Voltaire : « Il était horrible que le grand nombre semât, et le petit recueillît. » | L’Histoire en citations
 Voltaire : « Il était horrible que le grand nombre semât, et le petit recueillît. »
Citation du jour

siècle lumières citationsTémoin de son siècle et universellement curieux, Voltaire promène son regard aigu sur le monde tel qu’il va ou ne va pas. Esquisse d’une géopolitique voltairienne, approbation du « modèle anglais » qui séduit également ses confrères et réflexion naturellement philosophique, à l’image de « l’aubergiste de l’Europe » célèbre à la fin de sa longue vie.

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« Il a fallu des siècles pour rendre justice à l’humanité, pour sentir qu’il était horrible que le grand nombre semât, et le petit recueillît. »964

VOLTAIRE (1694-1778), Lettres philosophiques (1734)

Il parle au nom de la justice sociale pour l’ensemble du peuple qui travaille et surtout pour les « laboureurs qui exercent la plus noble et la plus méprisée des professions ». Il donne en exemple l’Angleterre : absence de privilèges terriens et égalité devant l’impôt. La réalité économique est tout autre en France.

« S’il n’y avait en Angleterre qu’une religion, le despotisme serait à craindre ; s’il y en avait deux, elles se couperaient la gorge ; mais il y en a trente, et elles vivent en paix et heureuses. »1025

VOLTAIRE (1694-1778), Lettres philosophiques, ou Lettres anglaises (1734)

L’auteur admire le régime anglais, qu’il eut tout loisir d’étudier, en trois ans d’exil. Il expose les leçons que la France peut en tirer en maints domaines (religion, économie, politique).

« Il en a coûté sans doute pour établir la liberté en Angleterre ; c’est dans des mers de sang qu’on a noyé l’idole du pouvoir despotique ; mais les Anglais ne croient pas avoir acheté trop cher leurs lois. »1026

VOLTAIRE (1694-1778), Lettres philosophiques, ou Lettres anglaises (1734)

« Le fruit des guerres civiles à Rome a été l’esclavage et celui des troubles d’Angleterre, la liberté. La nation anglaise est la seule de la Terre qui soit parvenue à régler le pouvoir des rois en leur résistant […] Les guerres civiles de France ont été plus longues, plus cruelles, plus fécondes en crimes que celles d’Angleterre ; mais de toutes ces guerres civiles, aucune n’a eu une liberté sage pour objet. » Ces Lettres philosophiques de 1734 – « première bombe lancée contre l’Ancien Régime », selon l’historien Gustave Lanson – sont publiées sans autorisation. L’imprimeur est aussitôt embastillé, le livre condamné par le Parlement à être brûlé, une lettre de cachet du 3 mai exile l’auteur.

« La jurisprudence d’Espagne est précisément comme celle de France : on change de lois en changeant de chevaux de poste, et on perd à Séville le procès qu’on aurait gagné à Saragosse. »970

VOLTAIRE (1694-1778), Lettre à M. Servan, avocat général de Grenoble, 13 janvier 1768

Cela traduit la diversité des lois selon les provinces. À la fin du règne de Louis XV, les parlementaires ayant été exilés, le ministre Maupeou projette une vaste réforme et un code unique, mais plus rien ne sera possible, après le retour des magistrats rappelés par Louis XVI. Cette fois encore, la grande réforme ne pourra se faire qu’avec la Révolution.

« Vous savez que ces deux nations sont en guerre pour quelques arpents de neige vers le Canada, et qu’elles dépensent pour cette belle guerre beaucoup plus que tout le Canada ne vaut. »1155

VOLTAIRE (1694-1778), Candide (1759)

Dans ce conte ironique, comme dans sa Correspondance, Voltaire traite bien légèrement le problème du Canada. C’est l’un des enjeux de la rivalité entre les deux puissances coloniales du siècle. La nation anglaise veut le Canada tout entier, sans les états d’âme qui agitent la France : elle aura finalement ces « arpents de neige » et toutes les richesses de la Nouvelle-France, au traité de paix de Paris (1763). La guerre de Sept Ans sera qualifiée par certains historiens (et par Winston Churchill) de première guerre mondiale de l’histoire : l’Europe, avec presque tous les pays belligérants, n’est plus le seul théâtre des opérations. Il y a aussi l’Amérique du Nord et l’Inde.

« Je vois bien qu’on a pressé l’orange, il faut penser à sauver l’écorce. »1133

VOLTAIRE (1694-1778), Lettre à Mme Denis, 18 décembre 1752. Correspondance (posthume)

Allusion spirituelle au mot du roi Frédéric II de Prusse qui lui fut rapporté : « J’aurai besoin de lui encore un an, tout au plus ; on presse l’orange et on jette l’écorce » (2 septembre 1751).

Voltaire, invité fastueusement à Berlin, alors que la cour de France le boude, sera déçu par le despote éclairé qui fait de lui son otage. Dans ce siècle fou de communication, il écrira plus de 10 000 lettres adressées à plus de 700 correspondants, échelonnées de 1711 à 1778 : elles jettent sur l’époque une lumière souvent juste, parfois partisane.

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