cette Révolution, la chanson étant le plus instantané des « médias », à l’image des réseaux sociaux du XXIe siècle.

« Aristocrate, te voilà donc tondu,
Le Champ de Mars te fout la pelle au cul,
Aristocrate, te voilà confondu.
J’bais’rons vos femmes, et vous serez cocus,
Aristocrates, je vous vois tous cornus. »1373

Le Tombeau des aristocrates (anonyme), chanson anonyme. Histoire de France par les chansons (1982), France Vernillat, Pierre Barbier

Chanté le 14 juillet 1790 sur le Champ de Mars (avec « La Pelle au cul », version très voisine), le jour même de cette fête de la réconciliation nationale. C’est un tout autre ton que le « ça ira » – lequel va connaître nombre de parodies fort dures pour les aristos.

Cela montre aussi la complexité de cette Révolution où tous les courants d’opinion se croisent, et le parfait reflet de l’opinion publique que sont les chansons. Toute l’histoire de France se déroule à travers elles : la preuve…

« Pierre, Paul, Mathieu, Mathias, Jude,
Simon et vous Barthélemy,
Voyez à quelle épreuve rude
Le Français vous met aujourd’hui.
Vos cris sont superflus,
Vous serez tous fondus !
Grands saints dans le creuset,
Tombez, c’est le décret. »1375

Les Saints convertis en monnaie, chanson. Histoire de France par les chansons (1982), France Vernillat, Pierre Barbier

Encore une chanson pour dire la crise. Et tous les détails de l’Histoire nous sont contés.

Il faut récupérer tous les métaux, précieux ou non. Les médailles sont fondues comme les cloches, pour faire des pièces et des canons. Tandis que la monnaie papier, l’assignat (créé le 14 décembre 1789, sorte de bon du Trésor gagé sur la vente des biens du clergé) va perdre peu à peu de sa valeur.

« Ah ! ça ira, ça ira, ça ira,
Les aristocrates à la lanterne,
Ah ! ça ira, ça ira, ça ira,
Les aristocrates on les pendra. »1381

Ah ! ça ira, couplet anonyme, sur une musique de BÉCOURT (XVIIIe siècle), chanson

Écoutez Ah ! ça ira sur Youtube.

Le plus célèbre « refrain de la Révolution française », né bon enfant, se durcit et se radicalise, quand une main anonyme ajoute ce couplet vengeur. Toujours sur le même air de contredanse populaire du Carillon national. La très populaire Édith Piaf redonne vie à ce « tube » révolutionnaire, femme du peuple dans le film de Sacha Guitry Si Versailles m’était conté (1954).

« Allons, enfants de la patrie… »1410

ROUGET de l’ISLE (1760-1836), Chant de guerre pour l’armée du Rhin (1792)

Écoutez Chant de guerre pour l’armée du Rhin sur Youtube.

Premier vers de ce qui deviendra l’hymne national français sous le nom de La Marseillaise, paroles et musique de Claude Joseph Rouget de l’Isle, chant composé dans la nuit du 25 avril 1792 à la requête du maire Dietrich à Strasbourg, joué pour la première fois par la musique de la garde nationale de cette ville, le 29 avril. C’est sans doute le titre le plus populaire de toute notre Histoire, mais il faut en rappeler la petite histoire… et même le sens des paroles.

« Aux armes, citoyens !
Formez vos bataillons !
Marchez, marchez,
Qu’un sang impur
Abreuve nos sillons ! »1417

ROUGET de l’ISLE (1760-1836), Le Chant de guerre pour l’armée du Rhin, refrain (1792)

« Trouvé à Strasbourg […] il ne lui fallut pas deux mois pour pénétrer toute la France. Il alla frapper au fond du Midi, comme par un violent écho, et Marseille répondit au Rhin. Sublime destinée de ce chant ! », écrit Michelet, lyrique et romantique, dans son Histoire de la Révolution française.

Mystérieusement arrivé à Marseille, le chant plaît au bataillon des Marseillais, qui l’adopte comme hymne de ralliement et le chante le 29 juin 1792, en plantant dans la ville un arbre de la Liberté. Son histoire ne fait que commencer.

Arrêtons-nous un instant sur le sens de l’expression « sang impur ». Le sang est un mot fréquent sous cette  Révolution qui n’en est pas avare… Le sang impur pourrait être celui de l’ennemi qu’il ne faut pas hésiter à faire couler. Mais c’est plus vraisemblablement celui du peuple qui nourrira nos terres et qui n’est pas de « sang bleu »,  le « sang pur » de la noblesse, celui des combattants de métier des armées royales ou impériales, coalisées contre la jeune République française. La Marseillaise glorifie au contraire ce sang impur de l’armée populaire et des bataillons de volontaires : « La Révolution leur criait : « Volontaires, Mourez pour délivrer tous les peuples vos frères ! » / Contents, ils disaient oui. / « Allez, mes vieux soldats, mes généraux imberbes ! » / Et l’on voyait marcher ces va-nu-pieds superbes / Sur le monde ébloui. »

L’historien Michelet, plus précis, n’est pas moins lyrique dans son Histoire de la Révolution : « Six cent mille volontaires inscrits veulent marcher à la frontière […] Ils restent tous marqués d’un signe qui les met à part dans l’histoire ; ce signe, cette formule, ce mot n’est autre que leur simple nom : Volontaires de 92. »

Mal équipés, pas formés, ces jeunes au sang impur viennent de toute la France pour répondre aux appels passionnés de la République. 400 000 pour l’été et l’automne 1792, 300 000 de plus en février 1793. Mais le volontariat ne sera pas éternellement suffisant. Et le sang (bleu ou impur) ne va plus cesser de couler…

« Couple perfide, réservez vos larmes
Pour arroser le prix de vos forfaits […]
Un peuple libre reconnaît les charmes
De n’être plus au rang de vos sujets. »1389

Poursuite et retour de la famille ci-devant royale (juin 1791), chanson anonyme. Histoire de France par les chansons (1982), France Vernillat, Pierre Barbier

Le peuple chante encore, mais il a perdu confiance en Louis XVI après la fuite à Varennes. Comme l’écrit Denis Richet dans le Dictionnaire critique de la Révolution française : « Un roi avait en fuyant abandonné sa souveraineté. Un autre roi, le peuple, assistait gravement au spectacle. »

C’est une foule terriblement silencieuse qui accueille le cortège à son retour, le 25 juin. La Constituante a suspendu Louis XVI de ses fonctions, dès le 21. Ces cinq jours de vacance du trône prouvent que la France peut vivre sans roi… et la République devient un régime possible. Pour l’historienne Mona Ozouf, le 21 juin, c’est « la mort de la royauté ».

« Guillotin – Médecin – Politique,
Imagine un beau matin
Que pendre est inhumain
Et peu patriotique.
Aussitôt – Il lui faut – Un supplice
Qui, sans corde ni poteau,
Supprime du bourreau
L’office. »1413

La Guillotine, chanson anonyme. Les Actes des Apôtres (1789-1791), Un journal royaliste en 1789 (1873), Marcellin Pellet

Écoutez La Guillotine sur Youtube.

Dansés sur un air de menuet, ces vers prouvent que tout fut bon à chansonner ! Mais c’est quand même contre l’avis de Guillotin qu’on baptisa guillotine ces « bois de justice ».

Premier condamné à mort guillotiné, un voleur de grand chemin, Nicolas Pelletier, exécuté en place de Grève à Paris (aujourd’hui place de l’Hôtel-de-Ville), le 25 avril 1792.

« Amour sacré de la Patrie
Conduis, soutiens nos bras vengeurs.
Liberté, liberté chérie,
Combats avec tes défenseurs. »1420

ROUGET de l’ISLE (1760-1836), Chant de guerre pour l’armée du Rhin (1792), devenu La Marseillaise (dernier couplet)

Les fédérés marseillais, appelés suite à la déclaration de guerre, ont traversé la France et défilent dans la capitale avec ce Chant de guerre pour l’armée du Rhin, le 30 juillet 1792 (ou le 10 août selon d’autres sources). Connu de tout Paris en un jour, rebaptisé Marseillaise par les Parisiens, diffusé à 100 000 exemplaires par la Convention fin septembre, ce chant entre dans l’histoire de France.

Promue hymne national une première fois en 1795, abandonnée en 1804 sous l’Empire au profit du Chant du départ, La Marseillaise redevient définitivement hymne national en 1880, sous la Troisième République.

La Chronique de Paris note que les Marseillais « chantent avec beaucoup d’ensemble et le moment où ils agitent leurs chapeaux et leurs sabres, en criant tous à la fois « Aux armes, citoyens ! » fait vraiment frissonner. Ils ont fait entendre cet hymne guerrier dans tous les villages qu’ils traversaient et ces nouveaux bardes ont inspiré ainsi dans les campagnes des sentiments civiques et belliqueux ; souvent ils le chantent au Palais-Royal, quelquefois dans les spectacles entre les deux pièces. »

« Madam’ Veto avait promis
De faire égorger tout Paris.
Mais son coup a manqué
Grâce à nos canonniers.
Refrain Dansons la carmagnole
Vive le son vive le son
Dansons la carmagnole
Vive le son du canon ! »1425

La Carmagnole (fin août 1792), chanson anonyme. Chansons populaires de France (1865), Librairie du Petit Journal éd

Écoutez La Carmagnole sur Youtube.

De parolier inconnu, cette Carmagnole est chantée sous les fenêtres du Temple où la famille royale est prisonnière depuis l’épisode de la fuite à Varennes. Monsieur Veto est aussi violemment apostrophé que sa femme.

La Carmagnole résume la situation quasiment au jour le jour et le « pic dans les cachots » va entraîner un nouveau massacre révolutionnaire, plus spectaculaire que les précédents. Ministre de la Justice et responsable des prisons, Danton, qui pouvait tout, ne va rien faire pour empêcher les « massacres de septembre » 1792.

Adoptée par tous les patriotes, la Carmagnole aura de nombreuses parodies, comme la plupart des chants ou chansons très populaires.

« J’ai pris part à tous vos exploits
En vous versant à boire.
Songez combien j’ai fait de fois
Rafraîchir la victoire. »1437

BÉRANGER (1780-1857), La Vivandière (1817), chanson

Présent à Paris au début de la Révolution, très tôt républicain de cœur, Pierre Jean de Béranger trouve son expression dans la chanson patriotique. Il n’imaginait absolument pas que son nom reste dans l’histoire, et c’est pourtant l’un de nos chansonniers les plus populaires ! Nous le retrouverons sous la Restauration et la Monarchie de Juillet, toujours inspiré par les événements politiques.

Ici, il rend hommage à l’entrée sur la scène de l’histoire de ces femmes qui s’engagèrent aux armées, quand la patrie fut proclamée en danger : « Vivandière du régiment / C’est Catin qu’on me nomme / Je vends, je donne et bois gaîment / Mon vin et mon rogome [alcool]. / J’ai le pied leste et l’œil mutin, / Tintin, tintin, tintin, r’lin tintin ; / J’ai le pied leste et l’œil mutin : / Soldats, voilà Catin ! »

Appelées aussi cantinières, elles suivront toutes les guerres de la Révolution et de l’Empire.

« Un soir, disait Condorcet
À plus d’un confrère,
J’ai dans la tête un projet
Qui pourra vous plaire,
Il nous faut, mes chers amis,
Établir en ce pays
Une ré-ré-ré
Une pu-pu-pu
Une ré – Une pu – Une république
D’une forme unique. »1438

François MARCHANT (1761-1793), Le Grand Projet, chanson. Histoire de France par les chansons (1982), France Vernillat, Pierre Barbier

Écoutez Le Grand Projet sur Youtube.

Chanson à la mode au lendemain de Valmy (20 septembre 1792), première victoire décisive de l’armée républicaine (au sang impur), le jour même où la Législative cède la place à la Convention.

Le roi est suspendu de ses fonctions, la monarchie fait place à un nouveau régime et l’humour reprend ses droits : « Sans craindre d’un importun / Les discours infâmes / Nous mettrons tout en commun / Jusques à nos femmes / Si nous agissons ainsi / C’est pour mieux saisir l’esprit / D’une ré-ré-ré / D’une pu-pu-pu / D’une ré / D’une pu / D’une république / Bien démocratique. » À preuve, le suffrage universel (masculin) qui s’applique pour la première fois dans notre histoire, la Législative ayant aboli au lendemain du 10 août la distinction entre citoyens actifs et passifs pour l’élection de la prochaine Assemblée nationale.

« Allons, avec la cocarde,
Aux tyrans, foutre malheur ;
Puis, allons à l’accolade,
Foutons-nous là de bon cœur.
Au diable toutes les frontières
Qui nous tenaient désunis,
Foutre, il n’est point de barrières
Sur la terre des amis. »1454

Jacques HÉBERT (1757-1794), Le Réveil du Père Duchesne, chanson. Histoire de France par les chansons (1982), France Vernillat, Pierre Barbier

C’est un couplet bien dans le ton du Père Duchesne, l’un des journaux les plus populaires de l’époque, distribué aux armées pour éveiller la conscience politique des soldats.

« Ô mon peuple,
Que vous ai-je donc fait ?
J’aimais la vertu, la justice.
Votre bonheur fut mon unique objet,
Et vous me traînez au supplice ! »1477

Complainte de Louis XVI aux Français, quand le verdict fatal est connu à la fin du procès, chanson anonyme. Prières pour le roi, la France, etc. précédées du Testament de Louis XVI et de quelques notes historiques (1816)

Écoutez la Complainte de Louis XVI aux Français sur Youtube.

« Glapie dans les guinguettes par des chanteurs à gages » sur l’air d’une romance célèbre composée par la marquise de Travanet et par Marie-Antoinette, cette complainte a tant de succès qu’elle éclipse un temps La Marseillaise. Faut-il rappeler que la France profonde est majoritairement royaliste et chrétienne !?

Mais le peuple de Paris et les sans-culottes chantent souvent plus fort, à cette époque.

« J’ons plus de roi dans la France […]
À présent tout ira bien
À Paris comme à la guerre.
Je n’craindrons plus le venin
Qui gâtait toute c’t’affaire,
J’aurons vraiment la liberté
En soutenant l’égalité ! »1485

Citoyenne Veuve FERRAND (fin du XVIIIe siècle), Joie du peuple républicain (début 1793), chanson. Histoire de France par les chansons (1982), France Vernillat, Pierre Barbier

Chaque événement historique est ponctué de paroles et musique. Cette Joie du peuple républicain est assurément une « chanson de circonstance » : tout ira bien après la mort du roi. Au-delà de cette joie, le choc en France est immense.

« En toutes les provinces,
Vous entendrez parler
Qu’il y a un nouveau prince
Qu’on dit dans la Vendée,
Qui s’appelle Charette,
Vive son cœur !
Chantons à pleine tête
Gloire et honneur. »1488

Chanson de l’armée de Charette (1793), anonyme. Orphée phrygien : les musiques de la Révolution (1989), Jean-Rémy Julien, Jean-Claude Klein

Écoutez la Chanson de l’armée de Charette sur Youtube.

La guerre de Vendée fait naître d’innombrables chansons. C’est la plus authentique, sinon la seule. Elle reste populaire, chez les amateurs de chants royalistes et jusque sur le site Internet YouTube.

François Athanase de Charette de la Contrie, dit Monsieur de Charette, est l’un des héros de cette guerre qui va déchirer un peu plus encore la France révolutionnaire.

Officier de marine sous l’Ancien Régime, il se trouve à la tête de l’insurrection vendéenne aux premiers jours (prise de Machecoul, le 11 mars 1793). Son armée, ce sont en fait des paysans qui rejoignent leurs seigneurs pour faire acte de guerre et s’en retournent ensuite au travail de la terre.

Seuls permanents aux côtés des chefs, quelques centaines de mercenaires (cavaliers, déserteurs de l’armée républicaine).

« De l’aristocratie,
Marat fut la terreur,
De la démocratie,
Il fut le défenseur.
Du peuple, il fut le père,
L’ami le plus ardent,
Marat fut sur la terre
L’appui de l’indigent. »1521

H. d’HAUSSONVILLE (fin du XVIIIe siècle), citoyen de la section Luxembourg, La Mort de Marat, chanson, 1793. Les Almanachs de la Révolution (1884), Henri Welschinger

Lamartine explique cette popularité de l’homme, dans son Histoire des Girondins : « Marat personnifiait en lui ces rêves vagues et fiévreux de la multitude qui souffre. Il introduisait sur la scène politique cette multitude jusque-là reléguée dans son impuissance. »

Marat joua le rôle du journaliste redresseur de torts et formateur de l’opinion publique, critiquant toujours tout et tous, voulant ouvrir les yeux, ne cessant de réclamer des têtes, inventant le langage de la Terreur, cherchant à détruire tous ses adversaires. En cela, il incarne le révolutionnaire type jusqu’à la caricature. Hébert l’Enragé va prendre le relais.

« Nantes, dans une paix profonde
Jouissait de la liberté
Lorsque Carrier, cette âme immonde,
Trouble cette heureuse cité.
Depuis que tu parus à Nantes,
Le fleuve autrefois si vanté,
N’a roulé que des eaux sanglantes
À l’océan épouvanté. »1566

Tout est lugubre dans l’histoire, début de l’année 1794, chanson anonyme. Histoire de France par les chansons (1982), France Vernillat, Pierre Barbier

Sous-titré : « Complainte sur les horreurs de la guerre commises à Nantes par Carrier ». Ce sont les fameuses noyades.

Carrier, en zélé missionnaire de la Terreur, parle de « déportation verticale » et la Loire, sous sa plume, mérite le nom de « fleuve républicain » et « baignoire nationale ». Les prêtres réfractaires sont les premiers visés par ces noyades collectives. Autre pratique, les « mariages républicains » : un homme est accouplé avec une femme, ou un curé avec une sœur, ligotés dans des postures obscènes et plongés dans le fleuve. Les enfants ne sont pas épargnés, ni les nourrissons à la mamelle ni les vieillards. La vue de ces atrocités égara, dit-on, la raison de Carrier, déjà compromise par l’alcoolisme.

Le massacreur a des exécutants efficaces et dévoués. Fusillades, mitraillades, canonnades, incendies pallient les lenteurs de la guillotine. Qui reste malgré tout l’instrument de supplice le plus quotidien, et symbolique de cette Révolution devenue Terreur.

« La République nous appelle.
Sachons vaincre, ou sachons périr ;
Un Français doit vivre pour elle ;
Pour elle un Français doit mourir. »1286

Marie-Joseph CHÉNIER (1764-1811), paroles, et Étienne-Nicolas MÉHUL (1763-1817), musique, Le Chant du départ (1794)

Écoutez Le Chant du départ sur Youtube.

Composé pour fêter le quatrième anniversaire de la Fête de la Fédération le 14 juillet 1794, ce chant est l’œuvre de deux auteurs engagés qui écrivent également pour le théâtre. Cette « seconde Marseillaise » reflète parfaitement l’état d’esprit des soldats au combat : « La liberté guide nos pas […] Tremblez ennemis de la France / Rois ivres de sang et d’orgueil / Le peuple souverain s’avance / Tyrans, descendez au cercueil. »

Tout sera occasion de chants ou de chansons sous la Révolution, jusqu’à la Terreur et la guillotine !

« Contre nous de la tyrannie
L’étendard sanglant est levé ! »1575

ROUGET de l’ISLE (1760-1836), Chant de guerre pour l’armée du Rhin (1792), devenu La Marseillaise

Le chant le plus populaire de l’époque révolutionnaire, né en 1792, repris par toutes les armées de la République, semble faire écho aux mots de Robespierre : « Les Français sont le premier Peuple du monde qui ait établi la véritable démocratie, en appelant tous les hommes à l’égalité et à la plénitude des droits du citoyen ; et c’est là, à mon avis, la véritable raison pour laquelle tous les tyrans ligués contre la République seront vaincus. » 

Notons à nouveau le sang, présent sur l’étendard, donnant sa noblesse au drapeau. Le plus étonnant, c’est que ces mots résonnent toujours, inchangés : c’est un monument national, littéralement intouchable, (hormis quelques exceptions - le président Giscard d’Estaing qui ralentira le rythme en 1974 et Serge Gainsbourg qui réécrira en 1979 « Aux armes et cætera » sur un air de reggae.

« Son foutu mâtin de journal
Nous a bougrement fait de mal,
Qu’on le foute à la guillotine
Et toute sa clique coquine,
Ah ! ah ! ah ! mais vraiment
Guillotinez-les proprement. »1580

BEAUCHANT (fin du XVIIIe siècle), Impromptu sur le raccourcissement du Père Duchesne, printemps 1794, chanson. Actes du Tribunal révolutionnaire recueillis et commentés (1968), Gérard Walter

La chanson désigne Hébert, un des Enragés, directeur du journal le plus populaire, Le Père Duchesne. Trop populaire pour Robespierre qui accuse les ultra-révolutionnaires de monter la Commune de Paris contre la Convention.

Chef du club des Cordeliers, adversaire le plus acharné des Girondins qui l’ont fait emprisonner, déclenchant un mouvement populaire (la « sans-culotterie » du 31 mai au 2 juin) qui entraîna l’arrestation des 22 députés modérés, Hébert incarne clairement la gauche de la gauche. Il dénonce Danton et ses amis, les Indulgents qui veulent mettre fin à la Terreur, mais aussi les « endormeurs », nouvelle faction des robespierristes cherchant à gouverner en équilibrant les diverses factions.

Robespierre ne peut se laisser déborder sur sa gauche. Il élimine les Hébertistes, Enragés et autres extrémistes, jugés pour crime de démagogie. Total : 19 exécutions, le 24 mars 1794. La rue chante encore, mais le peuple risque de ne plus adhérer un jour à cette Révolution qui, telle Saturne, dévore ainsi ses enfants.

« Il faut raccourcir les géants
Et rendre les petits plus grands,
Tout à la même hauteur
Voilà le vrai bonheur. »1597

Portrait du sans-culotte, chanson anonyme. Les Sans-culottes parisiens en l’an II (1968), Albert Soboul

C’est l’homme nouveau, vu par la sans-culotterie. C’est le règne de l’égalité prise au pied de la lettre ! C’est aussi la négation du grand homme, du héros en tant qu’individu, au bénéfice du héros collectif, le peuple incarné par le sans-culotte. Et c’est toujours l’histoire de France, contée par les chansons.

« Le saviez-vous, Républicains,
Quel sort était le sort du Nègre ?
Qu’à son rang, parmi les humains,
Un sage décret réintègre ;
Il était esclave en naissant,
Puni de mort pour un seul geste
On vendait jusqu’à son enfant. »1598

Pierre-Antoine-Augustin de PIIS (1755-1832), La Liberté des Nègres (1794), chanson

L’auteur est le fils naturel d’un officier de Saint-Domingue, territoire faisant partie de ce que l’on nommait alors les « îles d’Amérique », englobant également la Guadeloupe et la Martinique.

Le « citoyen Piis » est poète de circonstance, comme il y en a beaucoup à l’époque. L’esclavage a été aboli le 4 février 1794. En juin, Victor Hugues, envoyé de la Convention, va porter en Guadeloupe la nouvelle de l’abolition de l’esclavage aux Noirs. Les planteurs, hostiles au décret, s’allient aux Anglais qui occupent Pointe-à-Pitre et Basse-Terre, mais sont battus par Hugues soutenu par les Noirs.

Piis a tout de suite mis sa plume au service de cette cause : dès le 8 février, il fit représenter La Liberté de nos colonies, « vaudeville républicain », au théâtre des Variétés-Amusantes. C’est dans cette pièce que l’on retrouve les couplets de La Liberté des Nègres. Chanson résolument engagée, la seule que le citoyen Piis laisse à la postérité. Mais il a beaucoup écrit, il a eu du succès sous l’Ancien Régime et jusqu’à la Restauration, en passant par la Révolution et l’Empire. Son opportunisme, supérieur à son talent, lui vaut l’honneur du Dictionnaire des girouettes (1815). Sous la Terreur, il a fait comme l’abbé Sieyès, « la taupe ». Et il a survécu.

« Salut, Neuf-Thermidor, jour de la délivrance !
Tu viens purifier un sol ensanglanté.
Pour la seconde fois, tu fais luire à la France
Les rayons de la liberté. »1609

Marie-Joseph CHÉNIER (1764-1811), paroles, et Étienne-Nicolas MÉHUL (1763-1817), musique, Hymne au 9 Thermidor, chanson. Œuvres de M.-J. Chénier (1824), Marie-Joseph Chénier, Antoine-Vincent Arnault

Marie-Joseph Chénier (frère d’André de poète), membre du club des Jacobins, député à la Convention, auteur dramatique à succès, continuera sa carrière politique sous Bonaparte. Étienne Méhul composa d’autres hymnes patriotiques, de la musique religieuse et une trentaine d’opéras.

Le même couple auteur-compositeur a cosigné Le Chant du départ, qualifié de « seconde Marseillaise » en raison de sa célébrité.

« Carrier, tu vivras dans l’histoire,
Mais comme doit y vivre un brigand,
Ton nom gravé dans la mémoire
Y restera souillé de sang.
Monstre, tout composé de vices,
Homme scélérat et pervers,
Ton corps appartient au supplice,
Ton âme appartient aux enfers. »1614

Tout est lugubre dans l’histoire, chanson. Histoire de France par les chansons (1982), France Vernillat, Pierre Barbier

Dernière strophe de cette longue « Complainte sur les horreurs de la guerre commises à Nantes par Carrier ». Il est guillotiné le 16 décembre 1794. On lui attribue quelque 10 000 exécutions.

« Fouquier-Tinville avait promis
De guillotiner tout Paris,
Mais il en a menti,
Car il est raccourci […]
Vive la guillotine
Pour ces bourreaux
Vils fléaux. »1617

La Carmagnole de Fouquier-Tinville, mai 1795, chanson. Chansons nationales et républicaines de 1789 à 1848 (1848), Théophile Marion Dumersan

La célèbre chanson révolutionnaire se fait gaiement cruelle : le plus célèbre accusateur public est exécuté le 6 mai 1795, après 41 jours de procès devant le Tribunal révolutionnaire (réformé). À travers Fouquier-Tinville et 23 coaccusés, on juge aussi cette justice d’exception.

L’homme est convaincu « de manœuvres et complots tendant à favoriser les projets liberticides des ennemis du peuple […] et à exciter l’armement des citoyens les uns contre les autres, en faisant périr sous la forme déguisée d’un jugement une foule innombrable de Français, de tout âge et de tout sexe ». En dix-sept mois, il a obtenu la tête de quelque 2 000 condamnés, et parmi eux tous les grands noms de cette histoire.

Il se déclare « en but à la calomnie » et se retranche derrière les lois : « Je n’ai été que la hache de la Convention ; punit-on une hache ? »

Ramené à la Conciergerie, la veille de son exécution, il écrit : « Je meurs pour ma patrie et sans reproche. Plus tard, on reconnaîtra mon innocence. » Ce dernier vœu ne sera pas exaucé. Mais Billaud-Varenne, Barère de Vieuzac, Collot-d’Herbois, Fouché lui-même ne sont pas moins coupables.

« Rhabillez-vous peuple français
Ne donnez plus dans les excès
De nos faux patriotes
Ne croyez plus
Qu’aller tout nus
Soit une preuve de vertu
Remettez vos culottes. »1621

Jean-Étienne DESPRÉAUX (1748-1820), Remettez vos culottes ou Conseils aux sans-culottes, chanson de l’automne 1795. Les Femmes des Tuileries : la jeunesse de l’impératrice Joséphine (1883), Imbert de Saint-Amand

La Convention thermidorienne a triomphé de deux graves insurrections populaires et des soulèvements royalistes : elle a frappé à gauche, frappé à droite. C’est la fin du mouvement révolutionnaire et le retour à une république bourgeoise, libérale et modérée. La Constitution de l’an III est votée, elle rétablit le suffrage censitaire et donne ses bases au nouveau régime de la France : le Directoire.

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DIRECTOIRE

L’humour populaire a (toujours) le dernier mot (chanté)

« Notre Montagne enfante un Directoire
Applaudissons à son dernier succès !
Car sous ce nom inconnu dans l’histoire
Cinq rois nouveaux gouvernent les Français […]
En adoptant un luxe ridicule
Ils font gémir la sainte Égalité ;
À leur aspect la Liberté recule
Et dans leur cœur plus de Fraternité ! »1641

Le Directoire (1795), chanson. Poésies révolutionnaires et contre-révolutionnaires (1821), À la Librairie historique éd

Écoutez la chanson Le Directoire sur Youtube.

La France vit une transition entre la Révolution et l’Empire. Phénomène récurrent : après le Moyen Âge vint la Renaissance où « le monde rit au monde » (Marot) ; après Louis XIV et une fin de règne très sombre, le temps de l’aimable Régence rimait bien avec licence ; après les horreurs de la Première Guerre mondiale, les Années folles se déchaîneront. Et en 1795, au lendemain de la Terreur, la jouissance est à l’ordre du jour, du moins pour la bonne société.

Le Directoire, en tant que nouveau régime né de la Constitution du 5 fructidor an III (22 août 1795), présente deux inventions, une mauvaise et une bonne. Les « cinq rois » qui gouvernent, appelés Directeurs, ne vont cesser de se disputer, ce qui fragilise ou paralyse le pouvoir exécutif.

À l’inverse, le bicamérisme cher à Montesquieu, pouvoir législatif confié à deux Chambres sur le modèle anglais, instaure une formule toujours reprise (à l’exception de la brève Deuxième République) : la Chambre basse (élue au suffrage direct, par le peuple) est tempérée par la Chambre haute (élue au suffrage indirect, représentant les régions et les départements). En 1795, on a le Conseil des Cinq-Cents et le Conseil des Anciens – sous la Cinquième République, la Chambre des députés et le Sénat.

« Au sein de l’abondance
Le Directoire dépense
Plus que jamais en France
Prince ne dépensa. »1652

L’Intérieur du Directoire, chanson. Histoire de France par les chansons (1982), France Vernillat, Pierre Barbier

Encore une chanson qui a valeur de gazette. La France va mal. Le pays est en guerre, les Directeurs se disputent, les Jacobins s’opposent aux royalistes… et les spéculateurs s’enrichissent.

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