Série ludique et historique. Histoire de… passer un bon moment en vacances, en cultivant notre jardin France au fil des citations.
Jouez avec nous et entre vous au Vrai-Faux ou Faux-Vrai. Commençons par de vraies erreurs, autrement dit du Faux plus ou moins grave. Facile à corriger, facile à retenir et à replacer ici ou là – dialogue, copie, discours…
« Les Anglais ont été de tout temps les ennemis constants et implacables de notre sang et de notre maison ; nous n’en avons jamais eu de plus dangereux. »1135
(1710-1774), Lettre à Ferdinand VI d’Espagne, 1754
Correspondance de Louis XV et du maréchal de Noailles, tome II (1865).
De 1688 à 1815, soit en 127 ans, la France soutient contre l’Angleterre, l’autre grande puissance européenne, sept guerres qui durent en tout 60 ans : on parlera de la « seconde guerre de Cent Ans ».
Quant à LA « guerre de Cent Ans » proprement dite, nom donné par les historiens de XIXe s. au conflit dynastique opposant la France et l’Angleterre entre 1337 et 1453, elle n’aurait en réalité duré que… sept ans, selon d’autres historiens sérieux ! Elle a été coupée d’innombrables trêves entre les armées des deux royaumes, la plus longue entre 1388 et 1411. Dans ces intermèdes, les bandes de mercenaires « au chômage » pillent et rançonnent les populations qui ne voient guère de différence avec la vraie guerre. Par ailleurs, on dénombre à l’époque 140 jours de fêtes chômées durant lesquelles on ne se bat pas – la très pieuse Jeanne d’Arc met quand même à profit le 5 mai 1429, fête de l’Ascension, pour envoyer aux Anglais assiégeant Orléans une fameuse lettre comminatoire, leur ordonnant de rentrer chez eux.
Nous reviendrons sur cette guerre de Cent Ans, la plus célèbre du Moyen Âge : prétexte à nombre d’erreurs historiques, elle fait naître un vrai sentiment national… et une xénophobie tenace jusqu’au XIXe siècle entre les deux belligérants.
« Hélas, La Palice est mort / Il est mort devant Pavie
Hélas ! s’il n’était pas mort / Il serait encore en vie. »454La Mort de La Palice, chanson datée de 1525 (Pavie)
Sous la Renaissance, la sixième guerre d’Italie tourne à la catastrophe et François Ier est fait prisonnier à Pavie.
À l’origine, cette chanson populaire célèbre la vaillance de Jacques II de Chabannes, seigneur de La Palice, chambellan du roi, maréchal de France. « Un quart d’heure avant sa mort / Il faisait encore envie » ou bien, autre version : « Un quart d’heure avant sa mort / Il était encore en vie », c’est-à-dire plein de courage, jusqu’à sa dernière heure.
C’est seulement au XVIIIe siècle qu’on déforme le sens de ces vers, pour n’en retenir que la naïveté et en faire une « lapalissade », injustement associée au nom du seigneur de La Palice, héros à l’égal du chevalier Bayard (mort en 1524).
« Ce sont eux [les mignons] qui à la guerre ont été les premiers aux assauts, aux batailles et aux escarmouches, et s’il y avait deux coups à recevoir ou à donner, ils en voulaient avoir un pour eux, et mettaient la poussière ou la fange à ces vieux capitaines qui causaient [raillaient] tant. »559
BRANTÔME (1540-1614). Lexique des œuvres de Brantôme (1880), Ludovic Lalanne
Homme de cour et de guerre, il défend ici, en témoin, la réputation des mignons du roi. Henri III les couvrit de biens et d’honneurs, ils furent en retour très fidèles au roi et vaillants au combat. Michelet confirme dans son Histoire de France : « Puisque ce mot de mignon est arrivé sous ma plume, je dois dire pourtant que je ne crois ni certain ni vraisemblable le sens que tous les partis, acharnés contre Henri III, s’acharnèrent à lui donner… Plusieurs des prétendus mignons furent les premières épées de France. » Discréditer les mignons étaient une autre manière d’attaquer un roi mal aimé (et méconnu).
« Ah ! ça ira, ça ira, ça ira / Le peuple en ce jour sans cesse répète,
Ah ! ça ira, ça ira, ça ira. / Malgré les mutins tout réussira […]
Pierre et Margot chantent à la guinguette : / Ah ! ça ira, ça ira, ça ira /
Réjouissons-nous le bon temps viendra. »1371LADRÉ (XVIIIe siècle), paroles, et BÉCOURT (XVIIIe siècle), musique, Le Carillon national, chanson
Chant connu sous le nom de son refrain : « Ah ! ça ira ! » Pas du tout révolutionnaire à l’origine ! Marie-Antoinette le jouait volontiers sur son clavecin. Le texte reprend l’expression favorite de Benjamin Franklin, résolument optimiste et répétant au plus fort de la guerre d’Indépendance en Amérique, à qui lui demande des nouvelles : « Ça ira, ça ira. » Le mot est connu, le personnage très populaire en France et dans l’enthousiasme des préparatifs de la fête de la Fédération (14 juillet 1790), le peuple répète et chante : « Ça ira, ça ira. »
Né bon enfant, le texte se radicalise fin 1790, quand une main anonyme ajoute ce couplet vengeur : « Ah ! ça ira, ça ira, ça ira, / Les aristocrates à la lanterne, / Ah ! ça ira, ça ira, ça ira, / Les aristocrates on les pendra. »
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