Histoire de l’éducation en citations, 3e jour. La Révolution, par la voix de Danton, lance un superbe principe, mais manque de temps pour passer à l’application. En cinq ans et une Chronique, l’Histoire en citations galope comme jamais avant ni après.
Le Napoléon du Consulat et de l’Empire a un peu plus de temps et des idées extrêmement arrêtées sur l’éducation - qui doit être « naturellement » autoritaire, à l’image du pouvoir et au service de l’État.
« Après le pain, l’éducation est le premier besoin d’un peuple. »1515
(1759-1794), Discours sur l’Éducation, 13 août 1793
Discours civiques de Danton.
Ces mots quasi hugoliens s’appliquent parfaitement à l’article 22 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, préface à la Constitution adoptée par la Convention, le 24 juin : « L’instruction est le besoin de tous. La société doit favoriser de tout son pouvoir le progrès de la raison publique et mettre l’instruction à la portée de tous les citoyens. » Ce sera l’œuvre de la Troisième République, un siècle plus tard.
Toutes les citations qui suivent
sont commentées dans nos Chroniques.
« Chez un grand peuple dont les institutions sont fixes, l’éducation nationale doit être en harmonie avec les institutions. »1700
Lucien BONAPARTE, Rapport du 22 mars 1800
Ministre de l’Intérieur, le frère de Napoléon critique « l’instruction à peu près nulle en France. » Un projet de réforme sera étudié par Chaptal et Fourcroy. Mais l’Empereur veille à tout, des principes aux moindres détails.
« Il n’y aura pas d’État politique fixe s’il n’y a pas un corps enseignant avec des principes fixes. Tant qu’on n’apprendra pas, dès l’enfance, s’il faut être républicain ou monarchique, catholique ou irréligieux, l’État ne formera point une nation. »1813
NAPOLÉON Ier, 10 mai 1806
En vertu de quoi « il sera formé sous le nom d’Université impériale un corps chargé exclusivement de l’enseignement et de l’éducation publics dans tout l’Empire. » L’Université de France, créée en 1807, sera organisée par décret du 25 novembre 1811.
« Il faut avant tout arriver à l’unité, et qu’une génération tout entière puisse être jetée dans le même moule. »1757
NAPOLÉON Ier au comte Louis-Mathieu MOLÉ. Histoire générale de l’enseignement et de l’éducation en France (1981), François Mayeur
L’instruction publique est un moyen de « diriger les opinions publiques et morales » et pour Napoléon, « tout en dépend, le présent et l’avenir ». Les premiers lycées sont fondés en 1802. Même mission clairement assignée à l’Université en 1808 : « former dans le même moule une jeunesse bourgeoise dévouée à l’État ».
« Toute l’éducation publique a pris un caractère militaire. »1858
Mme de STAËL, Dix années d’exil (posthume)
Napoléon a surtout veillé sur le secondaire - il aurait même voulu imposer le célibat aux professeurs ! Études menées au son du tambour, de 5 heures 30 du matin à 8 heures 45 du soir (exemple du lycée de Limoges).
« Nos maîtres ressemblaient à des hérauts d’armes, nos salles d’études à des casernes, nos récréations à des manœuvres et nos examens à des revues. »1859
Alfred de VIGNY, Servitude et grandeur militaires (1835)
Témoignage d’un ancien élève du lycée Bonaparte (aujourd’hui Condorcet), âgé de 14 ans en 1811, né d’une famille aristocratique et de tradition militaire, se préparant (sans vocation) à Polytechnique. Vigny quittera l’armée pour devenir poète… Et toute sa génération romantique aura la nostalgie de l’Empire !
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