L’homme prenant son destin en main cherche à donner un sens à sa mort comme à sa vie. Cette idée s’impose, dès qu’une grande cause nous mobilise : guerre, patrie en danger, révolution politique, révolte sociale… Il y a tout juste un siècle, la Grande Guerre marque l’apogée de cette mort héroïque et recherchée en tant que telle.
« Heureux ceux qui sont morts dans une juste guerre ! Heureux les épis mûrs et les blés moissonnés ! »2588
(1873-1914), Ève (1914)
Deux derniers alexandrins d’un poème qui en compte quelque 8 000. Le poète appelle de tous ses vœux et de tous ses vers la « génération de la revanche » contre l’Allemagne qui occupe l’Alsace-Lorraine depuis la guerre de 1870-1871.
Lieutenant, il tombe à la tête d’une compagnie d’infanterie, frappé d’une balle au front, à Villeroy, le 5 septembre, veille de la (première) bataille de la Marne. Épilogue d’une vie d’intellectuel inclassable et souvent incompris, engagé inlassablement sur divers fronts politiques, sociaux, humains, chrétiens.
Péguy, un homme à redécouvrir aujourd’hui, à travers une œuvre unique en son genre, à son image. Les deux autres grands témoins du jour sont célèbres et le méritent, par leur vie exemplaire - Victor Hugo, Louise Michel. On ne se lasse pas d’écouter certaines voix.
Toutes les citations qui suivent
sont commentées dans nos Chroniques.
« Paris va terrifier le monde. On va voir comment Paris sait mourir. Le Panthéon se demande comment il fera pour recevoir sous sa voûte tout ce peuple qui va avoir droit à son dôme. »2336
Victor HUGO, le 5 septembre 1870. Actes et Paroles. Depuis l’exil (1876), Victor Hugo
Il rentre après 19 ans d’exil (sous le Second Empire). La foule se presse pour l’entendre - capitale survoltée, menacée par l’armée prussienne. Auteur immensément populaire, conscience et grande voix de la France, il a une conduite exemplaire pendant la guerre et le siège de Paris. C’est même en son honneur que l’église Sainte-Geneviève, au coeur du 5e arrondissement, retrouve cette vocation et cette inscription : « Aux grands hommes, la patrie reconnaissante. »
« Montmartre, Belleville, ô légions vaillantes,
Venez, c’est l’heure d’en finir.
Debout ! La honte est lourde et pesantes les chaînes,
Debout ! Il est beau de mourir. »2326Louise MICHEL, À ceux qui veulent rester esclaves. La Commune (1898), Louise Michel
La Commune de Paris inspire des poèmes, des chants qui sont autant de cris de guerre, de haine ou d’espoir. Louise Michel est l’héroïne de cette page d’histoire : ex-institutrice, militante républicaine et anarchiste, la « Vierge rouge » appelle à l’insurrection les quartiers populaires qui font peur aux bourgeois.
« Puisqu’il semble que tout cœur qui bat pour la liberté n’ait droit qu’à un peu de plomb, j’en réclame ma part, moi ! Si vous n’êtes pas des lâches, tuez-moi ! »2375
Louise MICHEL, Histoire de ma vie (2000), Louise Michel, Xavière Gauthier
Fusil à l’épaule sur les barricades, elle revendique le martyr. Paris est reconquis, rue par rue. Bilan de la Semaine sanglante du 22 au 28 mai : au moins 20 000 morts chez les insurgés. Déportée en Nouvelle-Calédonie, elle se met au service des indigènes, avant de revenir en France (amnistie de 1880) pour militer de nouveau, par la plume et la parole, prêchant l’anarchie, l’union libre, la justice, jusqu’à la limite de ses forces physiques.
Vous avez aimé ces citations commentées ?
Vous allez adorer notre Histoire en citations, de la Gaule à nos jours, en numérique ou en papier.