Raymond Aron | L’Histoire en citations
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« La guerre froide est une guerre limitée, limitation qui porte non sur les enjeux, mais sur les moyens employés par les belligérants […] La guerre froide apparaît, dans la perspective militaire, comme une course aux bases, aux alliés, aux matières premières et au prestige. »

Raymond ARON (1905-1983), Guerres en chaîne (1951)

Fondateur avec Sartre des Temps Modernes, revue littéraire, politique et philosophique, éditée par Gallimard, il s’en sépare bientôt pour devenir éditorialiste au Figaro (1947-1977).

Toute la Quatrième République est placée sous le signe de la « guerre froide », quand le « rideau de fer » qui tombe divise l’Europe en deux mondes antagonistes : « La guerre a pris fin dans l’indifférence et dans l’angoisse […] la paix n’a pas commencé », dit Sartre en 1945. De Gaulle évoquera, en 1966, ce « jeu constamment grave et gravement dangereux qu’on appelait la guerre froide ».

« Quand les hommes ne choisissent pas, les événements choisissent pour eux. »

Raymond ARON (1905-1983), Immuable et changeante. De la IVe à la Ve République (1959)

Passivité des citoyens, isolement de la classe politique, tels sont les vices intimes du régime qui semble tourner en rond et s’autodétruire – « le cadavre bafouille ». On a pu dire qu’en se privant d’un de Gaulle, dès ses premiers mois, la Quatrième République se condamnait à terme plus ou moins rapide.

« La critique gauchiste, si radicale ou excessive soit-elle, a au moins le mérite d’ébranler la bonne conscience des privilégiés. »

Raymond ARON (1905-1983), Le Figaro, début mars 1972. Génération, tome II, Les Années de poudre (1988), Hervé Hamon, Patrick Rotman

Le gauchisme survit largement à Mai 68.

Après les « années de rêve » viennent les « années de poudre » (selon l’expression de Hamon et Rotman), avec des formes de contestation souvent très dures : grèves, attentats, prises de position dans une presse extrémiste. Les sondages montrent qu’une majorité des jeunes éprouvent de la sympathie pour ceux qui ont « choisi de contester la société actuelle », alors que Chaban-Delmas échoue à instaurer sa « nouvelle société ».

« La conférence de presse du général de Gaulle est une oeuvre d’art. L’orateur survole la planète, rappelle le passé et jette des rayons de lumière sur l’avenir. Il distribue blâmes ou éloges aux uns et aux autres, il couvre de mépris ses adversaires et il ne dissimule pas la satisfaction que lui inspire la France qu’il façonne. »

Raymond ARON (1905-1983), Le Figaro, 25 janvier 1963. La Vie politique en France depuis 1940 (1979), Jacques Chapsal, Alain Lancelot

La conférence de presse, comme le bain de foule, est une institution du nouveau régime. Cet « exercice de haute voltige politico-historique » a fasciné bien des témoins. Dont Jean Lacouture, un de ses biographes : « Toujours derrière un pupitre, sur une chaire, pour nous enseigner sa leçon unique : que, sans la France, le monde n’est pas digne de vivre. Que, sans de Gaulle, la France n’est pas apte à survivre. »

« Le drame de Giscard est qu’il ne sait pas que l’histoire est tragique. »

Raymond ARON (1905-1983). Le Pharaon (1983), Jean Bothorel

Le 26 juin 1979, Aron s’est rendu à l’Élysée avec Sartre, son ami ennemi de toujours, et quelques camarades, pour sensibiliser le président à la situation d’extrême péril des « boat people » vietnamiens : réfugiés fuyant le régime communiste d’Hanoï par la mer, victimes des gardes-côtes, des pirates, ou tombant des embarcations surchargées. Au total, quelque 200 000 morts, hommes, femmes et enfants, en quatre ans.

C’est à l’occasion de ce rendez-vous que Raymond Aron, journaliste engagé, fait cette remarque. Et le président promet d’accorder les visas aux réfugiés du bateau français Île de Lumière, affrété par Bernard Kouchner et Médecins sans Frontière.

Conception trop sereine du monde ? Volonté ou plutôt illusion de pouvoir toujours tout arranger ? Ou trait de caractère positif, tranchant sur une opinion globalement pessimiste ? « Il n’y aurait pas tant de malaise, s’il n’y avait pas autant d’amateurs de malaise » (Libération, 10 décembre 1990).

Rappelons le message d’adieu au pays, le 19 mai 1981 : « Je vous demande de vous souvenir de ceci : pendant ces sept ans, j’avais un rêve. »

Ce « mot de la fin » de président partant laisse à penser que sa devise pouvait être : « Gouverner, c’est rêver. » Mais la part du rêve ne fait-elle pas partie du jeu politique ?

« Comment se passionner pour une campagne où Marchais travaille pour Giscard et Chirac pour Mitterrand ? »

Raymond ARON (1905-1983), sous-titre d’un article : « La campagne en clair-obscur », L’Express, 28 mars 1981

On parle de la « bande des quatre » : la rupture du couple Giscard-Chirac depuis 1976 et celle de l’Union de la gauche depuis 1977 poussaient fatalement à quatre grandes candidatures, au premier tour des présidentielles de mai 1981. Michel Rocard, plus populaire et plus moderne que Mitterrand, avait mal joué, et retiré sa candidature. Restent les autres candidats, confondant « la tribune et le tournoi » (André Laurens) et sautant sur l’occasion pour s’exprimer sur les ondes radio et télé avant le premier tour, à égalité avec les grands.

Au soir du premier tour, Giscard (28,32 % des voix) devance Mitterrand (25,85 %). Et Chirac (18 %) devance Marchais (15,35 %). Le suspense reste entier, si l’on décompte les voix et les reports supposés des six « petits candidats ».

Tout va donc se jouer dans le face-à-face de l’entre-deux-tours. Deux intelligences égales, deux styles opposés. Giscard est plus à l’aise à la télévision, mais Mitterrand a une revanche à prendre, et il a eu sept ans pour se préparer.

« La Constitution assure au Parti socialiste le bénéfice du temps. François Mitterrand a raison de dire que, à la différence de Léon Blum, il peut réparer lui-même les dégâts qu’il a commis. »

Raymond ARON (1905-1983), L’Express, 5 août 1983

Le gouvernement du Front populaire de Léon Blum a duré moins de deux ans. Alors que Mitterrand a au moins un septennat devant lui, et se résout enfin à « donner du temps au temps », selon une expression qui lui est chère.

Le gouvernement Mauroy, remanié en mars, bloque les prix – ce qui satisfait les consommateurs – et les salaires – ce qui mécontente les travailleurs. Le budget de l’État voit ses dépenses comprimées. Le plus grave était le déficit du commerce extérieur, contrainte fondamentale de toute économie moderne ouverte sur le monde : problème toujours non résolu, dépendant de la compétitivité des produits français sur le marché international.

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