Henri IV : « Ralliez-vous à mon panache blanc, vous le trouverez au chemin de la victoire et de l'honneur. »

La guerre fait partie de la (géo)politique sous l’Ancien Régime et le métier de roi inclut le métier des armes. Le courage physique est comparable, mais Henri IV ne fait la guerre que contraint et forcé, Louis XIV y prend davantage plaisir et s’en repentira sur son lit de mort.

À feuilleter pour tout savoir.

« Ralliez-vous à mon panache blanc, vous le trouverez au chemin de la victoire et de l’honneur. »616

HENRI IV (1553-1610), à ses compagnons, avant la bataille d’Ivry, 14 mars 1590

Histoire universelle (posthume), Agrippa d’Aubigné.

Les soldats semblent hésiter, le roi va trouver les gestes et les mots qu’il faut. Il plante un panache de plumes blanches sur son casque, harangue ses troupes et charge en tête de ses hommes. Le « panache blanc » entrera dans la légende (avec la poule au pot du dimanche) et la commune de l’Eure (près de Chartres) prendra le nom d’Ivry-la-Bataille.

« J’ai sauté sur des murailles de ville, je sauterai bien sur des barricades. »645

HENRI IV (1553-1610), Déclaration au Parlement, 7 janvier 1599

Le Parlement de Paris n’a toujours pas approuvé l’édit de Nantes. Le roi fait pression devant lui pour obtenir la ratification, indispensable pour que l’édit ait force de loi dans le royaume.

« Charmante Gabrielle, / Percé de mille dards
Quand la gloire m’appelle / Sous les drapeaux de Mars
Cruelle départie / Malheureux jour
Que ne suis-je sans vie / Ou sans amour ! »608

HENRI IV (1553-1610), Chanson

Ce n’est pas un modèle de littérature française - Henri IV ne se pose pas en grand rimeur et le mécénat artistique sera plutôt le fait de la reine, Marie de Médicis. La charmante Gabrielle (d’Estrées) est pour l’heure la préférée de ses maîtresses. Entre l’amour et la guerre, le cœur du roi balancera jusqu’à la fin.

« Ultima ratio regum. » « Dernier argument des rois. »817

LOUIS XIV (1638-1715), devise gravée sur ses canons

Concise et précise, cette devise donne une clé de la politique extérieure du règne et du personnage. La guerre est l’une des passions du roi, la victoire étant ce qui peut le mieux servir sa gloire. D’où 33 années de guerre sur un règne personnel de 54 ans. Ses contemporains sont du même avis : un roi guerrier fait son métier de roi. Gardons-nous de tout anachronisme pour en juger.

« L’amour de la gloire a les mêmes délicatesses et, si j’ose dire, les mêmes timidités que les plus tendres passions. »851

LOUIS XIV (1638-1715), Mémoires pour l’instruction du Dauphin (1662)

Le personnage se livre rarement, quoique pudiquement, comme dans cet autoportrait où le roi et l’homme se révèlent si semblables : même désir de plaire, identique besoin de conquérir. Comme Henri IV. Mais Louis XIV ne badine jamais avec la guerre.

« S’il faut faire la guerre, j’aime mieux la faire à mes ennemis qu’à mes enfants. »937

LOUIS XIV (1638-1715), Manifeste au peuple, juillet 1710

Les alliés exigent que son fils Philippe V renonce au trône d’Espagne et, en cas de refus, que Louis XIV le fasse détrôner par ses armées. Le roi de France rend public l’outrage. Un sursaut national permet un redressement franco-espagnol. Encore quelques années d’une succession de défaites et de victoires (signées Villars). Tous les pays sont épuisés, le pacifisme gagne du terrain et l’issue de cette guerre ne peut être que diplomatique.

« La plus éclatante victoire coûte trop cher, quand il faut la payer du sang de ses sujets. »941

LOUIS XIV (1638-1715), Lettre à l’intention du Dauphin, août 1715

Écrite peu de jours avant sa mort, confiée au maréchal de Villeroi son ami de toujours, pour être remise à Louis XV à ses 17 ans. Cet arrière-petit-fils n’a que cinq ans, seul héritier survivant à l’hécatombe familiale, une des malédictions de cette fin de règne.