Corday : « Tous ces hommes qui devaient nous donner la liberté l'ont assassinée. » | L’Histoire en citations
Corday : « Tous ces hommes qui devaient nous donner la liberté l'ont assassinée. »
Citation du jour

 

Les femmes de la Révolution, troisième épisode : Charlotte Corday.

La petite Charlotte Corday assume son héroïsme, en digne héritière du grand Corneille. Jeune Normande, bouleversée par la mort de Louis XVI comme la majorité des Français, elle « monte » à Paris pour assassiner le sanguinaire Marat, l’extrémiste par qui tant de mal arrive à la France. Elle sait qu’elle va le payer de sa vie. Son sacrifice bouleverse les contemporains et l’héroïne séduira quelques grands romantiques.

« Tous ces hommes qui devaient nous donner la liberté l’ont assassinée. »1486

Charlotte CORDAY (1768-1793), Lettre à une amie, 28 janvier 1793

Les Grands Procès de l’histoire (1924), Me Henri-Robert.

Le roi est mort sur l’échafaud, le 21 janvier. On imagine le choc, tout particulièrement en province, où les esprits ne sont pas si révolutionnaires qu’à Paris où tout va trop vite, trop fort.

« Vous savez l’affreuse nouvelle, ma bonne Rose. Votre cœur, comme mon cœur, en a tressailli d’indignation. Voilà donc notre pauvre France livrée aux misérables qui nous ont déjà fait tant de mal… » Oui ! C’est le cri du cœur d’une partie de la France, littéralement épouvantée d’avoir tué son roi : acte irrémédiable, rupture à la fois symbolique et sanglante avec l’Ancien Régime.

Autre conséquence directe, imprévue sinon imprévisible, la guerre de Vendée (région très catholique), une guerre civile qui va déchirer, endeuiller, marquer profondément le pays. Au total, la guerre de Vendée et la guerre des Chouans (mêmes causes, mêmes effets, en Bretagne et Normandie) feront quelque 600 000 morts, dont 210 000 civils exécutés, 300 000 morts de faim et de froid (100 000 enfants). Le plus lourd bilan, au passif de la Révolution.

« Les factions éclatent de toutes parts : la Montagne triomphe par le crime et par l’oppression ; quelques monstres abreuvés de notre sang conduisent ces détestables complots […] Si je ne réussis pas dans mon entreprise, Français, je vous ai montré le chemin : vous connaissez vos ennemis. Levez-vous, marchez et frappez. »1519

Charlotte CORDAY (1768-1793), « Adresse aux Français, amis des lois et de la paix »

Les Grands Procès de l’histoire (1924), Me Henri-Robert

La jeune normande de 25 ans, montée à Paris pour tuer Marat, écrit le 12 juillet 1793 un long texte dans le style de l’époque - descendante de Corneille, notre plus grand auteur tragique, elle a aussi beaucoup lu les Anciens, Plutarque, Tacite, et Jean-Jacques Rousseau.

On trouvera le texte sur elle le lendemain, lors de son arrestation près de la baignoire où elle vient de poignarder Marat - un eczéma sur tout le corps l’oblige à passer des heures dans l’eau pour moins souffrir, et il a reçu la visiteuse, censée lui apporter une liste de traîtres à la patrie.

Six mois plus tôt, l’exécution de Louis XVI l’a épouvantée. Elle va en quelque sorte venger le roi, venger la France : en assassinant l’assassin, elle fait acte de justice. Le retentissement de ce « fait divers politique » est considérable. Du jour au lendemain, une héroïne est née, qui va aussitôt mourir, entrant dans l’histoire en même temps que dans la légende.

« Marat pervertissait la France. J’ai tué un homme pour en sauver cent mille, un scélérat pour sauver des innocents, une bête féroce pour donner le repos à mon pays. J’étais républicaine bien avant la Révolution. »1522

Charlotte CORDAY (1768-1793), à son procès devant le Tribunal révolutionnaire, 17 juillet 1793

En un jour, la jeune fille devient une héroïne, et reste l’une des figures marquantes de la Révolution.

Le poète André Chénier la salue par ces mots : « Seule, tu fus un homme », ce qui contribuera à le perdre. Le député de Mayence, Adam Lux, qui la vit dans la charrette l’emmenant à l’échafaud, s’écria : « Plus grande que Brutus ! » et ce mot lui coûta la vie.

Lamartine, dans son Histoire des Girondins, la baptisera l’Ange de l’assassinat, et dans son Histoire de la Révolution française, Michelet retrouve les accents qu’il eut pour Jeanne d’Arc : « Dans le fil d’une vie, elle crut couper celui de nos mauvaises destinées, nettement, simplement, comme elle coupait, fille laborieuse, celui de son fuseau. »

Mais rien ni personne ne pouvait plus freiner cette marche programmée vers la Terreur. D’autant que les Girondins, « légion de penseurs », ne sont plus là pour contrer les Montagnards, ce « groupe d’athlètes » (Hugo).

Révolution

 

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