Bainville : « Ayant dit un nombre prodigieux de sottises, la Révolution en a fait dire encore plus. » | L’Histoire en citations
Chronique du jour

 

Révolution

Épilogue (suite et fin)

Les commentaires sont allégés, les coupes signalées (…) Retrouvez l’intégralité dans nos Chroniques de l’Histoire en citations.

Jugements d’historiens et autres

« Ayant dit un nombre prodigieux de sottises, la Révolution en a fait dire encore plus. »1629

Jacques BAINVILLE (1879-1936), Lectures (recueil d’articles, posthume, 1937)

Parole d’un monarchiste de la IIIe République, historien de droite : vérité incontestable, mais partielle. Que de talents se sont révélés, dans et autour de cette histoire !

« Commémorer la Révolution française est un peu comme célébrer le jour où on a attrapé la scarlatine. »1630

Léon DAUDET (1867-1942). Le Nouvel Observateur (1989), Pierre Chaunu

Journaliste, écrivain et député de droite, collaborateur de Charles Maurras à l’Action française sous la Troisième République, cité par Pierre Chaunu, historien résolument conservateur.

« La Révolution française est le plus puissant pas du genre humain depuis l’avènement du Christ. »1631

Victor HUGO (1802-1885), Les Misérables (1862)

Conscience politique de son siècle, homme de cœur et sensibilité de gauche, il aime d’autant plus la Révolution (et l’Empire) qu’il est déçu par les princes qui gouvernent au XIXe siècle et par les révolutions qui l’agitent.

« Par devant l’Europe, la France, sachez-le, n’aura jamais qu’un seul nom, inexpiable, qui est son vrai nom éternel : la Révolution. »1632

Jules MICHELET (1798-1874), Le Peuple (1846)

Jugement à nuancer : pour cet historien de gauche, la Révolution de 1789 devrait finir en 1790, sur le Champ de Mars, en son point culminant, le jour de la Fête de la Fédération.

« Les Français ont fait, en 1789, le plus grand effort auquel se soit jamais livré aucun peuple afin de couper, pour ainsi dire, en deux, leur destinée et de séparer par un abîme ce qu’ils avaient été jusque-là de ce qu’ils voulaient être désormais. »1633

Alexis de TOCQUEVILLE (1805-1859), L’Ancien Régime et la Révolution (1856)

Avis d’historien, magistrat (Restauration), député et ministre (Deuxième République), inclassable (comparé en cela à Montesquieu), donc équilibré dans ses jugements (…) Sa pensée évolue. Dans cette dernière œuvre, il démontre (…) que Révolution doit être analysée comme l’aboutissement logique de l’Ancien Régime et non comme une rupture d’ordre politique, social et administratif.

« La Révolution française a préparé indirectement l’avènement du prolétariat. Elle a réalisé les deux conditions essentielles du socialisme, la démocratie et le capitalisme. Mais elle a été, en son fond, l’avènement politique de la classe bourgeoise. »1634

Jean JAURÈS (1859-1914), Histoire socialiste, 1789-1900, volume 1, La Constituante (1908)

Avec le même profil de carrière (homme politique et historien), mais socialiste militant et un demi-siècle plus tard, Jaurès rejoint Tocqueville. La Révolution française est la conséquence d’un processus séculaire, la prise de pouvoir politique d’une classe qui avait déjà le pouvoir économique (…)

« La Révolution française est un bloc dont on ne peut rien distraire. »1635

Georges CLEMENCEAU (1841-1929), Discours, Chambre des députés, 29 janvier 1891. Grands moments d’éloquences parlementaire, Assemblée nationale

La phrase peut-être la plus citée (et tronquée), donc la plus mal comprise, hors de son contexte. Homme de gauche, Clemenceau répond à deux députés de droite (Déroulède et le comte de Bernis) et défend la liberté d’expression, à propos de Thermidor, pièce de Sardou dénonçant les excès de la Révolution, d’où scandale à la Comédie-Française et interdiction

« La Révolution n’est pas un bloc. Elle comprend de l’excellent et du détestable. »1636

HERRIOT (1872-1957), Aux sources de la liberté (1939)

Réponse à Clemenceau pour qui « la Révolution française est un bloc dont on ne peut rien distraire ». On peut débattre à l’infini. En fait, tout est dans cette Révolution. Ainsi que l’écrit Cioran : « Il faudrait la raconter comme la geste des qualités mais aussi de tous les défauts des Français. »

« Ne faudrait-il pas dire que la Révolution est un tout […] complexe comme la vie elle-même, où il y a de l’enthousiasmant et de l’inacceptable ? »1637

François MITTERRAND (1916-1996), 15 janvier 1988

Nouvelle variation présidentielle sur le thème, pour nuancer la fameuse phrase de Clemenceau qu’on lui avait reproché de faire sienne, deux mois plus tôt.

« Dans ce qu’on a coutume d’appeler la Révolution française, il y a eu, en réalité, deux révolutions parfaitement distinctes, quoique dirigées toutes les deux contre l’ancien principe d’autorité. L’une s’est opérée au profit de l’individualisme ; elle porte la date de 89. L’autre n’a été qu’essayée tumultueusement au nom de la fraternité ; elle est tombée le 9 Thermidor. »1638

Louis BLANC (1811-1882), Histoire de la Révolution française (1878)

Une façon parmi tant d’autres de nuancer son jugement sur l’événement, mais c’est surtout l’analyse d’un historien de gauche (politiquement très engagé), reprise par nombre d’historiographes.

« Il y a deux moyens sûrs pour ne rien comprendre à la Révolution française, c’est de la maudire ou de la célébrer. »1639

François FURET (1927-1997), La Révolution française (1965), écrit avec Denis Richet

Historien contemporain qui éclaire dans toute sa richesse et sa complexité cette Révolution qui divise toujours les esprits et les cœurs : « Ceux qui la maudissent sont condamnés à rester insensibles à la naissance tumultueuse de la démocratie. Ils seraient pourtant bien en peine de proposer à nos sociétés d’autres principes fondateurs que la liberté et l’égalité. Ceux qui la célèbrent sont incapables d’expliquer ni même d’apercevoir ses tragédies, sauf à les couvrir de l’excuse débile des « circonstances ». Ils restent aveugles à l’ambiguïté constitutive de l’événement qui comporte à la fois des droits de l’homme et la Terreur, la liberté et le despotisme. »

« J’emmerde la Révolution. »1640

Duc de CASTRIES (XXe siècle). L’Express, 24 mars 1989

Réponse à qui lui demandait de prêter son château, pour le tournage en décor naturel de la plus coûteuse des nombreuses productions, en vue de célébrer le fameux « bicentenaire ». Cette commémoration finit par lasser le « grand public » trop sollicité (…)

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