Bonaparte : « C'était un fou, votre Rousseau ; c'est lui qui nous a menés où nous sommes. » | L’Histoire en citations
Bonaparte : « C'était un fou, votre Rousseau ; c'est lui qui nous a menés où nous sommes. »
Citation du jour

citations napoléonIntellectuels suspects et opposants supposés, deux sujets de crainte qui tournent à l’obsession et jettent une ombre sur l’Empire.

Feuilletez notre Chronique sur le Directoire, le Consulat et l’Empire pour tout savoir.

« C’était un fou, votre Rousseau ; c’est lui qui nous a menés où nous sommes. »1712

Napoléon BONAPARTE (1769-1821), à Stanislas Girardin, lors d’une visite à Ermenonville, dans la chambre où mourut le philosophe, 28 août 1800

Œuvres du comte P. L. Roederer (1854).

Il n’y a pas une phrase du Contrat social « tolérable » pour Bonaparte Premier Consul, et moins encore Napoléon Empereur. Aucun philosophe des Lumières ne peut être pris pour maître à penser ou à gouverner d’un homme aussi autoritaire. Il l’a d’ailleurs écrit dans ses Maximes et pensées : « On ne fait rien d’un philosophe. »

« L’arrivée de cette femme, comme celle d’un oiseau de mauvais augure, a toujours été le signal de quelque trouble. Mon intention n’est pas qu’elle reste en France. »1738

Napoléon BONAPARTE (1769-1821), au Grand Juge Régnier (ministre de la Justice). Histoire de la France et des Français (1972), André Castelot, Alain Decaux

Il vient d’apprendre le retour de Mme de Staël près de Beaumont-sur-Oise, le 3 octobre 1803. Il lui donne cinq jours pour partir, sinon, il la fera reconduire à la frontière par la gendarmerie. Mais cette femme de tête et de cœur s’obstine.

« J’écris au ministre de la Police d’en finir avec cette folle de Mme de Staël, et de ne pas souffrir qu’elle sorte de Genève, à moins qu’elle ne veuille aller à l’étranger faire des libelles. »1822

NAPOLÉON Ier (1769-1821), à Regnault de Saint-Jean-d’Angély, procureur général de la Haute Cour, 20 avril 1807

Napoléon est de plus en plus irrité par cette femme qui le hait d’autant plus qu’elle voulut se faire aimer de lui, jadis : les deux plus grands génies du siècle, lui l’homme et elle la femme, n’étaient-ils pas faits pour cela, pensait-elle ! Ce n’était certainement pas le genre de maîtresse qu’il recherchait.

« Tout le monde en France est corrigé ; un seul ne l’est pas, c’est La Fayette ! Il n’a jamais reculé d’une ligne. Vous le voyez tranquille ; eh bien ! je vous dis, moi, qu’il est tout prêt à recommencer. »1860

NAPOLÉON Ier (1769-1821). Les Dernières Années de La Fayette, 1792-1834 (1894), Agénor Bardoux

Napoléon, dans sa mégalomanie qui s’aggrave avec l’âge, ne peut supporter la moindre opposition, ni même réserve. Au début de l’année 1812, il doit constater qu’il n’a pas réussi à s’attacher La Fayette par les divers « hochets » qui font habituellement céder les hommes : Légion d’honneur, fauteuil de sénateur, poste d’ambassadeur.

« Il faut avant tout arriver à l’unité, et qu’une génération tout entière puisse être jetée dans le même moule. »1757

NAPOLÉON Ier (1769-1821) au comte Louis-Mathieu MOLÉ

L’instruction publique est un moyen de « diriger les opinions publiques et morales » et pour Napoléon, « tout en dépend, le présent et l’avenir ». Les premiers lycées sont fondés en 1802. La mission assignée à l’Université en 1808 sera également de « former dans le même moule une jeunesse bourgeoise dévouée à l’État ».

« Il n’y aura pas d’État politique fixe s’il n’y a pas un corps enseignant avec des principes fixes. Tant qu’on n’apprendra pas, dès l’enfance, s’il faut être républicain ou monarchique, catholique ou irréligieux, l’État ne formera point une nation. »1813

NAPOLÉON Ier (1769-1821), 10 mai 1806. Revue politique et littéraire : revue bleue, volume II (1889)

En vertu de quoi « il sera formé sous le nom d’Université impériale un corps chargé exclusivement de l’enseignement et de l’éducation publics dans tout l’Empire. » L’Université de France, créée en 1807, est organisée par décret du 25 novembre 1811, sous l’autorité du grand maître Louis de Fontanes. L’empereur prétend aussi asservir à sa loi philosophes et écrivains, et c’est un tout autre problème.

« Ce qui paraît est misérable ! cela dégoûte. »1758

NAPOLÉON Ier (1769-1821). Journal : notes intimes et politiques d’un familier des Tuileries (posthume, 1909), Pierre-Louis Roederer

L’empereur a souvent ce mot, comme déjà le Premier Consul, déçu par la production littéraire de son temps. Il veut trop diriger la pensée des créateurs et des intellectuels. La plupart d’entre eux sont dociles et les « best-sellers » d’une époque où les amateurs de romans et de poèmes abondent sont aujourd’hui illisibles. Seuls grands talents, des opposants au régime : Chateaubriand, Mme de Staël. Paradoxalement, le personnage de Napoléon Bonaparte inspirera des chefs-d’œuvre de la littérature française et mondiale.

Même pauvreté dans le domaine théâtral. Le mélo fait fureur sur les boulevards. Napoléon le méprise et n’aime que la tragédie (à la Comédie-Française), mais nul auteur ne peut rivaliser avec les dramaturges du siècle de Louis XIV - autocrate plus heureux dans son mécénat ! Il a quand même trouvé son acteur, Talma. Napoléon a plus de chance dans le domaine des beaux-arts : David, peintre officiel, d’ailleurs issu de la Révolution, reste magnifiquement inspiré dans le parcours imposé par le nouveau maître de la France : voir Le Sacre, chef-d’œuvre de l’école néoclassique.

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