Jean d'Aubigné : « Ils ont décapité la France, les bourreaux ! » | L’Histoire en citations
Citation du jour

renaissance citationsGuerres de Religion. 38 années, huit guerres fratricides. Personnalisation récurrente de la France, devenue femme souffrante, héroïne martyrisée, vue par les poètes toujours patriotes.

Les commentaires sont allégés, les coupes signalées (…) Retrouvez l’intégralité dans nos Chroniques de l’Histoire en citations.

« Ils ont décapité la France, les bourreaux ! »495

Jean d’AUBIGNÉ (??-1563), à son fils, devant le château d’Amboise, mars 1560. La Vie d’un héros, Agrippa d’Aubigné (1913), Samuel Rocheblave

Enfant de 8 ans, Agrippa d’Aubigné sera marqué à vie par la vue des conjurés protestants pendus sur la terrasse du château. C’est l’épilogue de la conjuration d’Amboise. Les chefs protestants (Condé, Coligny, Henri de Bourbon) voulaient exprimer leurs doléances et d’abord soustraire le jeune roi François II à l’influence de ses oncles, le duc de Guise et le cardinal de Lorraine, catholiques responsables de la répression religieuse. Mais ils refusent la violence et l’enlèvement est organisé par d’autres gentilshommes, dont Jean d’Aubigné. Le complot échoue et le « tumulte » d’Amboise est noyé dans le sang (…) Le père d’Aubigné demande à son fils de « venger ces chefs pleins d’honneur » au péril de sa vie : ce qu’il fera, la plume et l’épée à la main, soldat, poète et mystique, parfaite incarnation des excès et des vertus de son époque.

« Mais ces nouveaux Chrétiens qui la France ont pillée,
Volée, assassinée, à force dépouillée,
Et de cent mille coups tout l’estomac battu,
Comme si brigandage était une vertu,
Vivent sans châtiment, et à les ouïr dire,
C’est Dieu qui les conduit, et ne s’en font que rire. »506

Pierre de RONSARD (1524-1585), Continuation du discours des misères de ce temps (1562)

Ardent catholique, il s’en prend dans ce nouveau Discours aux protestants, rebelles au pouvoir royal et selon lui responsables des troubles. Il pleure sur la France comme sur une « pauvre femme atteinte de la mort » qui lui apparaît en image. Il l’apostrophe : « Ô princesse, / Qui presque de l’Europe as été la maîtresse, / Mère de tant de rois, conte-moi ton malheur, / Et dis-moi je te prie, d’où te vient ta douleur ». Il la décrit, si misérable : « Son sceptre lui pendait, et sa robe semée / De fleurs de lis était en cent lieux entamée ; / Son poil était hideux, son œil hâve et profond, / Et nulle majesté ne lui haussait le front. »

Le poète est ici prophète des malheurs de son pays. De 1562 jusqu’à l’abjuration d’Henri IV (en 1593), la littérature aristocratique aussi bien que populaire ne cessera de s’attendrir sur la France et son destin.

« France et vous valent mieux que Pologne. »540

HENRI III (1551-1589), Lettre à Catherine de Médicis, 22 juin 1574. Henri III, roi de France et de Pologne (1988), Georges Bordonove

Élu roi de Pologne en 1573 grâce aux intrigues maternelles, il rentre avec joie au pays natal, auprès de cette mère dont il est sans conteste le fils préféré. Elle a mis tous ses espoirs en lui, le faisant siéger aux États généraux à 7 ans aux côtés de son frère Charles IX qui en était jaloux, et le faisant nommer lieutenant général du royaume à 16 ans, au lieu du prince Louis de Condé (qui rompit avec la cour).

« Je veux peindre la France une mère affligée,
Qui est, entre ses bras, de deux enfants chargée. »545

Agrippa d’AUBIGNÉ (1552-1630), Les Tragiques (1616)

Témoin à 8 ans des horreurs de la guerre civile qui commence à déchirer le pays et jurant à son père calviniste de venger les pendus d’Amboise en 1560, il mourra à 78 ans, sous le règne de Louis XIII. Combattant aussi farouche l’épée ou la plume à la main, il entreprend cette épopée de la foi en 1577 – long poème de sept livres, publié en 1616, quand le fond et la forme en apparaîtront totalement anachroniques. Cri de haine contre les catholiques, hymne à la gloire des protestants, chant d’amour à la France incarnée en femme. Cette année 1577, la France vit sa sixième guerre de Religion. Parti catholique et parti protestant se sont également renforcés, structurés, au point que nul ne peut vraiment l’emporter (…)

Vous avez aimé ces citations commentées ?

Vous allez adorer notre Histoire en citations, de la Gaule à nos jours, en numérique ou en papier.

L'Histoire en citations -

L'Histoire en citations -

L'Histoire en citations -

L'Histoire en citations -

L'Histoire en citations -

L'Histoire en citations -

L'Histoire en citations -

L'Histoire en citations -

L'Histoire en citations -

L'Histoire en citations -

Partager cet article

L'Histoire en citations - Gaule et Moyen Âge

L'Histoire en citations - Renaissance et guerres de Religion, Naissance de la monarchie absolue

L'Histoire en citations - Siècle de Louis XIV

L'Histoire en citations - Siècle des Lumières

L'Histoire en citations - Révolution

L'Histoire en citations - Directoire, Consulat et Empire

L'Histoire en citations - Restauration, Monarchie de Juillet, Deuxième République

L'Histoire en citations - Second Empire et Troisième République

L'Histoire en citations - Seconde Guerre mondiale et Quatrième République

L'Histoire en citations - Cinquième République

L'Histoire en citations - Dictionnaire