Voltaire juge les institutions, la politique et la société de son temps. Paroles d’un témoin lucide, ironique et naturellement philosophe à tous les sens du terme, précieux pour l’Histoire en citations qui a un faible (coupable ET raisonnable) pour ce « singe de génie / Chez l’homme en mission par le diable envoyé » (Hugo).
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« Les rois sont avec leurs ministres comme les cocus avec leurs femmes : ils ne savent jamais ce qui se passe. »952
« Les ministres passent en revue comme dans une lanterne magique. Par ma foi, notre siècle est un pauvre siècle, après le siècle de Louis XIV. »1154
VOLTAIRE (1694-1778), Lettre à Mme du Deffand, novembre 1758, Correspondance (posthume)
« En France est marquis qui veut ; et quiconque arrive à Paris du fond d’une province avec de l’argent à dépenser, et un nom en ac ou en ille, peut dire : « Un homme comme moi, un homme de ma qualité », et mépriser souverainement un négociant. »961
VOLTAIRE (1694-1778), Lettres philosophiques ou Lettres anglaises, Sur le commerce (1734). On croirait lire les Lettres persanes de Montesquieu, premier philosophe des Lumières.
« Je ne sais pourtant lequel est le plus utile à un État, ou un seigneur bien poudré qui sait précisément à quelle heure le Roi se lève, à quelle heure il se couche et qui se donne des airs de grandeur en jouant le rôle d’esclave dans l’antichambre d’un ministre, ou un négociant qui enrichit son pays, donne de son cabinet des ordres à Surate et au Caire, et contribue au bonheur du monde. »1105
VOLTAIRE (1694-1778), Lettres philosophiques ou Lettres anglaises (1734)
« Toutes ces maîtrises et toutes ces jurandes n’ont été inventées que pour tirer de l’argent des pauvres ouvriers, pour enrichir les traitants et pour écraser la nation. »969
VOLTAIRE (1694-1778) stigmatisant les corporations en 1776, Correspondance (posthume). La critique se fait plus dure - on pense à Rousseau.
« La jurisprudence d’Espagne est précisément comme celle de France : on change de lois en changeant de chevaux de poste, et on perd à Séville le procès qu’on aurait gagné à Saragosse. »970
VOLTAIRE (1694-1778), Lettre à M. Servan, avocat général de Grenoble, 13 janvier 1768. Montaigne écrivait de même, fond et forme. En cela, l’Ancien Régime ne change guère.
« Nos Français sont en pleine paix, et nous n’avons pas le sou. »1191
VOLTAIRE (1694-1778), Lettre à Catherine II, 14 janvier 1772, Correspondance (posthume)
« Vous savez que ces deux nations sont en guerre pour quelques arpents de neige vers le Canada, et qu’elles dépensent pour cette belle guerre beaucoup plus que tout le Canada ne vaut. »1155
VOLTAIRE (1694-1778), Candide (1759). Il traite bien légèrement le problème, enjeu de la rivalité entre les deux puissances coloniales du siècle, la France et l’Angleterre.
« Je vous avoue que je n’aime pas les remontrances dans ce temps-ci, et que je trouve très impertinent, très lâche et très absurde qu’on veuille empêcher le gouvernement de se défendre contre les Anglais. »1159
VOLTAIRE (1694-1778), Lettre à Mme du Deffand, 6 août 1760, Correspondance (posthume). Son pacifisme a des limites et l’attitude du Parlement aboutira à la Révolution - entre autres causes.
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