Dieu a un sacré rôle, dans cette histoire de rois de droit divin, dans une France chrétienne et surtout catholique. Henri IV, roi de Navarre né protestant au temps des guerres de Religion, n’a pas la foi chevillée au cœur et veut la paix à tout prix (d’où l’édit de Nantes, 1598). Très pieux, Louis XIV fait de sa religion un instrument politique (et révoque malencontreusement l’édit).
À feuilleter pour tout savoir.
« Le Diable est déchaîné. Je suis à plaindre et c’est merveille que je ne succombe pas sous le faix. Si je n’étais huguenot, je me ferais Turc ! »560
(1553-1610), Lettre à Diane d’Andouins, dite la Belle Corisande, 8 mars 1588
Henri IV en Gascogne (1553-1589), Charles Henry Joseph de Batz-Trenquelléon.
Le roi de Navarre (futur Henri IV) se plaint à sa maîtresse de cette guerre de Religion dont il ne voit pas la fin et qu’elle finance d’ailleurs par amour pour lui. Encore protestant (huguenot), il badine avec le diable comme avec Dieu.
« J’appelle avec moi tous ceux qui auront ce saint désir de paix. Je vous conjure tous, je vous appelle comme Français. Je vous somme que vous ayez pitié de cet État. »571
HENRI III DE NAVARRE (1553-1610), 4 mars 1589
Nouvel allié du roi Henri III, il en appelle à l’union des Français contre la Ligue (ultra catholique). En pleine tourmente religieuse et politique, il se montre déjà tel qu’il sera, devenu roi. Sa longue et superbe adjuration ne sera pas entendue. Seule la force peut dénouer une telle situation.
« Si j’avais deux vies, j’en donnerais volontiers une pour satisfaire Sa Sainteté. N’en ayant qu’une, je dois la garder pour son service et l’intérêt de mes sujets. »610
HENRI IV (1553-1610), au pape Paul V
Sans convictions religieuses marquées, il fait passer avant tout la pacification du royaume et la restauration de l’autorité royale. Mais les papes en verront et entendront bien d’autres, de la part de nos souverains.
« La couronne vaut bien une messe. »623
Mot sans doute apocryphe d’HENRI IV, mais écrit par le duc de sully (1560-1641), en 1593
Cela résume bien la situation de fait et l’état d’esprit du roi, à la veille de sa conversion. Sully, quant à lui, restera protestant. La religion d’un ministre des Finances n’a pas la même importance que celle du roi de France.
« Ce sera dimanche que je ferai le saut périlleux. »625
HENRI IV (1553-1610), Lettre à Gabrielle d’Estrées, juillet 1593
Le Vert Galant écrit souvent pour lui parler d’amour, galamment et gaillardement. Il évoque ici sa proche conversion. 25 juillet 1593 : les Parisiens se pressent à Saint-Denis, pour l’abjuration royale. Sacré à Chartres, Henri IV devient Roi Très Chrétien en février 1594.
« Je veux que ceux de la religion vivent en paix en mon royaume. Il est temps que nous tous, saouls de guerre, devenions sages à nos dépens. »639
HENRI IV (1553-1610), résumant la philosophie de l’édit de pacification de Nantes, signé le 13 avril 1598
Clauses religieuses, politiques, territoriales et militaires. Cet acte de tolérance, unique dans l’Europe de l’époque, met fin à 38 années de guerres de Religion en France. Mais il favorise l’existence d’un « État dans l’État ».
« Celui qui a donné des rois aux hommes a voulu qu’on les respectât comme ses lieutenants, se réservant à lui seul le droit d’examiner leur conduite. Sa volonté est que quiconque est né sujet obéisse sans discernement. »809
LOUIS XIV (1638-1715), Mémoires pour l’instruction du Dauphin (1662)
La monarchie est de droit divin et le roi n’est comptable que devant Dieu. Aussi longtemps que dure ce postulat, rien ne peut être remis en question. Viendra ensuite le siècle des Lumières et des philosophes prérévolutionnaires.
« Ne vous laissez pas gouverner, soyez le maître. N’ayez jamais de favori, ni de Premier ministre. Écoutez, consultez votre Conseil, mais décidez. Dieu qui vous a fait roi vous donnera toutes les lumières qui vous sont nécessaires, tant que vous aurez de bonnes intentions. »1119
LOUIS XIV (1710-1774), Lettre écrite en 1714 à l’intention de Louis XV
Bien que très pieux et respectueux de ses ancêtres, Louis XV échouera dans le métier de roi : complexité croissante de cette monarchie centralisée à l’extrême, incohérences des conflits européens et divorce croissant entre le roi et son peuple.
« Dieu a donc oublié tout ce que j’ai fait pour lui ? »936
LOUIS XIV (1638-1715), apprenant l’hécatombe à la bataille de Malplaquet, 30 000 morts, septembre 1709
Malplaquet n’est qu’une semi-défaite et les Français peuvent se replier en bon ordre. Mais la fin de règne a un goût amer.
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