Heurs et (petits) malheurs d’une longue vie et d’une belle carrière. Libertin, mais sans excès, courtisan, mais pas servile, intéressé par l’argent et les honneurs, mais payant de son temps et de sa personne s’il le faut, travailleur passionné, mais jamais égaré par ses passions, privilégié conscient de ses privilèges, gardant son humour et sa lucidité en toute circonstance, suprêmement intelligent et complexe, Voltaire suscite autant d’admiration que de haine, entre fascination et jalousie. Rousseau est son meilleur ennemi, dans un duo-duel qui dure encore.
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« Oh ! le bon temps que ce siècle de fer ! »1019
« Voici le temps de l’aimable Régence,
Temps fortuné marqué par la licence. »1069VOLTAIRE (1694-1778), La Pucelle, chant XIII (posthume, 1859). 1715. La France respire, après la fin de règne sinistre de Louis XIV.
« Me voici donc en ce lieu de détresse,
Embastillé, logé fort à l’étroit,
Ne dormant point, buvant chaud,
Mangeant froid. »1071VOLTAIRE (1694-1778), La Bastille (1717), Poésies diverses. Frondeur récidiviste, il sera bientôt exilé trois ans en Angleterre.
« Monseigneur, je trouverais très doux que Sa Majesté daignât se charger de ma nourriture, mais je supplie Votre Altesse de ne plus s’occuper de mon logement. »1072
VOLTAIRE (1694-1778), au Régent qui vient de le libérer, 1718. François-Marie Arouet, 24 ans, prend alors le nom de Voltaire.
« Mon nom, je le commence, et vous finissez le vôtre. »1096
VOLTAIRE (1694-1778), au chevalier de Rohan-Chabot affichant son mépris pour un bourgeois « qui n’a même pas un nom. », janvier 1726.
« Je vois bien qu’on a pressé l’orange, il faut penser à sauver l’écorce. »1133
VOLTAIRE (1694-1778), Lettre à Mme Denis, 18 décembre 1752. Allusion spirituelle au mot de son hôte Frédéric II de Prusse : « J’aurai besoin de lui encore un an, tout au plus ; on presse l’orange et on jette l’écorce »
« J’ai reçu, Monsieur, votre nouveau livre contre le genre humain […] On n’a jamais employé tant d’esprit à vouloir nous rendre bêtes. Il prend envie de marcher à quatre pattes, quand on lit votre ouvrage. »1138
VOLTAIRE (1694-1778), Lettre à Rousseau, 30 août 1755, visant le Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes et blessant « à mort » l’orgueil de cet écorché vif.
« Je suis flexible comme une anguille et vif comme un lézard et travaillant toujours comme un écureuil. »1014
VOLTAIRE (1694-1778), Lettre à d’Argental, 22 octobre 1759. Sexagénaire et épistolier infatigable (20 000 lettres), quoique souvent malade (plus ou moins imaginaire, dit-on).
« Quelle foule pour vous acclamer !
— Hélas, elle serait aussi nombreuse pour assister à mon supplice. »1228VOLTAIRE (1694-1778), 30 mars 1778. Fêté à l’Académie, statufié à la Comédie-Française (avec son buste sur la scène), ovationné pour sa dernière tragédie (Irène), sensible à cette gloire, mais pas tout à fait dupe.
« Je meurs en adorant Dieu, en aimant mes amis, en ne haïssant pas mes ennemis, en détestant la superstition. »1229
VOLTAIRE (1694-1778), profession de foi manuscrite, 18 février 1778. « Mot de la fin » écrit de sa plume. Il meurt le 30 mai.
« Plus bel esprit que grand génie,
Sans loi, sans mœurs et sans vertu,
Il est mort comme il a vécu,
Couvert de gloire et d’infamie. »1230Épigramme anonyme, juin 1778, attribuée à ROUSSEAU (1712-1778), à la mort de Voltaire.
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