Blum : « Il y eut quelque chose d'effréné, une fièvre de dépense, de jouissance... » | L’Histoire en citations
Blum : « Il y eut quelque chose d'effréné, une fièvre de dépense, de jouissance... »
Citation du jour

Second Empire citationsLes « Années Folles » coexistent avec tous les problèmes d’un après-guerre fatal à Clemenceau. Le Bloc national (des droites et du centre) gouverne tant bien que mal et la France se reconstruit, mais la guerre des idéologies (re)commence : le communisme fascine les intellectuels de gauche, le socialisme survit, l’extrême-droite se renforce - antisémitisme et nationalisme associés. Dans les « ismes » militants, le féminisme donne de la voix. Enfin, le pacte Briand-Kellog (1928) met la guerre hors la loi.

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« Il y eut quelque chose d’effréné, une fièvre de dépense, de jouissance et d’entreprise, une intolérance de toute règle, un besoin de nouveauté allant jusqu’à l’aberration, un besoin de liberté allant jusqu’à la dépravation. »2631

Léon BLUM (1872-1950), À l’échelle humaine (1945)

Socialiste témoin de son temps, il évoque le bouleversement moral qui suit la Première Guerre mondiale durant dix ans. Le jazz entre en scène. Le tango chavire les corps. Le charleston fait rage. Les dancings font fortune. Les artistes se doivent d’être anarchistes, dadaïstes, bientôt surréalistes. Les femmes ont l’air de garçons. « C’est bien parce que c’est mal ; c’est mal parce que c’est bien. » C’est le début des « Années folles ».

« Il est plus facile de faire la guerre que la paix. »2633

Georges CLEMENCEAU (1841-1929), Discours de Verdun, 14 juillet 1919

Le Père la Victoire est devenu le « Perd la Victoire », piètre négociateur au traité de Versailles, signé le 28 juin. Ses mots sont prophétiques d’une autre réalité pour les vingt ans à venir : « L’Allemagne, vaincue, humiliée, désarmée, amputée, condamnée à payer à la France pendant une génération au moins le tribut des réparations, semblait avoir tout perdu. Elle gardait l’essentiel, la puissance politique, génératrice de toutes les autres » (Pierre Gaxotte, Histoire des Français).

« Pendant que vous irez courir l’aventure, il faut que quelqu’un reste garder la vieille maison. »2638

Léon BLUM (1872-1950), au Congrès de Tours (25-31 décembre 1920)

Le Parti socialiste (dit SFIO, Section française de l’Internationale ouvrière) fait scission. Une forte majorité veut adhérer à la IIIe Internationale, fondée par Lénine au Congrès de Moscou (1919). Le bolchevisme a triomphé en Russie et paraît aux militants la seule issue possible, après les élections qui ont porté au pouvoir en France le Bloc national, donc la droite.   

« Je suis communiste parce que cela me dispense de réfléchir. »2643

Frédéric JOLIOT-CURIE (1900-1958). La Politique en citations : de Babylone à Michel Serres (2006), Sylvère Christophe

Position radicale (et radicalement différente d’Anatole France ou Romain Rolland). Ce grand scientifique (prix Nobel de chimie avec sa femme, en 1935) sera membre actif du Parti communiste, à partir de 1942.

« Comme dans toutes les grandes crises de l’histoire, les âmes tourmentées étaient à la recherche d’une mystique : elles venaient de la trouver. Moscou représentait pour elles désormais “le maximum de religion”. »2626

Ludovic-Oscar FROSSARD (1889-1946), De Jaurès à Lénine. Notes et souvenirs d’un militant (1931)

Premier secrétaire général du Parti communiste français, il évoque le désarroi des militants ouvriers, après la défaite du parti socialiste aux élections de novembre 1919 et l’échec de l’action syndicale de la CGT en 1920. « Les masses ouvrières se tournèrent vers Moscou comme vers la ville sainte du socialisme. » Drames et désillusions viendront après.

« Oui ou non, l’institution d’une monarchie traditionnelle, héréditaire, antiparlementaire et décentralisée n’est-elle pas de salut public ? »2645

Charles MAURRAS (1868-1952), Enquête sur la monarchie, Discours préliminaire (1924)

La République a trouvé grâce à ses yeux, après la victoire. Mais l’extrême-droite reprend le combat contre la démocratie, synonyme de « mort politique ». On chante quand on manifeste : « À bas la Marianne, la fille à Bismarck, La France est à nous, la France de Jeanne d’Arc. »

« Faisons donc la grève, camarades ! la grève des ventres. Plus d’enfants pour le Capitalisme, qui en fait de la chair à travail que l’on exploite, ou de la chair à plaisir que l’on souille ! »2637

Nelly ROUSSEL (1878-1922), La Voix des femmes, 6 mai 1920

Rares sont les féministes aussi extrêmes que cette journaliste marxiste, militante antinataliste, en cette « Journée des mères de familles nombreuses ». Le féminisme se situe logiquement à gauche dans l’histoire.

« Nous sommes les soldats du franc et nous nous ferons tuer dans la tranchée pour le franc. »2651

Stéphane Adolphe DERVILLÉ (1848-1925), président du Conseil de régence de la Banque de France, novembre 1925

Belle déclaration, après l’exposé du ministre du Budget. Mais la gauche radicale redoute les aventures financières. Le gouvernement tombe – c’est une habitude. Le franc est véritablement en danger – c’est plus grave, du fait de l’inflation.

« La réconciliation des enfants au chevet de la mère malade. »2652

Édouard HERRIOT (1872-1957), parlant avec ironie du nouveau gouvernement Poincaré, 23 juillet 1926

L’agriculture et l’industrie se sont redressées, mais l’inflation a eu raison du Cartel des gauches : « Il faut croire que les difficultés financières étaient en partie artificielles et politiques. Dès que le ministère Poincaré est constitué, tout péril immédiat disparaît comme par enchantement. » Il fait ici l’éloge de la confiance et reconnaît l’hégémonie de l’économie.

« Voilà ce qu’est le pacte de Paris. Il met la guerre hors la loi. Il dit aux peuples : la guerre n’est pas licite, c’est un crime. La nation qui attaque une autre nation, la nation qui déclenche ou déclare la guerre, est une criminelle. »2658

Aristide BRIAND (1862-1932), ministre des Affaires étrangères, Chambre des députés, 1er mars 1929

Nobel de la Paix en 1926, lyrique pour présenter à l’Assemblée le pacte Briand-Kellogg du 27 août 1928, qu’il a conçu avec son homologue américain, le secrétaire d’État Frank Billings Kellogg, nobélisé à son tour. Au terme du traité signé à Paris, 15 pays (suivis par 48 autres, dont l’Allemagne, le Japon et l’URSS) condamnent la guerre « comme instrument de la politique nationale ».

Mais nulle sanction n’est prévue en cas d’infraction et Hitler a déjà rédigé Mein Kampf (1924), ne dissimulant rien de l’Ordre nouveau qu’il veut imposer à l’Europe.

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