Jugement de la postérité. Les historiens ne se bousculent pas pour ajouter aux Mémoires de Commynes, qui fit décidément beaucoup pour le roi. Michelet fait le « service minimum ». Hommage paradoxalement rendu à Louis XI par une reine de tête plus que de cœur et par le « prince des poètes » (élu comme tel en 1912 par la presse).
À feuilleter pour en savoir plus.
« La féodalité, ce vieux tyran caduc, gagna fort à mourir de la main d’un tyran. »271
Le tyran est Louis XI. L’historien n’aime guère ce grand roi plein de petitesses, incarnation d’un Moyen Âge qui n’en finit pas de finir au bout de mille ans et avant l’explosion heureuse de la Renaissance.
La féodalité est également très attaquée par le peuple, comme en témoigne le chroniqueur Froissart, citant ce cri lancé lors de la Jacquerie de 1358, par les paysans accablés de redevances seigneuriales : « Tous les nobles du royaume, chevaliers et écuyers, honnissaient et trahissaient le royaume, et ce serait grand bien qui tous les détruirait. »
« [Richelieu] acheva ce que Louis XI avait commencé […] Il rendit le pouvoir absolu. »582
Philippe BUCHEZ (1796-1865) et Pierre-Célestin ROUX (1802-1874), Histoire parlementaire de la Révolution française (1834-1838)
Historien du récit national au XIXe siècle, Buchez fait de Richelieu le premier héros de l’histoire moderne de la France, celui qui se bat pour l’unité du pays et le pouvoir du roi, l’un n’allant pas sans l’autre. Mais tout a réellement commencé sous le long règne de Louis XI.
(Fait remarquable, ce sont deux ministres qui, sous un roi trop faible (Louis XIII) ou trop jeune (Louis XIV), vont faire la monarchie absolue et en quelque sorte créer le trône sur lequel Louis XIV s’installera. Deux cardinaux bien différents, Richelieu avec sa lucidité politique et son caractère intransigeant, puis son principal collaborateur et bientôt successeur, Mazarin, avec son insinuante diplomatie.)
« Gardez-vous de livrer bataille et souvenez-vous des conseils de Louis XI : la paix signée est toujours plus avantageuse avant la défaite. »543
CATHERINE DE MÉDICIS (1519-1589), à son fils Henri III, 1576. Dictionnaire des citations de l’histoire de France (1990), Michèle Ressi
La reine mère est bonne conseillère auprès de son fils préféré, mais c’est la terrible époque des guerres de Religion, 36 années de guerre civile qui vont déchirer la France jusqu’à l’édit de Nantes, signé par Henri IV en 1598.
« Louis XI, gagne-petit, je t’aime, curieux homme.
Cher marchand de marrons, que tu sus bien tirer les marrons de Bourgogne. »276Paul FORT (1872-1960), Ballades françaises (1898)
Le « prince des poètes » rend hommage à ce roi mal aimé, donnant au passage un raccourci des relations entre Louis XI et son cousin le duc de Bourgogne, Charles le Téméraire. Rappelons qu’à sa mort, Louis XI rattachera son duché à la couronne de France. Rappelons aussi la haine du duc contre Louis XI qui lui doit son surnom d’« universelle aragne » (araignée), plus antipathique que le renard rusé auquel son père Charles VII et son chroniqueur Commynes l’ont également comparé.
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