Voltaire : « Les Français ne sont pas faits pour la liberté. » | L’Histoire en citations
Voltaire Les Français ne sont pas faits pour la liberté
Citation du jour

« Les Français ne sont pas faits pour la liberté : ils en abuseraient. »1027

VOLTAIRE (1694-1778), Faits singuliers de l’histoire de France

Ce n’est pas qu’un trait d’humour, c’est aussi l’historien qui parle – en même temps que le prophète en son pays. D’émeutes en insurrections et de révoltes en révolutions, la France avance d’un pas plus chaotique que d’autres pays également réformateurs et démocrates.

Cela dit, malgré son amour de l’humanité et son combat pour la liberté, Voltaire se méfie de la « populace » et l’exprime clairement : « Il me paraît nécessaire qu’il y ait des gueux ignorants. Ce n’est pas le manœuvre qu’il faut instruire, c’est le bon bourgeois, c’est l’habitant des villes » (Lettre à M. Damilaville, 1er avril 1766). De même, dans son Dictionnaire philosophique portatif, ou la raison par l’alphabet : « Distingue toujours les honnêtes gens qui pensent, de la populace qui n’est point faite pour penser. »

Tout le contraire de ce que dira Hugo au siècle suivant, d’où cette admiration nuancée pour son illustre confrère : « Voltaire alors régnait, ce singe de génie / Chez l’homme en mission par le diable envoyé. »

« Le peuple ressemble à des bœufs, à qui il faut un aiguillon, un joug, et du foin. »1028

VOLTAIRE (1694-1778), Correspondance, 17 avril 1765

C’est tout, sauf de la langue de bois. Même les droites extrêmes s’expriment autrement et même les bourgeois les plus réactionnaires.

Courtisé en tous temps par les démagogues et redouté par les dirigeants, divinisé par la Révolution, le peuple est volontiers assimilé à la populace et ouvertement méprisé par Voltaire le mondain. De tous les philosophes du siècle des Lumières, il n’est pas le plus aristocratique - comparé à Montesquieu, authentique seigneur féodal de la Brède. Mais c’est assurément le moins « peuple », s’opposant en cela à Rousseau.

Dans la même veine, même source épistolaire, lettre du 19 mars 1766 : « Il est à propos que le peuple soit guidé et non pas instruit ; il n’est pas digne de l’être. » Il faut bien situer cette affirmation dans l’Ancien Régime, on peut plaider l’anachronisme. Et pourtant… On lit dans le Journal de Jules Renard (27 mars 1908) : « Le peuple est bête, pue et crache partout. » Combien de bourgeois pensaient de même en ce temps ? Question sans réponse.

« Oh ! le bon temps que ce siècle de fer ! »1019

VOLTAIRE (1694-1778), Le Mondain (1736). Satires

Autre cri du cœur !

Contre Fénelon et bientôt Rousseau, en cousin de l’heureux Montesquieu et du fou de vie qu’est Diderot, Voltaire dit son bonheur de vivre à son époque : « Le paradis terrestre est où je suis. » Mais il le dit ici en épicurien et provocateur, saluant « le superflu, chose très nécessaire… tant décrié par nos tristes frondeurs : / Ce temps profane est tout fait pour mes mœurs. » Question de caractère : Voltaire est une heureuse nature.

Question de classe aussi : Voltaire est un privilégié. Fier de l’être, fier de sa réussite exceptionnelle, fier d’incarner idéalement ce siècle des Lumières, aux yeux du monde et de l’histoire.

« J’ai reçu, Monsieur, votre nouveau livre contre le genre humain […] On n’a jamais employé tant d’esprit à vouloir nous rendre bêtes. Il prend envie de marcher à quatre pattes, quand on lit votre ouvrage. »1138

VOLTAIRE (1694-1778), Lettre à Jean-Jacques Rousseau, 30 août 1755, Correspondance (posthume)

RousseauCe trait vise le Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes, point de départ de la philosophie politique de Rousseau annonçant le fameux Contrat social. Cet humour ravageur attire beaucoup d’ennemis à l’auteur. Dont le pauvre Jean-Jacques, pas vraiment armé pour lutter sur ce terrain. Incompatibilité d’esprit entre les deux personnages qui s’opposent en tout, à la vie, à la mort.

Rousseau écrit à son ami M. Moulton : « Je le haïrais davantage, si je le méprisais moins. » La Révolution va les réunir au Panthéon. En attendant, une épigramme circule à la mort de Voltaire en juin 1778, vers anonymes, attribués à Rousseau : « Plus bel esprit que grand génie, / Sans loi, sans mœurs et sans vertu, / Il est mort comme il a vécu, / Couvert de gloire et d’infamie. »

En d’autres mots, le personnage a pu choquer ses contemporains et prendre un malin plaisir à provoquer même la postérité. Nous y reviendrons, citations à l’appui.

Siècle des Lumières

 

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