Marie-Antoinette : « Je ne serai jamais la dénonciatrice de mes sujets... » | L’Histoire en citations
Marie-Antoinette : « Je ne serai jamais la dénonciatrice de mes sujets... »
Citation du jour

 

Les femmes de la Révolution. La plus étonnante : Marie-Antoinette. La plus attachante : Manon Roland. La plus héroïque : Charlotte Corday. La plus féministe : Olympe de Gouges… Et la plus révolutionnaire : Louise Michel, la Vierge rouge sous la Commune de Paris en 1871.

Premier épisode, Marie-Antoinette. Dauphine adorée, puis jeune reine détestée, femme futile, Marie-Antoinette devient paradoxalement une héroïne sous la Révolution. Prisonnière du peuple, veuve de Louis XVI, mère outragée, innocente des crimes dont on l’accuse et condamnée à l’échafaud, elle acquiert dans l’épreuve sa dignité humaine.

« Je ne serai jamais la dénonciatrice de mes sujets : j’ai tout vu, tout su, tout oublié ! »1359

MARIE-ANTOINETTE (1755-1793)

Les Grands Procès de l’histoire (1924), Me Henri-Robert.

Telle est l’attitude, très digne, de la reine au cours de son procès, en octobre 1793. Louis XVI a déjà été jugé par la Convention et guillotiné, le 21 janvier 1793.

On tente de faire la lumière sur les désordres, au cours des deux journées d’octobre 1789 (les 5 et 6), quand les femmes (bien encadrées) marchèrent sur Versailles pour ramener à Paris « le boulanger, la boulangère et le petit mitron ». Sont impliqués le duc d’Orléans (cousin du roi, premier prince du sang aux ambitions royales, futur Philippe Égalité) et son secrétaire Choderlos de Laclos (auteur des Liaisons dangereuses, par ailleurs militaire) qui s’enfuient à Londres. Et Mirabeau a certainement joué un rôle dans ces événements. Marie-Antoinette sait tout et ne dit rien.

« Une femme, la honte de l’humanité et de son sexe, la veuve Capet, doit enfin expier ses forfaits sur l’échafaud. »1538

BILLAUD-VARENNE (1756-1819), Convention, 3 octobre 1793

L’Agonie de Marie-Antoinette (1907), Gustave Gautherot

Un parmi d’autres conventionnels à réclamer la mise en jugement de la « Panthère autrichienne ». En prison depuis plus d’un an, Marie-Antoinette attendait son sort au Temple, transférée ensuite à la Conciergerie, le 1er août 1793.

Le 3 octobre, la Convention vient de décréter que les Girondins seront traduits devant le Tribunal révolutionnaire et Billaud-Varenne veut aussi sa tête : « Elle a été jugée secrètement et blanchie par le Tribunal révolutionnaire, comme si une femme qui a fait couler le sang de plusieurs milliers de Français pouvait être absoute par un jury français. Je demande que le Tribunal révolutionnaire prononce cette semaine sur son sort. » La Convention adopte cette proposition.

« Ils peuvent être mes bourreaux, mais ils ne seront jamais mes juges. »1539

MARIE-ANTOINETTE (1755-1793), apprenant qu’elle va être jugée par le Tribunal révolutionnaire, début octobre 1793

Elle est à présent sans illusion. La Conciergerie est « l’antichambre de la mort ».

Deux chefs d’accusation retenus contre elle : manœuvres en faveur des ennemis extérieurs de la République et complot pour allumer la guerre civile. Mais le dossier est vide et le tribunal veut respecter au moins les apparences. D’où l’idée d’interroger son fils, « Louis XVII », 8 ans, pour lui faire reconnaître des relations incestueuses avec sa mère.

Fouquier-Tinville, l’accusateur public, reprend les rumeurs qui ont moralement et politiquement assassiné la reine, à la fin de l’Ancien Régime. L’inceste (avec un enfant âgé alors de moins de 4 ans) fut l’une des plus monstrueuses : « Immorale sous tous les rapports et nouvelle Agrippine, elle est si perverse et si familière avec tous les crimes qu’oubliant sa qualité de mère, la veuve Capet n’a pas craint de se livrer à des indécences dont l’idée et le nom seul font frémir d’horreur. »

Naturellement innocente de ce crime, tout son procès est un simulacre de justice et l’issue ne fait aucun doute. Au pied de la guillotine, ses dernières paroles sont pour le bourreau Sanson qu’elle a heurté, dans un geste de recul : « Excusez-moi, Monsieur, je ne l’ai pas fait exprès. » Mot de la fin sans doute authentique, mais trop anodin pour devenir citation.

« La plus grande joie du Père Duchesne après avoir vu de ses propres yeux la tête du Veto femelle séparée de son col de grue et sa grande colère contre les deux avocats du diable qui ont osé plaider la cause de cette guenon. »1543

HÉBERT (1757-1794), Le Père Duchesne, n° 299, titre du journal au lendemain du 16 octobre 1793

Voici donc l’oraison funèbre consacrée par le pamphlétaire jacobin à la reine sacrifiée. Le titre est un peu long et la chronique qui suit, un délire de démagogie populaire : « J’aurais désiré, f…! que tous les brigands couronnés eussent vu à travers la chatière l’interrogatoire et le jugement de la tigresse d’Autriche. Quelle leçon pour eux, f…! Comme ils auraient frémi en contemplant deux ou trois cent mille sans-culottes environnant le Palais et attendant en silence le moment où l’arrêt fatal allait être prononcé ! Comme ils auraient été petits ces prétendus souverains devant la majesté du peuple ! Non, f…! jamais on ne vit un spectacle pareil. Tendres mères, dont les enfants sont morts pour la République ; vous, épouses chéries des braves bougres qui combattent en ce moment sur les frontières, vous avez un moment étouffé vos soupirs et suspendu vos larmes, quand vous avez vu paraître devant ses juges la garce infâme qui a causé tous vos chagrins ; et vous, vieillards, qui avez langui sous le despotisme, vous avez rajeuni de vingt ans, en assistant à cette terrible scène : « Nous avons assez vécu, vous disiez-vous, puisque nous avons vu le dernier jour de nos tyrans. » »

Révolution

 

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