Quatrième jour de notre série de citations historiques sur le travail. Au XIXe siècle, le socialisme naissant est qualifié d’utopiste (par ses solutions plus qu’originales), mais Saint-Simon (le comte) et Fourier voient déjà les vrais problèmes des travailleurs. Louis-Napoléon Bonaparte lui aussi, invité surprise et témoin (sans doute) de bonne foi.
« Aimez le travail, nous dit la morale : c’est un conseil ironique et ridicule. Qu’elle donne du travail à ceux qui en demandent, et qu’elle sache le rendre aimable. »1903
Charles FOURIER (1772-1837), Livret d’annonce du nouveau monde industriel (1829)
Ce philosophe et économiste, critique de l’ordre social, ajoute que le travail « est odieux en civilisation par l’insuffisance du salaire, l’inquiétude d’en manquer, l’injustice des maîtres, la tristesse des ateliers, la longue durée et l’uniformité des fonctions. »
Fourier trace les grandes lignes d’une société nouvelle, conforme à ses vœux : le phalanstère en est la cellule, regroupant les travailleurs associés en une sorte de coopérative. Il doit en résulter l’harmonie universelle : c’est moins de l’optimisme qu’une utopie, qui fera des adeptes sous la Monarchie de Juillet, grande époque du socialisme.
Toutes les citations qui suivent
sont commentées dans nos Chroniques.
« L’homme a jusqu’ici exploité l’homme. Maîtres, esclaves ; patricien, plébéien ; seigneurs, serfs ; propriétaires, fermiers ; oisifs et travailleurs. »1902
Comte de SAINT-SIMON, Doctrine de Saint-Simon : Exposition. Première année (1829)
Résumé de l’histoire du monde des origines à nos jours… et du socialisme à la française aux accents messianiques, vingt ans avant le marxisme. Saint-Simon étant mort, les saint-simoniens créent une sorte de mouvement socialiste : une infime élite, destinée à se diversifier et s’élargir, à Paris comme en province, dans l’atmosphère des lendemains révolutionnaires de 1830.
« Véritable Saturne du travail, l’industrie dévore ses enfants et ne vit que de leur mort. »2251
Louis-Napoléon BONAPARTE, L’Extinction du paupérisme (1844)
Utopie de ces trente pages écrites par le prisonnier au fort de Ham et désir d’un futur souverain de se poser en « homme social ». Cela n’exclut pas une certaine sincérité. Fait unique pour l’époque de la part d’un prétendant au pouvoir, il tient à visiter les régions industrielles anglaises - exilé pour tentative de coup d’État contre la Monarchie de Juillet. Il a 25 ans et le spectacle de la misère le frappe.
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